Quoi de mieux que
Le banquier anarchiste pour déambuler au Luxembourg.
Texte de Fernando Peossa de 1922, traduit par Françoise Laye.
Au terme d'un repas, un banquier démontre à son convive que ses engagements en matière d'anarchisme n'ont rien à envier à ceux des poseurs de bombe. Il déploie ainsi les trésors d'une rhétorique insidieuse au service de sa personne et s'installe dans de provocants paradoxes.
Si ce banquier anarchiste nous enchante par son esprit retors, ses raisonnements par l'absurde et une mauvaise foi réjouissante, la véritable dimension du livre est ailleurs : il s'agit d'un pamphlet incendiaire contre la société capitaliste, ses hypocrisies et ses mensonges. Pessoa y dénonce aussi le pouvoir de l'argent, qui mine de l'intérieur le bien le plus précieux de l'homme : la liberté.
"Un régime révolutionnaire, dès lors qu'il existe, et quel que soit le but qu'il vise ou l'idée qui l'inspire, n'est,
matériellement, qu'une chose et une seule : un régime révolutionnaire. Or, un régime révolutionnaire est l'équivalent d'une dictature de guerre ou, en termes plus clairs, d'un régime militaire et despotique, puisqu'il est imposé par une fraction de la société à la société tout entière
[...]
Je ne suis pas très fort en histoire, mais ce que j'en sais confirme ce que je dis, et ne peut que le confirmer. Qu'est-ce qui est sorti des troubles politiques à Rome ? L'Empire romain et son despotisme militaire. Qu'est-ce qui est sorti de la Révolution française ? Napoléon et son despotisme militaire. Et vous verrez ce qui sortira de la Révolution russe... Quelque chose qui va retarder de plusieurs dizaines d'années la naissance de la société libre ... D'ailleurs, que peut-on attendre d'un peuple d'analphabètes et de mystiques ?
"Enfin, nous sortons du sujet... M'avez-vous suivi ?
- Parfaitement."