Un cadavre délicieux ?

A l'heure de la guerre, des champs d'horreur, faire de la terre un champs de fleurs.
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Meduse
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Je relance la proposition de feu @CellarDoor. J'aimais bien cette idée de jeu littéraire. Mais dans ce topic, pas de placement de mots. Il vous suffit juste de continuer l'histoire. Un texte plus court, ou plus long, avec ou sans fautes, on s'en fou, c'est un jeu, et le but est d'y prendre du plaisir. Vigilance toutefois à rester cohérent avec ce qui précède, c'est la seule contrainte.

A vos plumes :)
Dernière modification par Meduse le 17 mai 2021, 01:55, modifié 1 fois.
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Meduse
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EPISODE 1

Sur l’île des magnifiques, un feu brûle. Ce n’est ni un incendie ni un feu de joie. En s’approchant vagues après vagues, on peut apercevoir sur la rive des lignes creusées dans le sable. Le goéland qui les survole ne sait pas lire, pourtant ses cris stridents semblent relayer le SOS. Qui donc en est l’auteur ? Le paysage luxuriant chuchote dans le vent des réponses inaudibles. L’albatros fait ses rondes comme hypnotisé par la danse des flammes qui manquent de peu d’embraser son plumage. La nuit donne à tout ce vacarme des allures romanesques.

Intriguée par toute cette agitation, une femme sort de sa hutte. Son cœur de mère ne supporte pas cette détresse qui la glace. « Fils, lâches ton jeu et suis moi ! Il se passe quelque chose sur la plage, cela semble grave … » Imperturbable, ce dernier ne lève même pas la tête, et lui répond calmement « Ne devrions-nous pas avertir le chaman ? Il saura mieux que nous répondre à l’urgence … » La mère le scan du regard, cherchant à discerner si sa progéniture fait preuve de sagesse ou tente d’esquiver la contrainte. Son soupir tranche. D’ordinaire, elle sait saisir ce genre d’opportunité pour enseigner quelques fondamentaux, comme les notions de courage et de responsabilité, qui inspire l’action en lieu et place de la confortable délégation. Mais cette fois elle n’a pas le temps d’insister, frissonnant toujours aux cris de la nuit.

Au même moment, à l’autre bout de la place, le chaman apparaît à sa porte. Ce n’est pas n’importe quelle porte ! Les visions de cet homme savant y sont gravées avec art. Le sang, les os, et la peau de Loup dont il s’affuble impressionnent ses congénères. L’habit ne fait pas le moine, dit-on, même là-bas. Pourtant, ses pouvoirs trouvent dans ce costume légitimité et force. Il siffle trois fois. A cet appel, un oiseau bleu vient se poser sur l’une de ses cornes. Il lui désigne d’un geste autoritaire la fumée au loin. Sans un mot, l’oiseau bondit dans la direction désignée. L’homme loup prend sa suite, d’un pas déterminé mais à la cadence mesurée.

Le front brûlant, un barde court pied nu après eux. Il ressemble à un perroquet blanc, c’est du moins comme cela que le village le décrit. Il sait pertinemment que l’île le prend pour un fou et il aime ça. Cela lui donne toute latitude pour exprimer le profond de son être, tout en s’émancipant des responsabilités induites par une quelconque position sociale. Lui veut être. Juste être. Alors quand la nuit s’agite, il s’agite avec elle. La folie dans ses yeux laisse impassible l’homme loup qui reconnaît et comprend les spasmes poétiques de son cœur rivière.

Alors qu’ils avancent tout deux vers le brasier, l’éclaireur revient à tire d’aile. Comme ensorcelé, il piaille à n’en plus finir des mots étranges: « Sans répits à nos souffles la bête reviendra, sans répits à nos souffles elle nous exécutera de son regard noir et de sa bouche vermeille, elle étouffera le monde dans ses six ailes ». Son protecteur se fige, interloqué. Il n’avait jamais vu cette douce créature vociférer d’aussi sombres et terrifiants propos. Peut-être aurait-il dû apporter avec lui quelques artefacts … au cas où. Sentant son anxiété nouvelle, le fou fait demi-tour à toutes jambes, lui hurlant qu’il part chercher du renfort.
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:sun:
La lutte elle-même suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
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goelandfou
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Ma contribution:
Sentant son anxiété nouvelle, le fou fait demi-tour à toutes jambes, lui hurlant qu’il part chercher du roquefort
L'ours en cage ne peut que satisfaire l'ambition aventureuse des faibles, tandis que le cerf sauvage évoque une liberté et une vigueur pénétrantes
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Kaio
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tout flippé qu'il était, le fou, son roquefort sous le bras, se réfugia dans les solides branches du vieux chêne jouxtant la place. C'était le plus vieil arbre de l'île. Si c'était l'ïle des magnifiques, on appelait ce chêne Le Magnifique. Sa sagesse millénaire se ressentait au travers son écorce qui avait tant vu, et déjà tant vécu. Le fou souvent s'y refugiait. Peut être lui ressentait la vraie forcé de l'arbre. Brute et naturelle. Sans la méprise de ceux qui ont un jour vu un arbre comme une bûche pour son poêle, ou une planche pour sa barque. Le fou ne voyait que l'arbre. Et il communiait avec lui. Alors le fou, dans son arbre perché, entreprit de son bec le fromage. Maitre Renard par l'odeur alléché, lui tint a peu pres ce langange :
*NDNM*
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Meduse
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" Cher ami, n'allez vous donc point me faire goûter votre si savoureux fromage ? Il est des agitations sur la plage qui me creuse horriblement l'appétit ! "

Le fou eu un petit ricanement espiègle. C'était bien la première fois qu'il était envié par l'un de ses frères. Il n'en dégusta que doublement cette satisfaction nouvelle, lové sur Le Magnifique.

Pas le temps de dire ouf qu' un 'indien, tout auréolé de ses peintures de guerres jaunes, cours à leur rencontre. Lui aussi déboussolé par ces alarmes nocturnes, venait reprendre son souffle. Une courtoise discussion aurait pu s'engager si les instincts primaires des uns et des autres n'étaient pas déjà sollicités.

- Saperlipopette ! L'indien ! Olfacultatif, c'est mieux ! Tu ressembles à une bête... que se passe t il ?

- Je ... je ne comprends pas Maître Renard. J'étais sur la plage, tranquile, à contempler le coucher de soleil, puis 4 oiseaux ont crevés l'horizon. Quelques éclairs, un feu ...

L'indien tente péniblement d'organiser ses phrases. Son coeur bat vite. Au rythme du vivant, au rythme de la peur.

- Le feu, il était pas là, puis pchit, il est là. Trois éteincelles et puis s'en va ...

Le renard se gratte la moustache. Cette île est de plus en plus étrange. Il en vient à regretter ses manoeuvres pour être autorisé à y venir en vacances.
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Alchimie
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Le Renard si habituer à contempler les dessins du Prince, lui même s'étant déjà souvent essayer à dessiner différentes phrases et caricature militante pour souffler sur les feus révolutionnaire, décider tout de même de prêter attention à ces feux venue bousculer le calme si étrange et mélancolique de l’île.

A peine commençait il à quitter le vielle arbre, qu'il voyait filer à tout allure au dessus de sa tête, l'oiseau bleu en direction de cette fumée et cette horizon embrasé.
Plus il se rapprochait de la plage, plus il pouvait commencer à ressentir, jusqu'à même entendre, les rugissement inhabituelle venant de la mer.

Alors qu'il entendais encore piailler au loin le fou tournant toujours autour de son arbre, il fini par voire très distinctement, plusieurs tentacule sortir de la tête d'une silhouette dans les eau noir et verte turquoise.

Pendant un moment il fut presque hypnotiser par cette sirène semblant jouer avec les éléments, se liant entre mer et ciel arc en ciel, mais il réussi à échapper à son regard, pour finalement poursuivre sa quête vers se feux ayant finalement réussi à réveiller une partie des habitants de cette Îles.
Nous sommes la somme de toutes nos pensée, et nous avons pourtant tous une unicité à nous reco-naître...
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Kaio
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De plus en plus d'habitants se massaient sur la place. Des enfants de l'île aux plus anciens. Les commentaires allaient bon train, l'admiration juvénil pour ces feux étincelants, l'inquiétudes des adultes à qui la vie avait déjà appris à se méfier de ce qui brille. Parmi la foule un avorton essayer de se faire entendre en agitant frénétiquement les bras. Il criait, sautillait, se démenait pour se faire remarquer, se précipitant pour répondre et surenchérir sur chaque mot entendu autour de lui. L'avorton était connu du village, bien que tenu à l'écart, tous l'avaient déjà croisé, ou aperçu, chicaner derrière un buisson, vociférant sa jalousie d'avorton.
Même les enfants ne le craignait plus, même le fou dans son arbre le prenait en pitié. Mais l'avorton s'extasiait à dire du mal, et cette situation de crise nouvelle, inédite, que subissait l'île des Magnifiques redoublait son excitation.
*NDNM*
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Digitalis
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Non loin de l'avorton, se tenaient quelques jeunes fleurs, habituellement enracinées sur un petit lambeau isolé de côte sauvage, à l'ouest de l'île des Magnifiques, dans le pittoresque lieu-dit "buen vivir". Elles avaient accouru admirer ces étranges étincelles réveillant la nuit. L'une d'elles, Églantine, reconnaissable à ses joues rouges coquelicot, leva la tête pour apprécier l'étendue du spectacle lumineux. Dans ce mouvement, un livre tomba de son sac à dos. L'avorton les avait déjà repérées, il se jeta pour ramasser le livre, le prit dans ses mains tout en lisant le titre sur la couverture " L'Utopie". Qu'était-ce donc cela ? Mais il abandonna à la hâte son questionnement et son visage prit feu quand il voulut le rendre à sa propriétaire. Car Églantine, c'était un peu sa Frida à lui. Et comme à chaque fois qu'ils croisaient leurs paroles, il se mettait à rêver un instant, un instant seulement. Pas tout à fait redescendu de sa songerie brumeuse, il n'entendit pas toutes les paroles, seulement la fin, où elle lui proposait de le lui prêter. Lys, avec ses cheveux soleil, les arracha à cet espace-temps. Elle interpellait son amie, pour savoir ce qu'elle pensait de cet événement incandescent qui survenait, étonnamment, un jeudi soir de pleine lune. L'avorton s'en retourna, en oubliant l'agitation qui le tenait précédemment, délaissant même ses médisances. Il serra le livre et s'éloigna, titubant, palpitant. Il tomba alors sur le bouquet de nerfs peinturé à plumes, qui répétait en boucle à voix haute, comme sidéré : " Le feu, il était pas là, puis pchit, il est là. Trois éteincelles et puis s'en va"
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Kaio
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L'indien zarbi a moitié à poil semblait enfermé dans sa ritournelle. "Le feu, il était pas là, puis pchit, il est là. Trois éteincelles et puis s'en va", répérait il comme écorché en son âme par de noirs désirs. L'avorton interloqué vit pour une fois plus loin que le bout de son nez d'avorton et sembla prendre conscience de ce que se jouais. N'était il pas l'heure pour lui d'agir, pour une fois, pour le bien de l'île, et de tous, et surtout, surtout, d'en tirer l'admiration de la belle Eglantine.
*NDNM*
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Digitalis
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Il eut cependant une once d'hésitation sur la manière d'agir. Il se dit qu'il serait bien sage de consulter le chaman en amont. Et puis, ce serait l'occasion de mettre les couilles sur la table avec ce bon vieux chaman pour discuter de la belle. Il allait partir à sa recherche quand l'excité tatoué planté devant lui réitéra son "Le feu, il était pas là, puis pchit, il est là." Consterné, ou agacé ou compatissant (il ne savait pas bien analyser ses émotions), il le prit par le bras et l'emmena avec lui dans sa quête du sorcier.
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Digitalis
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et ils marchaient depuis un moment déjà ...
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Meduse
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Ce coquin de Chaman se planquait si habilement qu'ils durent faire le tour de l'île...
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Pas là ... mais pachamama semble contente, il y est peut-être passé chatouiller ses crêtes...
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Pas là non plus, mais ça sent sa magie et le sel des cavernes profondes ...
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Ah, enfin, là bas, en train de chiller dans un bain chaud... il chante ... il les voit de loin s'approcher, et leur hurle :
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Digitalis
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Après avoir parcouru, non sans plaisir, le corps de la Géante, ils rejoignirent le chaman pour se prélasser dans ce tableau de bassins miroitants et de roches éblouissantes, où la nuit peut s'y refléter le ciel étoilé, comme dans ce Rêve.

La discussion entre eux vint à s'animer... c'était la question du loup qui crispait les esprits ...
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Meduse
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Une masseuse vint délicatement dénouer de ses expertes caresses les épaules du Chaman. Fort de cette détente nouvelle, il put faire face aux acolytes en toute quiétude. Un petit cours de philosophie ne leur ferait pas de mal, songe-t-il, compatissant.

- Et si vous commenciez par faire connaissance avec votre loup intérieur ?
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Digitalis
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Le chaman lança alors un rituel envoûtant, si permissif qu' Erickson lui même a dû se retourner dans sa tombe. Dans un subtil mélange de lumières et de mélodies incroyablement absorbant, les deux compères, sans s'en rendre compte, mais pourtant bien conscients, se dissocièrent de leur enveloppe charnelle, oscillant entre alpha et thêta. Ils crurent d'abord apercevoir deux loups, blanc et noir, qui cherchaient la confrontation, dans un environnement sombre, austère, négatif. Mais une voix familière leur suggéra autre chose, et plus les secondes passaient, et plus ces deux loups ne faisaient qu'un, apprivoisés l'un de l'autre, se nourrissant mutuellement.
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Une réassociation du soi et du corps plus tard, ils étaient toujours dans ce bassin miroitant, à se regarder, encore tous abasourdis, de ce rêve éveillé. Quelle transe !
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