J'en vois pas mal qui ont eu besoin de temps pour apprécier ce nouveau nectar, pour ma part j'ai été aussi tôt conquis.
Le contexte y faisait peut être beaucoup.
J'étais dans la belle famille au fin fond de la Creuse, et à chaque cigarette j'avais les yeux plongés dans l'immensité constellée. Cela ne vous aura pas échappé que les mots qui ressortent le plus de ces nouvelles chansons sont: étoiles, voie lacté, constellations, meteores, étoiles filantes, comètes,...
Les oreilles plongées dans le casque et les yeux dans la voûte céleste, j'avais la sensation que Damien me parlait directement et les chansons prenaient une saveur divine.
Avec l'annonce du projet "Apocalypse", nous étions nombreux à attendre une production noire et contestataire. J'étais peut être le premier dans cette attente, j'aime le Saez qui peint crûment la réalité et écorche les travers humains. Force est de constater que Saez m'a totalement pris à contre pied avec sa nouvelle œuvre.
Comme il a été déjà dit précédemment, à la vue de l'œuvre, le mot Apocalypse est à prendre au sens liturgique du terme:
La révélation.
La littérature biblique apocalyptique fait état d’un présent malheureux où l’on ressent qu’un événement catastrophique est sur le point de se produire. Mais, au lieu d’être présenté comme source d’angoisse, celui-ci est révélateur d’un renouvellement du monde, d’une sorte de régénération. Il est donc souhaitable. Le présent sert alors à anticiper et préparer la venue d’un monde nouveau et meilleur.
C'est ainsi que Saez se présente à nous à travers ses nouvelles chansons. Un Saez lucide et incisif mais un Saez amoureux et optimiste.
Et honnêtement, compte-tenu des temps moroses dans lesquels nous gravitons depuis des années et allant en s'accentuant, c'est une bonne bouffée d'air frais qui fait le plus grand bien !
Il y aurait beaucoup à dire sur ses nouvelles chansons et il faudrait plusieurs jours pour le faire.
Je vais juste parler des 2 premiers morceaux pour l'instant.
Le premier, Arizona Baby, est le décollage pour l'univers cosmique.
Ce morceau me fait beaucoup penser a certaines productions de Hans Zimmer, notamment en lien avec la BO d'Interstellar.
Il y a peut-être une influence selon moi, en tout cas ce premier morceau nous entraine directement dans une ballade rêveuse vers ce qu'il y a plus grand que nous. Et c'est sans doute le fil conducteur de cette nouvelle oeuvre dans laquelle Saez nous dit que la vérité se dérobe devant nos yeux mais se trouve au fond de nous, que rien ne vaut la nature, environnement dans lequel la vie ne laisse pas place aux questions mais simplement à la contemplation.
Et c'est ainsi que Saez nous offre de prendre La Route.
Il a toujours été criant que Saez est un artiste qui peint ses chansons comme il recouvrirait une toile, il manie le micro comme un pinceau.
La particularité de cette chanson, assez inédite il me semble, c'est qu'elle se déroule en 3 volets bien distincts. Comme le serait un triptyque dans l'univers de la peinture.
Dans le 1er volet, c'est le point de vue d'un Saez heureux au milieu des animaux et de la nature avec sa femme. On peut presque imaginer Saez & Ana comme Adam & Eve dans le 1er volet du Jardin des Délices de Jerome Bosch. "La fin du monde on s'en fout !"
Transition cosmique à la interstellar puis 2ème volet.
Dans le 2ème volet, c'est le point de vue de sa femme. C'est la voix d'Ana qui prend alors le dessus, on ne reconnait même plus forcément l'écriture de Saez. Autre point de vue mais au final sens très similaire, les deux âmes sont en osmose.
Transition cosmique à la interstellar puis 3ème volet.
Dans le 3ème volet, magnifique, Saez fait le résumé, la conclusion de l'oeuvre. Cet horizon sera sa tombe.
Une ode à l'amour et à la nature!!!

Les bords de la Seine
Raoul Dufy