Il n'y a qu'une seule réalité, une seule chose qui calme la faim et qui se mange comme un honnête morceau de pain : c'est l'amour. Tout le reste n'est que friandises, bonbons fondants, écoeurements.
Jean Anouilh ,Ornifle, p.165
Votre citation de l'instant
Il ne faut point se rassurer en pensant que les barbares sont encore loin de nous ; car, s’il y a des peuples qui se laissent arracher des mains la lumière, il y en a d’autres qui l’étouffent eux-mêmes sous leurs pieds.
Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville
- suffragettes AB
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"Misère ! Maintenant il dit : je sais les choses,
Et va, les yeux fermés et les oreilles closes.
-Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l'Homme est Roi,
L'Homme est Dieu ! Mais l'Amour, voilà la grande Foi!
Oh, si l'homme puisait encore à ta mamelle,
Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle ;
S'il n'avait pas laissé l'immortelle Astarté
Qui jadis, émergeant dans l'immense clarté
Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume,
Montra son nombril rose où vint neiger l'écume,
Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs,
Le rossignol aux bois et l'amour dans les cœurs !"
RIMBAUD : Soleil et chair (Mai 1870)
http://rimbaudexplique.free.fr/poemes/s ... chair.html
Et va, les yeux fermés et les oreilles closes.
-Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l'Homme est Roi,
L'Homme est Dieu ! Mais l'Amour, voilà la grande Foi!
Oh, si l'homme puisait encore à ta mamelle,
Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle ;
S'il n'avait pas laissé l'immortelle Astarté
Qui jadis, émergeant dans l'immense clarté
Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume,
Montra son nombril rose où vint neiger l'écume,
Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs,
Le rossignol aux bois et l'amour dans les cœurs !"
RIMBAUD : Soleil et chair (Mai 1870)
http://rimbaudexplique.free.fr/poemes/s ... chair.html
Pour E.L
Etienne de la Béotie
De la servitude volontaire
Etienne de la Béotie
De la servitude volontaire
Mais, ô grand Dieu, qu’est donc cela ? Comment appellerons-nous ce malheur ? Quel est ce vice, ce vice horrible, de voir un nombre infini d’hommes, non seulement obéir, mais servir, non pas être gouvernés, mais être tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants, ni leur vie même qui soient à eux ? De les voir souffrir les rapines, les paillardises, les cruautés, non d’une armée, non d’un camp barbare contre lesquels chacun devrait défendre son sang et sa vie, mais d’un seul ! Non d’un Hercule ou d’un Samson, mais d’un hommelet souvent le plus lâche, le plus efféminé de la nation, qui n’a jamais flairé la poudre des batailles ni guère foulé le sable des tournois, qui n’est pas seulement inapte à commander aux hommes, mais encore à satisfaire la moindre femmelette ! Nommerons-nous cela lâcheté ? Appellerons-nous vils et couards ces hommes soumis ? Si deux, si trois, si quatre cèdent à un seul, c’est étrange, mais toutefois possible ; on pourrait peut-être dire avec raison : c’est faute de cœur. Mais si cent, si mille souffrent l’oppression d’un seul, dira-t-on encore qu’ils n’osent pas s’en prendre à lui, ou qu’ils ne le veulent pas, et que ce n’est pas couardise, mais plutôt mépris ou dédain ?
[...]
Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche… S’il lui coûtait quelque chose pour recouvrer sa liberté, je ne l’en presserais pas ; même si ce qu’il doit avoir le plus à cœur est de rentrer dans ses droits naturels et, pour ainsi dire, de bête redevenir homme. Mais je n’attends même pas de lui une si grande hardiesse ; j’admets qu’il aime mieux je ne sais quelle assurance de vivre misérablement qu’un espoir douteux de vivre comme il l’entend. Mais quoi ! Si pour avoir la liberté il suffit de la désirer, s’il n’est besoin que d’un simple vouloir, se trouvera-t-il une nation au monde qui croie la payer trop cher en l’acquérant par un simple souhait ? Et qui regretterait sa volonté de recouvrer un bien qu’on devrait racheter au prix du sang, et dont la perte rend à tout homme d’honneur la vie amère et la mort bienfaisante ? Certes, comme le feu d’une petite étincelle grandit et se renforce toujours, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter, de même, plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus où leur fournit, plus on les sert. Ils se fortifient d’autant, deviennent de plus en plus frais et dispos pour tout anéantir et tout détruire. Mais si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les frapper, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien, de même que la branche, n’ayant plus de suc ni d’aliment à sa racine, devient sèche et morte.
La lutte elle-même suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
Il y a plusieurs chemin d'interprétation quand à la volonté de m'adresser ces mots d'un homme que j'aime beaucoup dans son artistique.--- a écrit : ↑23 janv. 2020, 20:38 Pour E.L
Etienne de la Béotie
De la servitude volontaire
Mais, ô grand Dieu, qu’est donc cela ? Comment appellerons-nous ce malheur ? Quel est ce vice, ce vice horrible, de voir un nombre infini d’hommes, non seulement obéir, mais servir, non pas être gouvernés, mais être tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants, ni leur vie même qui soient à eux ? De les voir souffrir les rapines, les paillardises, les cruautés, non d’une armée, non d’un camp barbare contre lesquels chacun devrait défendre son sang et sa vie, mais d’un seul ! Non d’un Hercule ou d’un Samson, mais d’un hommelet souvent le plus lâche, le plus efféminé de la nation, qui n’a jamais flairé la poudre des batailles ni guère foulé le sable des tournois, qui n’est pas seulement inapte à commander aux hommes, mais encore à satisfaire la moindre femmelette ! Nommerons-nous cela lâcheté ? Appellerons-nous vils et couards ces hommes soumis ? Si deux, si trois, si quatre cèdent à un seul, c’est étrange, mais toutefois possible ; on pourrait peut-être dire avec raison : c’est faute de cœur. Mais si cent, si mille souffrent l’oppression d’un seul, dira-t-on encore qu’ils n’osent pas s’en prendre à lui, ou qu’ils ne le veulent pas, et que ce n’est pas couardise, mais plutôt mépris ou dédain ?
[...]
Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche… S’il lui coûtait quelque chose pour recouvrer sa liberté, je ne l’en presserais pas ; même si ce qu’il doit avoir le plus à cœur est de rentrer dans ses droits naturels et, pour ainsi dire, de bête redevenir homme. Mais je n’attends même pas de lui une si grande hardiesse ; j’admets qu’il aime mieux je ne sais quelle assurance de vivre misérablement qu’un espoir douteux de vivre comme il l’entend. Mais quoi ! Si pour avoir la liberté il suffit de la désirer, s’il n’est besoin que d’un simple vouloir, se trouvera-t-il une nation au monde qui croie la payer trop cher en l’acquérant par un simple souhait ? Et qui regretterait sa volonté de recouvrer un bien qu’on devrait racheter au prix du sang, et dont la perte rend à tout homme d’honneur la vie amère et la mort bienfaisante ? Certes, comme le feu d’une petite étincelle grandit et se renforce toujours, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter, de même, plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus où leur fournit, plus on les sert. Ils se fortifient d’autant, deviennent de plus en plus frais et dispos pour tout anéantir et tout détruire. Mais si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les frapper, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien, de même que la branche, n’ayant plus de suc ni d’aliment à sa racine, devient sèche et morte.
Cela peu être pris comme une approbation de mes mots.
Cela peut être pris comme une forme d'attaque de ma morale, de mes intentions.
Me vois tu comme un tyran ?
Je pourrai y voir un conseil.
J'aime à croire que tu compares ma pensée à sa pensée. Que tu y vois un parallèle.
Mais peut être veux tu m'expliquer de laisser tomber, combattre par l' absence de combat est vain, l'homme aimant trop sa servitude.
Vu que j'ai l'esprit vagabond, je cherche à comprendre le pourquoi du comment.
J'avoue que de plus ample précision m'aiderait.
Que tu accompagnes de ta pensée, cette pensée de la boetie.
Que tu m'expliques pourquoi tu me proposes cette lecture.
Mon cœur le prends comme une forme de compréhension de ce que j'exprime.
Ma raison doute.
Mon doute me trouble.
Mon trouble m'affirme que mon cœur à raison.
L'important au fond c'est que j'aime, alors merci.
Tout à fait, dans les écrits que tu postes ces derniers jours, j'y vois un idéal d'anarchie que je retrouve dans ce texte, c'est pour faire le parallèle à ta pensée.
Personnellement, je viens de découvrir la pansée (faute inconsciente?) la pensée anarchiste et ses différentes mises en place en Europe à travers le documentaire 《ni dieu ni maitre》posté dans la section documentaire du forum.
Ça a fait beaucoup d'échos en moi et je n'avais même pas idée qu'elle aie pu s'accomplir à Barcelone il y a quelques décennies.
Bref, je me culture sur ça en ce moment et je trouvais ça intéressant de le partager (à toi en particulier)
La lutte elle-même suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
Je te renouvelle mon merci alors.--- a écrit : ↑23 janv. 2020, 21:35Tout à fait, dans les écrits que tu postes ces derniers jours, j'y vois un idéal d'anarchie que je retrouve dans ce texte, c'est pour faire le parallèle à ta pensée.
Personnellement, je viens de découvrir la pansée (faute inconsciente?) la pensée anarchiste et ses différentes mises en place en Europe à travers le documentaire 《ni dieu ni maitre》posté dans la section documentaire du forum.
Ça a fait beaucoup d'échos en moi et je n'avais même pas idée qu'elle aie pu s'accomplir à Barcelone il y a quelques décennies.
Bref, je me culture sur ça en ce moment et je trouvais ça intéressant de le partager (à toi en particulier)
Vogue à tes découvertes, c'est soi même qu'on retrouve dans les resonances..
- goelandfou
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- Inscription : 17 nov. 2019, 17:20
Il faut t'efforcer de voir le Goéland véritable - celui qui est bon - en chacun de tes semblables.
Jonathan Livingstone
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L'ours en cage ne peut que satisfaire l'ambition aventureuse des faibles, tandis que le cerf sauvage évoque une liberté et une vigueur pénétrantes
- suffragettes AB
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c'est beaugoelandfou a écrit : ↑27 janv. 2020, 10:33 Il faut t'efforcer de voir le Goéland véritable - celui qui est bon - en chacun de tes semblables.
Jonathan Livingstone
il faut laisser parler l'oiseau en soi, et voler vers nos rêves
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