Violences policières en manifestation, méthodes d’enquêtes illégales et management par la terreur. Quatre policiers racontent à StreetPress les méthodes du capitaine Cyrille Delcourte. L’un d’eux a alerté l’IGPN.
La vidéo a été tournée le 14 juillet 2021, à l’occasion d’une manifestation contre le pass sanitaire. La caméra de l’agence CLPress suit une charge des Brigades de répression de l’action violente (Brav) au niveau du 91 rue du faubourg Saint-Martin, dans le 10e arrondissement de Paris. Sur la vidéo, l’officier Cyrille Delcourte de la CI 22 croise un manifestant surpris par la charge et lui assène une manchette avant de saisir son bras droit pour lui porter un second coup au visage. Durant les 70 secondes précédant la charge, la victime, à distance des policiers, ne présente aucun signe de dangerosité. Il n’a d’ailleurs pas été interpellé, affirme à StreetPress un agent présent.
Le 1er avril 2022, Cédric Vladimir, délégué national de la fédération professionnelle indépendante de police (FPIP), se présente à l’IGPN pour signaler cette agression mais sa plainte est refusée. Dans le procès-verbal de l’audition que StreetPress a pu consulter, le délégué syndical explique que « les policiers qui [lui] ont dénoncé les faits », étaient présents lors de l’opération, et « l’identifient donc formellement ». Il ajoute dans le PV de l’audition à l’IGPN qu’une « dizaine de policiers de la CSI 93 et de la CI 22 » sont prêts « à engager des poursuites contre le capitaine [Delcourte] » pour dénoncer son « management tyrannique ».
La police des polices n’accepte de prendre qu’une main courante pour « conduite inappropriée de fonctionnaire » et avertit Cédric Vladimir que sa hiérarchie « sera avisée de [sa] démarche ». Une manière de lui passer l’envie de dénoncer ses supérieurs, juge ce dernier. Contactée par StreetPress, la préfecture de police de Paris explique qu’après un signalement sur la plateforme Pharos, l’IGPN a été saisie d’une enquête, ouverte le 15 juillet 2021, et transmise au parquet de Paris. « La dénonciation arrive bien après, ils l’ont depuis longtemps identifié, c’est pour ça, je pense qu’ils n’ont pas pris la plainte », justifie une source policière. Les conclusions des investigations n’ont cependant toujours pas abouti alors même que le capitaine Delcourte a été immédiatement identifié grâce à son indicatif radio.
Ça n’est pas la seule affaire dans laquelle son nom apparaît. Le capitaine Cyrille Delcourte était l’adjoint du chef de service, Patrick Lunel au sein de la tristement célèbre CSI 93. Souvenez-vous : à l’été 2020, cette compagnie est visée par 17 enquêtes judiciaires pour violences, propos racistes, racket de dealers, interpellations illégitimes, faux et usage de faux… Il est aujourd’hui en poste à la CI 22, dans l’Est parisien. Quatre fonctionnaires qui travaillent ou qui ont travaillé sous ses ordres dénoncent son management et ses méthodes illégales.
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