Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12
Peb a écrit : ↑22 mai 2020, 13:28
Quand je parle de la gratuité de l'art, j'évoque, en sous-jacent la gratuité de l'oeuvre. (...)
Un artiste peut autant être ouvrier paysagiste que pâtissier que chanteur... C'est qu'une boîte dont le contenu est floué.
Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12
Si créer une oeuvre d'art (quelque soit sa forme) correspond à un élan "gratuit", c'est à dire sans but concret, sans réponse à une attente spécifique, sans utilité autre que son esthétique ou son message ou son témoignage ... Ce n'est pas le cas de l'oeuvre de l'artisan, qui lui répond à une demande, à un besoin (manger un pain au chocolat, admirer un beau jardin paysagiste etc...) Pour ma part je fais clairement la nuance. Un artiste peut être aussi un artisan, et un artisan peut avoir des talents artistiques, mais c'est deux choses bien différentes. L'un boss pour la sphère spirituelle des idées et des émotions, l'autre pour la satisfaction matérielle du corps et des besoins éco-systémiques.
Ah ... donc créer sous un élan gratuit c'est sans but concret ?
Je ne te savais pas aussi capitaliste dans tes imbrications mentales, donc spirituelles. Libre à toi de penser ça.
Le but n'est pas ce qu'on en tire, il ne faut pas confondre ce qui fait cadeau et ce qui se prostitue.
Ni don de soi et commande.
Depuis quand admirer un beau jardin passé sous les mains d'un paysagiste c'est un " besoin " ?
Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12 L'un boss pour la sphère spirituelle des idées et des émotions, l'autre pour la satisfaction matérielle du corps et des besoins éco-systémiques.
Donc l'Artiste a vendu ses émotions et ses idées, au détriment de sa possibilité d'action d'utilité dans l'éco-systémique ( comme tu dis ) ?
L'artisan peut également travailler aussi pour la " sphère spirituelle des idées et des émotions ", de pratiques d'usages peuvent se modifier beaucoup de schémas de pensées et donc de fonctionnement.
Je vois " l'art " comme une industrie.
L'art n'est pas LA culture selon moi.
[/quote]
Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12Et pourtant les peintures rupestres des grottes de Lascaux sont bien loin du concept d'industrie. L'origine du langage, l'image, répond au besoin de l'homme de pouvoir s'exprimer, formaliser ses observations dans des concepts. Garder la mémoire. Célébrer. Enseigner. Transmettre. Au fil des siècles, ces productions deviennent cultures, de même qu'elles ont été inspirées et produites dans leur air du temps respectifs, dans leurs cultures respectives. D'où l'aspect élitiste de certaines œuvres. Si tu n'as pas la culture du référentiel, elles te resteront hermétiques.
Ouais, sauf que t'oublies qu'à l'époque
(improuvable)
" le but " n'était pas de vendre, c'est dans le temps que ça s'est transformé.
Ces grottes devaient appartenir à l'usage de la communauté , je ne pense pas que ceux/celles à l'origine de ces gribouillis rupestres avaient comme projet que ça devienne quelque chose de monétaire.
Il devait y avoir un don de soi vers l'autre, une représentation de soi qu'on offre vers l'autre.
Je ne te rejoins pas sur " la culture du référentiel. "
Ce n'est pas parceque tu ne peux pas comprendre une oeuvre qu'elle t'es hermétique, et pire qu'elle te le " rester"a
Tu peux aimer une oeuvre sans y desceller toutes ses profondeurs cachées.
C'est déjà penser d'une manière élitiste que de penser que les œuvres peuvent être fermées si on ne possède pas " sa " culture
Peb a écrit : ↑22 mai 2020, 13:28Je ne vois pas la création artistique comme du travail. (...)
Tu sembles oublier qu'il existe des " artistes " qui ont un métier à côté de leurs productions.
Être artiste à plein temps c'est pouvoir flâner aussi, tout laisser en plan pendant 3 mois, t'appelles ça du travail ? ^^
Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12
Sélavy te parle de ceux qui investissent tout leur temps et leur vie à la création, sans avoir "un job alimentaire" à côté. C'est clairement courageux car les perspectives sont floues et peu assurées. Contrairement aux fonctionnaires ou aux salariés, leurs moyens de subsistance ne sont pas assurés à la fin de chaque mois. Ce n'est pas un long fleuve tranquille où tu peux te projeter pour les prochaines vacances ou faire un crédit immobilier. C'est un choix de vie, la liberté et la passion primant sur le confort et la sérénité du matériel. Et pour en côtoyer depuis ma plus tendre enfance, je peux t'affirmer que c'est du travail ! Un travail sur soi déjà, pour rester déterminé, alerte, inspiré, productif, alors que tu es seul face à toi même sans personne pour te dire quoi faire et quand. Un travail aussi en amont ou en aval, car produire est une chose, mais l'art ne te fait vivre que si tu le vends; tu le diffuses. Certains artistes ne délèguent pas cette partie. Beaucoup d'intermittents du spectacle font eux même leur prospection, leur booking, leurs outils de communication ... bref, tout ce qu'il y a autour de l'oeuvre proprement dite. Ce que tu appelles "Flâner" est en fait un temps pour se nourrir, pour faire vivre en soi ce qui sera matière à création par la suite. Ça fait entièrement partie du processus.
Il n'y a pas que ce schéma là possible.
Pourquoi un job " alimentaire " ?
On peut vivre de plusieurs passions et décider de ne pas en monnayer certaines, c'est toujours une histoire de choix.
Ne réduis pas tous les salariés ou aux fonctionnaires à leurs prises de vacances ou au prêt qu'ils pourraient faire, c'est totalement méconnaître tout un pan du salariat. Pour les vacances, y'a les congés payés, ou RTT pour fonctionnaires, c'est un dû. Mérité.
Les artistes ont tout le temps libre qu'ils peuvent avoir pour aboutir à des projets, après tous ne sont pas des " bons " patrons et donc galère pour trouver des moyens de subsistances, oui, mais c'est un choix pour eux et donc, bien heureux qu'ils s'écoutent et se respectent, ils ne sont pas à plaindre ( hors-crise Covid )
Donc on revient sur ce même débat de l'utilité de l'art, de ses buts, de ses moyens...
Oui, j'appelle ça " flâner ", toi même tu parles qu'il faut du temps, alors pourquoi ne pas le prendre ?
Meduse a écrit : ↑15 janv. 1975, 13:55Mais plus tu avances dans la carrière et plus c'est difficile de retrouver ce lâcher prise ressourçant, par ce que tu as une communauté derrière toi qui te mets la pression avec ses attentes, par ce qu'il faut rester au niveau, par ce que les habitudes s'ancrent sournoisement, par ce que dans ce pays plus tu gagnes, plus tu dois gagner (cercle vicieux des entrepreneurs Vs la fiscalité !) Bref, je souris gentiment à tes remarques et ne suis pas d'accord avec elles.
Si tu as une pression, c'est toi seule qui l'accepte, les autres peuvent pousser mais si t'es équilibré réellement ça ne t'émeut pas.
Rester au niveau de quoi ? Ah ... oui... de la divinisation qu'on se fait de l'humain créateur ?
Ce n'est pas qu'une histoire de pays, c'est une logique de profits... c'est dans pas mal d'endroits la même chose.
Tu critiques ton pays mais n'oublie pas que ton président a supprimé l'ISF.
Si j'en crois ce que tu dis, merci Macron alors ! Tu devrais en être contente, ça va dans le sens de ta remarque... : Si c'est un "cercle vicieux" , c'est forcément négatif.
Sinon on appellerai ça une boucle ou d'un terme bien plus neutre.
Peb a écrit : ↑22 mai 2020, 13:28
Dans la vie, on peut se contenter de peu, il y a des concessions, des choix à faire.
Des systèmes D..Quand on dénonce un système et qu'on en sort pas, j'vois juste de l'hypocrisie.
Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12
Je suis d'accord en revanche pour la première phrase. Mais pour la mettre en perspective avec nos propres vies ... Ton aspiration au nouveau monde idéal t'a t'il amené à faire certains choix stratégiques comme ne plus donner ton fric à l'industrie du tabac, du pétrole, du pharmaceutique ? Arrives tu à ne consommer que bio et local avec ton RSA ? Tu as répondu à cette question je crois :
Déjà, pour informer ta sainte gouverne, de quel RSA tu parles ?
Ça fait deux années que je suis ouvrier-maraîcher en agriculture labellisé AB
quelle inspiration ? et de quelle nouveau monde tu parles ?
Toi aussi tu t'es fait arc-bouter ton cerveau par les discours des médias dominants ?
C'est bien beau d'arrêter de donner son fric à l'industrie du tabac, du pétrole, du pharmaceutique, mais si tu donnes de l'argent en aveugle au gourou qui te vends du rêve pour mieux lui s'acheter ses clopes, remplir ses camions et soigner sa pneumonie grâce à biogaran ou autres, ça revient exactement au même.
Pour la consommation bio et locale, c'est de la connerie.
C'est presque impossible ( non pas dans l'absolu ) avec nos trains de vie.
Peb a écrit : ↑22 mai 2020, 13:28
Après j'ai moi-même mes idéalismes et mes contradictions.
Vivre avec son temps ce n'est pas que profiter de ce qu'il nous offre et fermer les yeux sur ce qu'on pourrait faire différemment et qu'on ne fait pas.
Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12
Nous sommes donc tous des hypocrites à t'écouter. Et pourtant, je suis sûr que dans le cœur de beaucoup d'entre nous, il y a des aspirations sincères et un idéal à partager. Au lieu de faire des procès, nous aurions plutôt intérêt à nous encourager !
Concernant l''idéal et l'aspiration sincère, faudrait passer la troisième.
Oui, nous sommes tous des hypocrites, nous nous mentons tous à nous-mêmes.
On sait contente de nos inactions dans la majeure partie du cas.
si le changement était le moteur de nos actions, nous n'en serions pas actuellement là où nous en sommes.
Bien plus dur de désapprendre à faire que d'apprendre à faire.
Il n'y a plus d'intérêt pour moi à clamer un discours ou un autre, ce que je pointe, qu'importe la forme, sera un constat similaire avec un fond semblable.
Oui, nous sommes tous des hypocrites
( Moi aussi ! tout ce que je dis, toujours, je ne m'écarte jamais des constats que je fais même si ce n'est pas explicitement précisé, dit )
Meduse a écrit : ↑23 mai 2020, 11:12 J'ai tout de même l'impression qu'il y a de la mauvaise foi dans ta posture (et je pèse le mot, car ce n'est pas ton être que je juge, juste sa posture !) Lorsqu'en 2016 Damien lance sa plateforme indépendante, les autres utilisent les canaux standards que leur offre l'air du temps : facebook, Youtube, Spotify etc. Certains résistants ont tout de même leur propre site, ou leur petit blog, mais "l'animation" de leur communauté est tout de même tributaire des GAFA; CCC est donc bien la tentative de faire différemment. Et il y avait bien dans la démarche une sorte de manifeste novateur. La preuve, l'idée fait des émules :
Ceux qui critiquaient le faible contenu de CCC trouveront peut être bonheur par là bas ? Magnifique surenchère non ? Tu vas nous dire Peb que ce n'est pas du travail peut être que de proposer tout ça (et surtout s'y tenir) ? Personnellement je plains Da silva (que j'aime bien par ailleurs) car proposer autant de choses traduit son manque de confiance en l'amour de sa communauté. Sans parler de tout le temps qu'il va perdre en "community management" au détriment de sa création. Il me semble que beaucoup de Youtuber se sont plains de leurs statuts précaires malgré une très grande mobilisation de leur part pour alimenter Youtube de leurs créations tout en animant leurs communautés. Et pourtant, à la lumière de l'actualité Covid-19 qui vient de sinistrer toute la profession, n'est il pas plus que jamais légitime pour l'artiste de fidéliser sa communauté et d'attendre d'elle une sorte de mécénat, de soutien financier mensuel, pour pouvoir continuer ? Puisque les CD ne se vendent plus autant qu'avant ? puisque l'éditeur et le distributeur prennent une grande part des bénéfices ? Puisque tous les artistes ne passent pas en boucle à la radio ? et donc ne touchent pas tant de droits d'auteur que ça ? Puisque les concerts et les festivals sont annulés ?
Fin bref. Pour moi l'amour est gratuit oui. Il devrait l'être. Tu peux donc donner gratuitement tes textes par amour de l'autre ou de toi même. Mais entreprendre, concevoir, bâtir, dans la réalité 3D de ce monde nécessite aussi un peu de pragmatisme, d'effort et de travail.
Ce n'est pas parce que Damien a inspiré un autre créateur qu'il est l'innovateur de ce remaniement entrepreneurial.
Nouveau modèle de pompe à lait, chouette, mais ça reste une pompe à lait.
Une plateforme indépendante c'est bien mais s'extirper complètement de Spotify & autres c'est mieux.
Surtout quand Spotify propose l'EP " libertaire " sensé être gratuit en accès payant, c'est vraiment d'la belle bombe ça.
Ce n'est pas les artistes qui sont tributaires, en premier plan, des GAF.
Ce sont les artistes qui sont tributaires des internautes qui sont eux-même tributaires des GAF.
Le site de DaSilva je ne suis jamais allé voir, manque de curiosité. Je ne vais pas chercher à comparer lui ou Saez, ils ont deux univers bien distincts
Vouloir faire de la résistance en passant dans le camp ennemi peut malheureusement faire finir en collaboration hey.
Je n'irai pas jouer le pseudo-psychologue sur des diagnostics de " manque de confiance en l'amour de sa communauté " ou quoi ou qu'est-ce, je trouve ça d'une indécence réelle.
Fidéliser, logique marchande. Fidéliser à quoi ?
A un message ou à ce qui nous permet de faire subsistance ?
L'Amour n'a pas de prix, il ne peut donc pas être gratuit, ni même payant, c'est hors-cadre.
Bâtir des cathédrales virtuelles ne m'intéresse pas.
Le travail je n'en veux pas, c'est le tripalium, la passion et l'envie me suffise.
L'effort sans envie n'est que torture.
La liberté c'est faire ce qui nous plaît, sans devoir donner ce que les autres veulent.
C'est drôle de parler d'indépendance quand on est au final on est tellement dépendants des petits sous de l'autre qu'on oublie d'où vient notre " indépendance " qu'on clame haut et fort ...