Re: ✒️Le délicieux cadavre
Publié : 06 mai 2020, 10:41
On passera sur l’œuvre oh combien recherchée de @goelandfou ...
J'ai terminée mon histoire, je n'ai pas regardé combien de temps j'ai mis, puisque j'ai écris un peu par ci, un peu par là.
4 895 mots
La petite histoire du royaume des ivrognes
Un conte de Maman Minouche sponsorisé par la fédération du trimaran jaune encalminé et la congrégation du prépuce pivoine bouffi
Il était un royaume où le champagne coulait à flots, où les habitants partageaient des plaisirs dionysiaques, vautrés dans la luxure. Oui, chaque repas était un apéro, de plaisir et d’insouciance. Oui, les bouteilles des frangins s’y offraient du soir au matin et l'on y trinquait toujours en criant na zdrowie. Dans ce monde-là, on voyait voler des licornes et des ornithorynques. Les gens, affublés de charentaises et de manteau en peau de pangolin, avaient un goût prononcé pour la déchéance et la vie de bohème. Mais vu que tous étaient pareils, ça ne posait pas de problème. On ne jurait que par l’hédonisme, unique religion du royaume.
Le roi, qui avait des hémorroïdes et vouait une passion démesurée à la conception d’origami en forme de cheval, était un vieux à la barbe rousse qui adorait le whisky. Son mariage avec la princesse Leila avait donné naissance à trois beaux enfants : Janice, Bruno et Llyod. Élevés au bordeaux et au Picon, ils étaient tous plus cons les uns que les autres, des cons fient nés, un con fini, un con fit nez, qui avait du nez. En effet, Llyod sentait les alambics chauffer à quinze kilomètres à la ronde. Bruno, lui, avait une passion érotique pour la vodka, dans laquelle il ajoutait toujours une olive verte. Si on lui apportait, petit prince qu’il était, une vodka avec une olive noire, il se mettait dans une colère digne d’une insurrection des hébreux contre les philistins.
Janice, elle, s’était secrètement mariée avec une mouette, prénommée Abby, qui lui avait gentiment arraché de son bec le gros furoncle trônant sur son visage bouffi. Ce geste d’amour inconditionnel avait séduit la princesse comme jamais. Elle avait donc embarqué l’oiseau des mers sous sa robe rouge, Abby faillit s’en étouffer, et elle s’était arrêtée dans la première église venue pour l’épouser. Le prêtre, bourré comme tous les gens du royaume, n’y trouva rien de choquant. Mais comme il manquait des témoins, et qu’aucun chat noir ou blanc ne passait dans le coin, il dut sauter sur sa mobylette pour aller chercher les premiers péquins qui passaient par là. Et dans l’aléatoire de la destinée, voilà qu’il rencontra deux clandestines : Ana et Annabelle qui sentaient bon la mirabelle. Les deux gourgandines qui sortaient d’une soirée libertine de chez un baron du bout de la rue, et qui étaient en train de danser sur l’asphalte un tango en mangeant un cookie, trouvèrent tout ceci très romantique et acceptèrent la requête du Père Le Corbusier, architecte reconverti en disciple de Dieu, et fervent défenseur de la doctrine des Fl’âmes. Les trois compères retournèrent donc auprès de la princesse et de son oiseau qu’elle maintenait tant bien que mal sous jupon et qui n’avait quasiment plus de souffle (parce que cela va sans dire, la mouette n’avait qu’un seul rêve : partir !) et après un discours apostolique, on célébra leur union sous l’alcôve de la chapelle Sainte Colombine.
Les jeunes mariés firent quelques photos souvenir dans le cimetière d’à côté et pour fêter ça allèrent manger des lasagnes chez Raymond, petite auberge où l'on servait de la bière Desperados sur du Brassens à n’importe quelle heure de la journée. Abby, qui était à deux pattes de mourir tellement elle ne pouvait plus respirer, réussi à prendre la poudre d’escampette quand le gnome qui lui servait de femme s’éclipsa, car elle avait envie de poser une pêche. D’ailleurs l’écho d’un prout résonna dans tout le restaurant et mit tous les clients en apnée, la digestion du levain n’était pas son fort. Du coup, elle se dit qu’elle aurait mieux fait de jeuner, mais bon c’était un peu tard. Quand elle constata que sa femme lui avait fait faux bond, elle fut prise d’un grand manque, quelle ne fut pas sa tristesse. Frappée d’une profonde mélancolie, c’est avec sa solitude qu’elle retourna au château.
Elle noya alors son chagrin dans le tabac, et une semaine plus tard, après s’être mise à cloper à n’en plus finir et avoir fini par cracher tous ses poumons, elle décida de se résigner à la fatalité et de partir seule en voyage de noces.
Sa quête désormais était de trouver l’endroit idéal. Elle fit la tournée des agences : Rome et sa chapelle Sixtine, Hambourg, Singapour, Varsovie, Paris, Toulouse… elle ne savait quelle ville choisir. L’un des voyagistes lui proposa le Pérou, évasion parfaite pour se ressourcer et découvrir la culture aztèque et les élevages d’alpaga. Elle réfléchit en mangeant une pomme.
Finalement, elle irait à Sedan, ce qui lui évitait de demander de l’argent à ses grands-parents et de devoir se coltiner un déjeuner à manger du caramel trop dur et à regarder le JT de BFM. Elle fit ses bagages en n’oubliant pas ses beaux escarpins bleus, et son marcel jaune. Après six jours de voiture, la voici presque arrivée, des bouchons à l’entrée de la ville lui fit perdre sa politesse : « putain ! espèce d’octodon rabougri tu le bouges ton tas de ferraille, on dirait un tracteur du Cantal ! » En plus, ce matin-là il pleuvait, et faisait un froid de canard alors qu’on était au printemps. Bref, quand le soleil fut à son zénith, elle atteignit son hôtel. Un éducateur spécialisé était en pleine conversation avec l’hôtelier, il lui parlait politique : de Macron, de social et de la sodomination des soignants, elle les interrompu pour glisser qu’on ne savait jamais où passait nos impôts. Du coup, elle attira leur attention, et put dire qu’elle avait réservé.
Sa chambre donnait sur un mur où était inscrit « Le Pen = haine ». En conséquence, il n’y avait pas beaucoup de lumière, là elle se dit que pour un voyage de noces elle aurait mieux fait de choisir Messine ou la Rochelle, histoire d’avoir l’air marin, et une vue où l'on voit le ciel. Comme elle n’avait rien à visiter, elle passa sa semaine à jouer à la PS4, geeker sur Internet et à regarder la ligue 1, six jours de bagnole pour ça, elle regretta cette ineptie.
Quand elle rentra dans le royaume, c’était un beau bordel. La horde rebelle avait envahi leurs terres et faisait diffuser une chanson sur la dictature du roi dans les bistrots. Cette rébellion bien organisée prônait le télétravail et l’abolition du capitalisme. Le roi et le reste de la famille royale avaient été enfermés au pénitencier où il ramassait des tomates sous la chaleur. Voyant ça, Janice mit un masque pour ne pas être reconnue et avec courage elle s’infiltra chez l’ennemi.
C’est là qu’elle rencontra Valentina, amoureuse d’Hugo, un poète tout juste revenant d’une mission humanitaire à Girmont dans les Vosges. Il s’était occupé un an d’un Schtroumpf drogué au poker qui se croyait être le sosie de Perceval dans Kaamelott. Il avait passé les six premiers mois à lui démontrer que Perceval n’était pas bleu et les six autres mois a essayé de lui faire détester les jeux de cartes. Alors le Schtroumpf avait transféré son addiction dans le loto de la Française des jeux, du coup Hugo en eut marre et voulut se barrer à Miami écouter les DJ. Mais il croisa le convoi de rebelles et fut en accord avec leur révolte, alors comme il savait manier les mots, il fut assigné à l’écriture du slogan de leur clan : « Oskur » oui il n’y avait qu’un mot et l’orthographe n’était pas son Graal, ça voulait dire sombre, parce que c’est classe. C’est là que Valentina le remarqua. Elle, elle dessinait un logo, du coup elle fit un corbeau, parce que c’est classe. Mais Hugo ne s’intéressait pas à elle. Alors elle déprima et alla draguer Loulou pour le rendre jaloux. Ce qui n’avait pas vraiment l’air de fonctionner non plus. Un jour, elle lui lança des cailloux, même pas il se retourna. Elle raconta tout ça à Janice qui lui dit qu’elle devrait essayer de lui faire boire un élixir d’amour. La recette était simple : faire bouillir dans de l’eau trois pattes d’araignée, trois poils d’une crinière de lion, deux pastilles effervescentes de paracétamol, un peu de sel et boire ça sous une cascade le soir de la quatrième pleine lune de novembre. Victoria voulut essayer et se rendit dans un cirque, mais ne trouva qu’une lionne et pas de lion, alors elle abandonna l’idée. Elle et Janice développèrent une super amitié. Alors la princesse vint à se confier sur son identité réelle et lui demanda d’aider sa famille à s’évader. Ce à quoi Victoria rétorqua que c’était une trahison et qu’elle ne voulait pas finir en prison ! Vertuchou, c’est ça l’amitié ! pensa Janice qui s’empressa de prendre le lapin en bronze qui trainait sur le bureau et de commettre un meurtre. Elle craignait trop la délation. Victoria sur les bras, il lui fallut faire disparaitre le corps. Ce qui tombait bien c’est que c’était la nuit et que l’autre n’avait pas émis un seul cri. Tout le monde resta à sommeiller, de toute façon ils étaient trop bourrés pour se rendre compte de quelque chose. Janice alla chercher un poney, et hissa sa pote dessus pour aller l’enterrer en forêt. Prise d’un petit regret, elle déposa quand même des roses sur le tas de terre. Après cette tragique disparition, la princesse sut qu’il ne fallait compter que sur soi-même.
Elle continua donc à jouer l’espionne, et personne ne s’inquiéta pour la camarade Victoria. Après deux semaines à organiser un concert à l’assemblée pour la promulgation de la nouvelle constitution, elle réussit à se faire affecter comme surveillante des prisonniers de la nouvelle nation. En la voyant, ses parents ne purent y croire, impossible se dirent-ils, ce ne pouvait être la réalité, ce ne pouvait être leur enfant chéri, leur étoile, leur Bételgeuse ! Quand elle leur chuchota « c’est bien moi », ce n’était pas une illusion ! C’était elle, leur hirondelle ! Elle leur dit qu’elle était venue pour les aider à s’échapper, qu’il n’y avait plus de temps à perdre. Les retrouvailles furent de toute beauté, entre joie et espoir. Ce qu’ils ne savaient pas encore, c’est que cette cruche n’avait aucun plan, le néant, ce qui était bien embêtant.
Pendant ce temps, Abby, la mouette, qui était restée à voler au-dessus de l’océan en face du pénitencier, et qui avait quand même une certaine loyauté, avait tout observé. Elle décida d’adopter une posture chevaleresque et de sauver sa patrie, c’est ça la fraternité. Eh oui, même si elle n’avait rien d’un humain elle était une fervente défenseuse du transhumanisme et ne pouvait laisser son clan être condamné au fouet des mastigophores et ses terres être polluées par des migrants. Dans une terrafurie, elle fonça tel un chevalier au secours de son amant, en flèche sur le premier gardien qui faisait sa ronde pour libérer un infini de fiente tombant des cieux. Cette vidange eut raison du maton qui se dit qu’il aurait mieux fait de rester professeur de mathématique et qui abandonna son poste dans un grand dégoût. Abby continua à lancer ses munitions dans une terrible acrimonie, rien ne comptait plus que vaincre et là la foudre la carbonisa, putain de Karma ! Heureusement, Abby est magique, c’est un phénix, l’oiseau éternel revint donc au combat. Un shoot par ci, un shoot par là. Et bing, en deux trois cuillères à pot de confiture, y’avait plus personne. Le roi, sa femme et ses enfants pouvaient enfin sortir de leur confinement, et Abby et Janice s’enlacer comme deux amants, et se faire un câlin dans une parfaite communion, la symbiose des confin’aimants qui s’aiment inlassablement.
Après cet intermède à l’eau de rose, le temps était venu de s’occuper de l’avenir du royaume. Il fallait organiser la résistance. Ensemble, ils engagèrent un faucon pour arpenter le ciel au-dessus du QG de la force ennemie, son œil aiguisé comme un poignard leur permit de tout savoir. Le roi n’avait qu’un but : récupérer sa couronne et s’il fallait ratiboiser la planète entière, il le ferait !
Malheureusement, il n’était pas beaucoup aidé : sa filiation manquait d’intelligence, sa belle-fille était une mouette dont le seul triomphe avait été de s’amuser à déféquer à tout vent, et sa cagole de femme était déjà repartie faire la courtisane auprès de son meilleur ami, Jésus, l’auteur d’un manuscrit sur Audiard et la chatte de la reine, fervent adepte d’érotographomanie, son bouquin était illustré d’une magnifique œuvre ithyphallique. Accessoirement, il était aussi joueur de hautbois. Ce type avait une cicatrice sur le menton, une jambe de bois (il avait subi une amputation après être tombé d’une balustrade), et se faisait appeler Jack le pirate. Sa naissance à Lyon avait été un évènement à l’époque, car il était l’improbable fils d’un paysan et de Gaïa, oui la déesse. Du coup, les gens pensaient qu’il avait un don : le pouvoir de faire pleuvoir des boomerangs. Mais en fait il avait juste le don de faire pousser des myosotis, c’est d’ailleurs comme ça qu’il dragua la reine : il écrivit « LOVE » en fleurs dans son jardin, au pied de sa fenêtre. Lassée de l’or et des rubis, elle trouva ceci subtil et prit conscience que la nature c’était plus joli que son lit, elle s’amouracha alors de l’érudit. Ils se retrouvaient en cachette sous les étoiles et dans leurs yeux le feu incandescent d’une galaxie irradiait leurs âmes d’une pureté enivrante. Ces énergies des âmes qui habitaient leur univers les emportaient dans une alchimie digne d’un concert de Bach, spécialiste de la cosmologie et membre du mouvement OuLiPo.
Le roi, qui avait des espions partout, dans un acrimonieux sentiment d’abandon voulu repartir à la conquête de sa flagellatrice tel Pélops sur son char et se mit à apprendre la guitare pour lui composer un morceau. Alors il commença à avoir la vision d’elle qui dansait un flamenco avec un hérisson. Là, il se dit qu’il n’aurait peut-être pas dû rajouter du coquelicot dans ses cigarettes tantôt, et avec ardeur, il s’en alla plutôt botter la fesse droite à la canaille de Bérurier qui lui servait d’ami. Nonobstant son aversion pour la décadence de faire les choses par lui-même, il se rendit chez la fripouille et lui demanda pourquoi il essayait de lui piquer l’unique lumière de sa vie. « Par pur égoïsme », lui répondit-il, et ce n’était pas un euphémisme. C’en était trop ! Le roi décida de bannir le paria dans une blaireautière des Ardennes ! Il lui dit qu’il préférait aller en Normandie si possible. Les antécédents de leur relation firent que le roi accepta, dans sa grande générosité. L’autre lui dit merci de ne pas l’avoir enfermé à l’asylum et se barra faire pénitence à Florence. La géographie était à ses yeux une vaste fumisterie.
Pendant ce temps, le roi essaya de se rabibocher avec sa dulcinée et cherchant le bon mot, il lui pondit un ardent poème :
« Oh ma belle, le sémaphore de tes yeux
Brule l’artère de mon cœur
Quand ton regard me glace
Nos cœurs-finement en apesanteur
Sous les arabesques de tes courbes
Sont la didascalie de mon émoi
Moi, ton roi, je me ferai Caligula
Si tu ne reviens pas te faire couver de baiser
Je ferai anéantir tous mes sujets
Solitaire, je deviens fou sans toi
Donne-moi ma chance que je réitère
Car sans l’harmonie qui m'a uni à toi, je ne respire
Le souvenir de ta chevelure des blés
Est le blasphème de mon espérance
Anathème de mes espoirs
Et l’ombre de ton sourire
Est un Apocalypse
Séisme d’eschatologie
Tempête de sable
Dans le mausolée de mes croyances
Pour une retrouvaille
Je ferai un opéra
Oh ma Calypso
Nous danserons bientôt un boléro
Et dans la cathédrale du verbe aimer
Au syncrétisme de mes pensées, j’irai te rencontrer
Pour qu’à nouveau nous soyons unis
Et que ton rire reste éternellement la vibration
Des instruments de ma damnation
Qui un jour fit qu’un frisson devint passion
Et que ton retour éteigne le manque qui me consume
Accorde-moi ta miséricorde et lève la brume
Qui a envahi la plage de notre bonheur
Non, ne laisse pas l’exode faire solastalgie de mon être
Et allons sous le souffle du sirocco faire éternité
De notre résilience et annihiler l’infidélité
Que tu m’as faite, espèce de chiroptère
Virus infâme plus acide que l’eau du Styx
Même le coronavirus ne me coupe pas autant la respiration
Que les mensonges qui fascinent de ta babine
Offerte au premier Roger venu »
Finalement, il se dit que la fin manquait de positif, voir que c’était carrément pessimiste, et jeta son épitaphe aux ordures. Puis, lui fit livrer une émeraude avec une feuille où était inscrit : « reviens et t’en auras d’autres ». Alors elle revint et ça lui coûta cher. Il se demanda pourquoi il faisait toujours preuve d’imbécilité : il aurait dû lui offrir un abonnement Netflix, quel con fini con-fine de pas y avoir pensé. Et tout ça pour au final n’avoir aucune reconnaissance. Comme dirait son ministre des libations : toutes des Kasia, on est que des pions !
Bon pour en revenir à la mafia qui occupait son trône, il réfléchit à un projet pour récupérer sa place. Déjà, il alla dans le Vercors trouver l’ermite qui vivait dans la montagne de la désolation. Il lui fallut affronter un serpent, une louve et un robot, avant d’atteindre, au nord, la béance de sa grotte qui ressemblait à un sarcophage. À l’entrée, la tête d’un cerf accrochée en hauteur était en train de pourrir. L’ermite vivait dans une pauvreté absolue. Dans le fond de l’unique pièce, on distinguait un piano sur lequel était posé un cendrier avec une clope encore allumée. L’hôte était en pleine séance de burpees, mais s’arrêta pour lui proposer un expresso. Par respect, le roi le but même s’il regretta indéniablement, ce café était particulièrement dégueulasse. Quand l’ermite, de son vrai nom Charlie Moreau, ancien sauveteur à Binic, lui expliqua que l’ingrédient secret qu’il y ajoutait était du jus de salamandre, le roi, menteur, lui dit que c’était délicieux. Puis il lui expliqua que lui valait l’honneur de sa sublime présence : l’aider à retrouver les absolutismes de sa monarchie. Charlie pensif, mit le vinyle d’Alexandra Malo, chanteuse du célèbre tube Massilia, puis lui proposa une frite. Cette fois, le roi refusa. Leur réforme est une utopie ubuesque, lui scanda alors Charlie qui était en train de pianoter sur son Galaxy 5D pour lui montrer la vidéo en stream live de dissidents qui prônait déjà la désobéissance. Leur leader, Elisa, était l’ex de celui qui se faisait appeler Néo, fan de Matrix, et qui s’était autoproclamé dirigeant visionnaire. « Mort au maitre liberticide » criait-elle dans l’écran. Néo l’avait trompée avec Eve et elle n’avait pas appréciée. Regardez, reprit Charlie, comme ils font preuve d’inhumanité et de concupiscence, vous pouvez facilement renverser ce putsch !
Maintenant que le roi avait retrouvé confiance en lui, il pouvait partir au combat sans blêmir. Il remercia l’ermite avec toute sa gratitude pour la discussion et la leçon pleine de spiritualité qu’il lui avait enseignée et s’en alla, pugnace, sillonner la Belgique pour recruter les manifestants auxquels il promit une interdépendance quand il aurait récupéré son royaume.
Et, dans une sauvage marche clanique, aux allures de gruppetto, ils se dirigèrent vers le royaume à reconquérir. Assoiffés, ils firent quand même une halte à la rivière et c’est là que le roi fit sa rencontre : l’Ange Line. Debout sur le rivage. Mésange sur un nuage onirique. Songe défendu. Laniakea dans son horizon. Tout ce qu’il avait pu endurer jusqu’à présent s’envolait comme un papillon en l’espace d’un instant. Elle était l’innocence incarnée. Son répit. L’ineffable métamorphose du crépuscule en aube. Sur sa joue, une larme qui perle. Synesthésie d’un écorche-ciel. Son être entier était un recueil de poésie. Il voulait se tatouer la couleur de sa tendresse, se faire un cocon avec l’iridescence de sa pupille et dessiner sous ses doigts le candide mystère de ses hanches. Pour résumer de façon laconique et arrêter la fioriture : il bandait comme un goret, la peau de son sexe plus lisse que des cheveux d’une Geisha.
Certes, il était roi, mais face à un tel trésor, c’est l’humilité qui l’habitait. Il n’était plus qu’un profane au paroxysme de sa prétérition. Son désir de la mordre bataillait avec la délectation éphémère de ne pas salir l’intimité de cet instant. La tentation de l’étreinte fut bientôt trop proche pour ne pas y céder. Et dans un rocambolesque saut, loin de l’envol gracieux d’un cygne, il tomba la tête la première dans la Meuse et se fracassa le crâne sur un rocher. On le soigna avec de la pâte à mâcher parce qu’on avait que ça. Line, l’ange, dont la douceur n’égalait que sa sensualité, joua à loisir à l’infirmière en toute bienveillance, soignant son bon roi à coup d’anulingus. Ce qui fut un émerveillement de médicament. Magie de l’amour.
Mais quand sa fragilité fut de moins en moins prononcée, il s’aperçut qu’elle lui avait piqué tous ses billets, en vérité c’était juste une prostituée. Sempiternel recommencement, encore séduit par une jolie frimousse, une fois de plus ! C’en était trop ! Les cicatrices de son cœur docile ne se refermeraient plus, les femmes n’étaient en vrai qu’une pâle polycopie du bonheur qu’il poursuivait. Il ne fallait plus compter sur elles pour abonnir sa vie. Après la désillusion de cet enfumage passée, il décida de ne plus compter que sur la solidarité de ses frères mercenaires, son armée, sa fratrie ! Au diable le charnel qui fait de lui un pantin ! Il ne ferait plus la sottise de retomber dans l’antre des hirondelles qui ne sont qu’une chimère. Il dit donc à la catin de se casser en lui balançant son string au visage, but une infusion de tilleul pour se calmer et resta égocentré. Il comprit mieux pourquoi il n’était jamais ponctuel : à chaque fois tout foire.
Avec le soutien de son armée, il reprit le chemin de sa quête. Arrivé devant la baraque à frites d’Annick, il sut que rien n’était perdu puisque la horde s’était déjà entretuée. L’euphorie le saisit, cette mascarade était terminée, la normalité de sa vie allait pouvoir reprendre. C’était sans connaitre l’audace de son fils, Bruno, qui, désinhibé, avait profité que son père soit absent pour se déclarer seul candidat au poste vacant de roi. Il faut dire que l’épectase de son frère Llyod lui avait aussi enlevé le seul concurrent présent potentiel. Comment son propre fils avait pu le trahir ainsi ? La nostalgie l’envahit, mais l’époque où il lui préparait son biberon de vodka était loin ! Oh désespoir ! Était-il donc le seul à être doté de vertu dans ce royaume ? Il acheta un ordinateur et tenta de prendre contact avec son garçon en envoyant une flopée de mails, mais ils restèrent sans réponse. Bruno n’avait aucune empathie pour son père, il gardait même contre lui une certaine amertume depuis qu’il l’avait forcé à faire des études en psychiatrie, lui qui voulait devenir producteur de films X.
Pendant, ses études il avait dû vivre dans un minuscule studio éclairé à la bougie en face d’une mosquée et d’une boutique de xylophone où il rencontra par hasard Christiane Mano, une ancienne bergère de Chimay, dont tous les ancêtres étaient bayles. Elle avait décidé d’arrêter la fabrication de fromage pour se consacrer à l’étude de la poterie gauloise et de sa répartition en Europe. Ce couple pas banal s’était marié sous un réverbère au Brésil et y resta le temps de la grossesse de Christiane parce qu’elle avait soif de métissage multiculturel. Le Brésil vit donc naître Hélène, sous la canopée où sa mère était en train de flâner.
Quand ils revinrent au palais, ils furent priés d’aller habiter dans les écuries, car la petite faisait des gribouillages sur les tapisseries, ce qui vexa encore un peu plus Bruno. C’est pourquoi le roi avait du mouron à se faire lol, c’était bien illusoire de croire que son fils allait lui rendre le pouvoir. Il tenta quand même de mandater le facteur en messager, mais ce dernier se trompa et livra sa lettre à un artisan de Cernay. Le roi attendit en vain un signe et se résigna à aller cultiver du blé à Lille.
C’est là qu’il se passionna pour l’art de l’enluminure et la culture du Lys. Un jour qu’il se promenait dans les champs pendant que les oiseaux étaient en train de zinzinuler au couchant, il trouva sur le sol entre une renoncule et un chrysanthème une améthyste. Circonspect, il se pencha doucement pour la relever. Sous la pierre s’échappèrent des dizaines de lucioles qui créèrent de petits tourbillons et une fée apparue. « Je suis Marguerite, la fée pâquerette, quel est ton vœu ? » Le roi qui pensait encore avoir trop bu dit avec humour « je veux devenir Pinocchio ». Manque de pot, ce n’était pas un délire de pochtron, il tomba raide et sa résurrection en marionnette le rendit vert. Quand il se regarda dans un miroir quelle tragédie ! Un roi de bois, sans royaume, qui boit. Enfin il pouvait plus. En récupérant les liens de cuir de sa bourse, il tenta de faire une garcette pour se pendre, mais il échoua.
De là, il décida de partir faire une expédition dans le cercle polaire. Ceci devint sa catharsis. Jamais il n’avait autant senti la liberté planer sur lui. Un jour, il tomba sur un Eskimo qui ne faisait que lui dire obrigado parce qu’il pensait qu’il était portugais et que c’était le seul mot qu’il connaissait. Il devint alors pêcheur à ses côtés, en étant menteur son nez devenait un harpon, c’était plus rapide que la pêche à la ligne. Ils se mirent alors à vivre en codépendance. L’un avait besoin de partage et d’humanité, l’autre de manger. Un matin qu’ils étaient en train de regarder le live d’un spécialiste du calembour et de la litote, un éclectique philosophe qui ne parlait qu’en octosyllabe leur demanda son chemin. Il avait rendez-vous à la fête du Yin-Yang. Mais eux n’en avaient jamais entendu parler. La transmission des lives étant de plus en plus mauvaise, ils décidèrent d’aider ce type. Ce penseur les accusa d’ultracrepidarianisme quand ils donnèrent leur avis sur un pamphlet dont il était la plume. Ils en avaient marre de lui, alors quand une brèche divisa le sol en deux et qu’ils le perdirent dans l’infini pur et blanc du paysage, ce fut grandiose.
Ce destin ponctué d’aventures plaisait au roi, mais la rentabilité de leur entreprise finit par le lasser, il n’avait jamais voulu devenir poissonnier. Il empocha alors son salaire et revendit ses dividendes puis retourna dans son royaume. Il fit d’ailleurs bien, car la décroissance qui arriva juste après lui aurait fait faire faillite. Il se rendit dans le champ en friche et appela Marguerite, la fée apparue. Il lui demanda la réinitialisation de son souhait, elle l’autorisait, mais qu’en échange d’un gant apotropaïque qu’il lui fallait récupérer sous une éolienne un soir de pleine lune. C’était son unique cartouche alors il accepta.
Mais il allait encore devoir surmonter de moult périphéries. D’abord, il fut renversé par un éléphant, et fut frappé d’amnésie. Ce qui le laissa dans l’ignorance de sa croix plusieurs jours jusqu’à ce qu’un message subliminal l’éveille et qu’il recouvre la mémoire. Il se souvint qu’il voulait revivre en tant qu’humain. Ensuite, il tomba sur une SPA où il décida d’adopter une hyène dont les rires d’une certaine singularité effrayaient les passants, en plus elle ne faisait que lui désobéir. Quand il n’eut plus de pouture pour la nourrir, il passa au bouillon, quand il n’eut plus de bouillon, il l’attacha devant le centre interculturel Phoenicia en oubliant toutes ses valeurs morales. Puis, il s’enrôla sur un navire où le nocher peu prolixe le missionna de remplir des tableurs sept jours sur sept. Comme son contrat était à temps partiel, il trouva ça abusé. Et quand il en eut vraiment marre de la promiscuité avec les autres matelots, il se barra à la nage le jour d’un ancrage dans une baie des Caraïbes.
Et dans la polarité incongrue des destinées, voilà qu’en s’échouant il tombe sur son pote Jack le pirate et sa reine. Il se dit qu’il avait dû inspirer trop d’eau, et qu’ils n’étaient qu’une entité apparaissant comme l’exutoire de son passé, mais non le bruit des frottements de la jambe de bois de son rival sur le sable était bien réel. Il ne leur dévoila pas qu’il était le roi, mais leur demanda s’il n’y avait pas un gant conjureur de mauvais sorts dans le coin. Ce à quoi ils répondirent que oui, qu’il lui fallait progresser jusqu’à une maison avec un seul contrevent orange, et que derrière il verrait une éolienne sous laquelle était enterré le gant qu’il cherchait. Il courut alors vers son but, s’envolant presque, il se sentait fil arachnéen dans le vent, puis se prit les pieds dans des algues et resta coincé à jamais. Bout de bois flottant au gré des marées.
FIN
J'ai terminée mon histoire, je n'ai pas regardé combien de temps j'ai mis, puisque j'ai écris un peu par ci, un peu par là.
4 895 mots
La petite histoire du royaume des ivrognes
Un conte de Maman Minouche sponsorisé par la fédération du trimaran jaune encalminé et la congrégation du prépuce pivoine bouffi
Il était un royaume où le champagne coulait à flots, où les habitants partageaient des plaisirs dionysiaques, vautrés dans la luxure. Oui, chaque repas était un apéro, de plaisir et d’insouciance. Oui, les bouteilles des frangins s’y offraient du soir au matin et l'on y trinquait toujours en criant na zdrowie. Dans ce monde-là, on voyait voler des licornes et des ornithorynques. Les gens, affublés de charentaises et de manteau en peau de pangolin, avaient un goût prononcé pour la déchéance et la vie de bohème. Mais vu que tous étaient pareils, ça ne posait pas de problème. On ne jurait que par l’hédonisme, unique religion du royaume.
Le roi, qui avait des hémorroïdes et vouait une passion démesurée à la conception d’origami en forme de cheval, était un vieux à la barbe rousse qui adorait le whisky. Son mariage avec la princesse Leila avait donné naissance à trois beaux enfants : Janice, Bruno et Llyod. Élevés au bordeaux et au Picon, ils étaient tous plus cons les uns que les autres, des cons fient nés, un con fini, un con fit nez, qui avait du nez. En effet, Llyod sentait les alambics chauffer à quinze kilomètres à la ronde. Bruno, lui, avait une passion érotique pour la vodka, dans laquelle il ajoutait toujours une olive verte. Si on lui apportait, petit prince qu’il était, une vodka avec une olive noire, il se mettait dans une colère digne d’une insurrection des hébreux contre les philistins.
Janice, elle, s’était secrètement mariée avec une mouette, prénommée Abby, qui lui avait gentiment arraché de son bec le gros furoncle trônant sur son visage bouffi. Ce geste d’amour inconditionnel avait séduit la princesse comme jamais. Elle avait donc embarqué l’oiseau des mers sous sa robe rouge, Abby faillit s’en étouffer, et elle s’était arrêtée dans la première église venue pour l’épouser. Le prêtre, bourré comme tous les gens du royaume, n’y trouva rien de choquant. Mais comme il manquait des témoins, et qu’aucun chat noir ou blanc ne passait dans le coin, il dut sauter sur sa mobylette pour aller chercher les premiers péquins qui passaient par là. Et dans l’aléatoire de la destinée, voilà qu’il rencontra deux clandestines : Ana et Annabelle qui sentaient bon la mirabelle. Les deux gourgandines qui sortaient d’une soirée libertine de chez un baron du bout de la rue, et qui étaient en train de danser sur l’asphalte un tango en mangeant un cookie, trouvèrent tout ceci très romantique et acceptèrent la requête du Père Le Corbusier, architecte reconverti en disciple de Dieu, et fervent défenseur de la doctrine des Fl’âmes. Les trois compères retournèrent donc auprès de la princesse et de son oiseau qu’elle maintenait tant bien que mal sous jupon et qui n’avait quasiment plus de souffle (parce que cela va sans dire, la mouette n’avait qu’un seul rêve : partir !) et après un discours apostolique, on célébra leur union sous l’alcôve de la chapelle Sainte Colombine.
Les jeunes mariés firent quelques photos souvenir dans le cimetière d’à côté et pour fêter ça allèrent manger des lasagnes chez Raymond, petite auberge où l'on servait de la bière Desperados sur du Brassens à n’importe quelle heure de la journée. Abby, qui était à deux pattes de mourir tellement elle ne pouvait plus respirer, réussi à prendre la poudre d’escampette quand le gnome qui lui servait de femme s’éclipsa, car elle avait envie de poser une pêche. D’ailleurs l’écho d’un prout résonna dans tout le restaurant et mit tous les clients en apnée, la digestion du levain n’était pas son fort. Du coup, elle se dit qu’elle aurait mieux fait de jeuner, mais bon c’était un peu tard. Quand elle constata que sa femme lui avait fait faux bond, elle fut prise d’un grand manque, quelle ne fut pas sa tristesse. Frappée d’une profonde mélancolie, c’est avec sa solitude qu’elle retourna au château.
Elle noya alors son chagrin dans le tabac, et une semaine plus tard, après s’être mise à cloper à n’en plus finir et avoir fini par cracher tous ses poumons, elle décida de se résigner à la fatalité et de partir seule en voyage de noces.
Sa quête désormais était de trouver l’endroit idéal. Elle fit la tournée des agences : Rome et sa chapelle Sixtine, Hambourg, Singapour, Varsovie, Paris, Toulouse… elle ne savait quelle ville choisir. L’un des voyagistes lui proposa le Pérou, évasion parfaite pour se ressourcer et découvrir la culture aztèque et les élevages d’alpaga. Elle réfléchit en mangeant une pomme.
Finalement, elle irait à Sedan, ce qui lui évitait de demander de l’argent à ses grands-parents et de devoir se coltiner un déjeuner à manger du caramel trop dur et à regarder le JT de BFM. Elle fit ses bagages en n’oubliant pas ses beaux escarpins bleus, et son marcel jaune. Après six jours de voiture, la voici presque arrivée, des bouchons à l’entrée de la ville lui fit perdre sa politesse : « putain ! espèce d’octodon rabougri tu le bouges ton tas de ferraille, on dirait un tracteur du Cantal ! » En plus, ce matin-là il pleuvait, et faisait un froid de canard alors qu’on était au printemps. Bref, quand le soleil fut à son zénith, elle atteignit son hôtel. Un éducateur spécialisé était en pleine conversation avec l’hôtelier, il lui parlait politique : de Macron, de social et de la sodomination des soignants, elle les interrompu pour glisser qu’on ne savait jamais où passait nos impôts. Du coup, elle attira leur attention, et put dire qu’elle avait réservé.
Sa chambre donnait sur un mur où était inscrit « Le Pen = haine ». En conséquence, il n’y avait pas beaucoup de lumière, là elle se dit que pour un voyage de noces elle aurait mieux fait de choisir Messine ou la Rochelle, histoire d’avoir l’air marin, et une vue où l'on voit le ciel. Comme elle n’avait rien à visiter, elle passa sa semaine à jouer à la PS4, geeker sur Internet et à regarder la ligue 1, six jours de bagnole pour ça, elle regretta cette ineptie.
Quand elle rentra dans le royaume, c’était un beau bordel. La horde rebelle avait envahi leurs terres et faisait diffuser une chanson sur la dictature du roi dans les bistrots. Cette rébellion bien organisée prônait le télétravail et l’abolition du capitalisme. Le roi et le reste de la famille royale avaient été enfermés au pénitencier où il ramassait des tomates sous la chaleur. Voyant ça, Janice mit un masque pour ne pas être reconnue et avec courage elle s’infiltra chez l’ennemi.
C’est là qu’elle rencontra Valentina, amoureuse d’Hugo, un poète tout juste revenant d’une mission humanitaire à Girmont dans les Vosges. Il s’était occupé un an d’un Schtroumpf drogué au poker qui se croyait être le sosie de Perceval dans Kaamelott. Il avait passé les six premiers mois à lui démontrer que Perceval n’était pas bleu et les six autres mois a essayé de lui faire détester les jeux de cartes. Alors le Schtroumpf avait transféré son addiction dans le loto de la Française des jeux, du coup Hugo en eut marre et voulut se barrer à Miami écouter les DJ. Mais il croisa le convoi de rebelles et fut en accord avec leur révolte, alors comme il savait manier les mots, il fut assigné à l’écriture du slogan de leur clan : « Oskur » oui il n’y avait qu’un mot et l’orthographe n’était pas son Graal, ça voulait dire sombre, parce que c’est classe. C’est là que Valentina le remarqua. Elle, elle dessinait un logo, du coup elle fit un corbeau, parce que c’est classe. Mais Hugo ne s’intéressait pas à elle. Alors elle déprima et alla draguer Loulou pour le rendre jaloux. Ce qui n’avait pas vraiment l’air de fonctionner non plus. Un jour, elle lui lança des cailloux, même pas il se retourna. Elle raconta tout ça à Janice qui lui dit qu’elle devrait essayer de lui faire boire un élixir d’amour. La recette était simple : faire bouillir dans de l’eau trois pattes d’araignée, trois poils d’une crinière de lion, deux pastilles effervescentes de paracétamol, un peu de sel et boire ça sous une cascade le soir de la quatrième pleine lune de novembre. Victoria voulut essayer et se rendit dans un cirque, mais ne trouva qu’une lionne et pas de lion, alors elle abandonna l’idée. Elle et Janice développèrent une super amitié. Alors la princesse vint à se confier sur son identité réelle et lui demanda d’aider sa famille à s’évader. Ce à quoi Victoria rétorqua que c’était une trahison et qu’elle ne voulait pas finir en prison ! Vertuchou, c’est ça l’amitié ! pensa Janice qui s’empressa de prendre le lapin en bronze qui trainait sur le bureau et de commettre un meurtre. Elle craignait trop la délation. Victoria sur les bras, il lui fallut faire disparaitre le corps. Ce qui tombait bien c’est que c’était la nuit et que l’autre n’avait pas émis un seul cri. Tout le monde resta à sommeiller, de toute façon ils étaient trop bourrés pour se rendre compte de quelque chose. Janice alla chercher un poney, et hissa sa pote dessus pour aller l’enterrer en forêt. Prise d’un petit regret, elle déposa quand même des roses sur le tas de terre. Après cette tragique disparition, la princesse sut qu’il ne fallait compter que sur soi-même.
Elle continua donc à jouer l’espionne, et personne ne s’inquiéta pour la camarade Victoria. Après deux semaines à organiser un concert à l’assemblée pour la promulgation de la nouvelle constitution, elle réussit à se faire affecter comme surveillante des prisonniers de la nouvelle nation. En la voyant, ses parents ne purent y croire, impossible se dirent-ils, ce ne pouvait être la réalité, ce ne pouvait être leur enfant chéri, leur étoile, leur Bételgeuse ! Quand elle leur chuchota « c’est bien moi », ce n’était pas une illusion ! C’était elle, leur hirondelle ! Elle leur dit qu’elle était venue pour les aider à s’échapper, qu’il n’y avait plus de temps à perdre. Les retrouvailles furent de toute beauté, entre joie et espoir. Ce qu’ils ne savaient pas encore, c’est que cette cruche n’avait aucun plan, le néant, ce qui était bien embêtant.
Pendant ce temps, Abby, la mouette, qui était restée à voler au-dessus de l’océan en face du pénitencier, et qui avait quand même une certaine loyauté, avait tout observé. Elle décida d’adopter une posture chevaleresque et de sauver sa patrie, c’est ça la fraternité. Eh oui, même si elle n’avait rien d’un humain elle était une fervente défenseuse du transhumanisme et ne pouvait laisser son clan être condamné au fouet des mastigophores et ses terres être polluées par des migrants. Dans une terrafurie, elle fonça tel un chevalier au secours de son amant, en flèche sur le premier gardien qui faisait sa ronde pour libérer un infini de fiente tombant des cieux. Cette vidange eut raison du maton qui se dit qu’il aurait mieux fait de rester professeur de mathématique et qui abandonna son poste dans un grand dégoût. Abby continua à lancer ses munitions dans une terrible acrimonie, rien ne comptait plus que vaincre et là la foudre la carbonisa, putain de Karma ! Heureusement, Abby est magique, c’est un phénix, l’oiseau éternel revint donc au combat. Un shoot par ci, un shoot par là. Et bing, en deux trois cuillères à pot de confiture, y’avait plus personne. Le roi, sa femme et ses enfants pouvaient enfin sortir de leur confinement, et Abby et Janice s’enlacer comme deux amants, et se faire un câlin dans une parfaite communion, la symbiose des confin’aimants qui s’aiment inlassablement.
Après cet intermède à l’eau de rose, le temps était venu de s’occuper de l’avenir du royaume. Il fallait organiser la résistance. Ensemble, ils engagèrent un faucon pour arpenter le ciel au-dessus du QG de la force ennemie, son œil aiguisé comme un poignard leur permit de tout savoir. Le roi n’avait qu’un but : récupérer sa couronne et s’il fallait ratiboiser la planète entière, il le ferait !
Malheureusement, il n’était pas beaucoup aidé : sa filiation manquait d’intelligence, sa belle-fille était une mouette dont le seul triomphe avait été de s’amuser à déféquer à tout vent, et sa cagole de femme était déjà repartie faire la courtisane auprès de son meilleur ami, Jésus, l’auteur d’un manuscrit sur Audiard et la chatte de la reine, fervent adepte d’érotographomanie, son bouquin était illustré d’une magnifique œuvre ithyphallique. Accessoirement, il était aussi joueur de hautbois. Ce type avait une cicatrice sur le menton, une jambe de bois (il avait subi une amputation après être tombé d’une balustrade), et se faisait appeler Jack le pirate. Sa naissance à Lyon avait été un évènement à l’époque, car il était l’improbable fils d’un paysan et de Gaïa, oui la déesse. Du coup, les gens pensaient qu’il avait un don : le pouvoir de faire pleuvoir des boomerangs. Mais en fait il avait juste le don de faire pousser des myosotis, c’est d’ailleurs comme ça qu’il dragua la reine : il écrivit « LOVE » en fleurs dans son jardin, au pied de sa fenêtre. Lassée de l’or et des rubis, elle trouva ceci subtil et prit conscience que la nature c’était plus joli que son lit, elle s’amouracha alors de l’érudit. Ils se retrouvaient en cachette sous les étoiles et dans leurs yeux le feu incandescent d’une galaxie irradiait leurs âmes d’une pureté enivrante. Ces énergies des âmes qui habitaient leur univers les emportaient dans une alchimie digne d’un concert de Bach, spécialiste de la cosmologie et membre du mouvement OuLiPo.
Le roi, qui avait des espions partout, dans un acrimonieux sentiment d’abandon voulu repartir à la conquête de sa flagellatrice tel Pélops sur son char et se mit à apprendre la guitare pour lui composer un morceau. Alors il commença à avoir la vision d’elle qui dansait un flamenco avec un hérisson. Là, il se dit qu’il n’aurait peut-être pas dû rajouter du coquelicot dans ses cigarettes tantôt, et avec ardeur, il s’en alla plutôt botter la fesse droite à la canaille de Bérurier qui lui servait d’ami. Nonobstant son aversion pour la décadence de faire les choses par lui-même, il se rendit chez la fripouille et lui demanda pourquoi il essayait de lui piquer l’unique lumière de sa vie. « Par pur égoïsme », lui répondit-il, et ce n’était pas un euphémisme. C’en était trop ! Le roi décida de bannir le paria dans une blaireautière des Ardennes ! Il lui dit qu’il préférait aller en Normandie si possible. Les antécédents de leur relation firent que le roi accepta, dans sa grande générosité. L’autre lui dit merci de ne pas l’avoir enfermé à l’asylum et se barra faire pénitence à Florence. La géographie était à ses yeux une vaste fumisterie.
Pendant ce temps, le roi essaya de se rabibocher avec sa dulcinée et cherchant le bon mot, il lui pondit un ardent poème :
« Oh ma belle, le sémaphore de tes yeux
Brule l’artère de mon cœur
Quand ton regard me glace
Nos cœurs-finement en apesanteur
Sous les arabesques de tes courbes
Sont la didascalie de mon émoi
Moi, ton roi, je me ferai Caligula
Si tu ne reviens pas te faire couver de baiser
Je ferai anéantir tous mes sujets
Solitaire, je deviens fou sans toi
Donne-moi ma chance que je réitère
Car sans l’harmonie qui m'a uni à toi, je ne respire
Le souvenir de ta chevelure des blés
Est le blasphème de mon espérance
Anathème de mes espoirs
Et l’ombre de ton sourire
Est un Apocalypse
Séisme d’eschatologie
Tempête de sable
Dans le mausolée de mes croyances
Pour une retrouvaille
Je ferai un opéra
Oh ma Calypso
Nous danserons bientôt un boléro
Et dans la cathédrale du verbe aimer
Au syncrétisme de mes pensées, j’irai te rencontrer
Pour qu’à nouveau nous soyons unis
Et que ton rire reste éternellement la vibration
Des instruments de ma damnation
Qui un jour fit qu’un frisson devint passion
Et que ton retour éteigne le manque qui me consume
Accorde-moi ta miséricorde et lève la brume
Qui a envahi la plage de notre bonheur
Non, ne laisse pas l’exode faire solastalgie de mon être
Et allons sous le souffle du sirocco faire éternité
De notre résilience et annihiler l’infidélité
Que tu m’as faite, espèce de chiroptère
Virus infâme plus acide que l’eau du Styx
Même le coronavirus ne me coupe pas autant la respiration
Que les mensonges qui fascinent de ta babine
Offerte au premier Roger venu »
Finalement, il se dit que la fin manquait de positif, voir que c’était carrément pessimiste, et jeta son épitaphe aux ordures. Puis, lui fit livrer une émeraude avec une feuille où était inscrit : « reviens et t’en auras d’autres ». Alors elle revint et ça lui coûta cher. Il se demanda pourquoi il faisait toujours preuve d’imbécilité : il aurait dû lui offrir un abonnement Netflix, quel con fini con-fine de pas y avoir pensé. Et tout ça pour au final n’avoir aucune reconnaissance. Comme dirait son ministre des libations : toutes des Kasia, on est que des pions !
Bon pour en revenir à la mafia qui occupait son trône, il réfléchit à un projet pour récupérer sa place. Déjà, il alla dans le Vercors trouver l’ermite qui vivait dans la montagne de la désolation. Il lui fallut affronter un serpent, une louve et un robot, avant d’atteindre, au nord, la béance de sa grotte qui ressemblait à un sarcophage. À l’entrée, la tête d’un cerf accrochée en hauteur était en train de pourrir. L’ermite vivait dans une pauvreté absolue. Dans le fond de l’unique pièce, on distinguait un piano sur lequel était posé un cendrier avec une clope encore allumée. L’hôte était en pleine séance de burpees, mais s’arrêta pour lui proposer un expresso. Par respect, le roi le but même s’il regretta indéniablement, ce café était particulièrement dégueulasse. Quand l’ermite, de son vrai nom Charlie Moreau, ancien sauveteur à Binic, lui expliqua que l’ingrédient secret qu’il y ajoutait était du jus de salamandre, le roi, menteur, lui dit que c’était délicieux. Puis il lui expliqua que lui valait l’honneur de sa sublime présence : l’aider à retrouver les absolutismes de sa monarchie. Charlie pensif, mit le vinyle d’Alexandra Malo, chanteuse du célèbre tube Massilia, puis lui proposa une frite. Cette fois, le roi refusa. Leur réforme est une utopie ubuesque, lui scanda alors Charlie qui était en train de pianoter sur son Galaxy 5D pour lui montrer la vidéo en stream live de dissidents qui prônait déjà la désobéissance. Leur leader, Elisa, était l’ex de celui qui se faisait appeler Néo, fan de Matrix, et qui s’était autoproclamé dirigeant visionnaire. « Mort au maitre liberticide » criait-elle dans l’écran. Néo l’avait trompée avec Eve et elle n’avait pas appréciée. Regardez, reprit Charlie, comme ils font preuve d’inhumanité et de concupiscence, vous pouvez facilement renverser ce putsch !
Maintenant que le roi avait retrouvé confiance en lui, il pouvait partir au combat sans blêmir. Il remercia l’ermite avec toute sa gratitude pour la discussion et la leçon pleine de spiritualité qu’il lui avait enseignée et s’en alla, pugnace, sillonner la Belgique pour recruter les manifestants auxquels il promit une interdépendance quand il aurait récupéré son royaume.
Et, dans une sauvage marche clanique, aux allures de gruppetto, ils se dirigèrent vers le royaume à reconquérir. Assoiffés, ils firent quand même une halte à la rivière et c’est là que le roi fit sa rencontre : l’Ange Line. Debout sur le rivage. Mésange sur un nuage onirique. Songe défendu. Laniakea dans son horizon. Tout ce qu’il avait pu endurer jusqu’à présent s’envolait comme un papillon en l’espace d’un instant. Elle était l’innocence incarnée. Son répit. L’ineffable métamorphose du crépuscule en aube. Sur sa joue, une larme qui perle. Synesthésie d’un écorche-ciel. Son être entier était un recueil de poésie. Il voulait se tatouer la couleur de sa tendresse, se faire un cocon avec l’iridescence de sa pupille et dessiner sous ses doigts le candide mystère de ses hanches. Pour résumer de façon laconique et arrêter la fioriture : il bandait comme un goret, la peau de son sexe plus lisse que des cheveux d’une Geisha.
Certes, il était roi, mais face à un tel trésor, c’est l’humilité qui l’habitait. Il n’était plus qu’un profane au paroxysme de sa prétérition. Son désir de la mordre bataillait avec la délectation éphémère de ne pas salir l’intimité de cet instant. La tentation de l’étreinte fut bientôt trop proche pour ne pas y céder. Et dans un rocambolesque saut, loin de l’envol gracieux d’un cygne, il tomba la tête la première dans la Meuse et se fracassa le crâne sur un rocher. On le soigna avec de la pâte à mâcher parce qu’on avait que ça. Line, l’ange, dont la douceur n’égalait que sa sensualité, joua à loisir à l’infirmière en toute bienveillance, soignant son bon roi à coup d’anulingus. Ce qui fut un émerveillement de médicament. Magie de l’amour.
Mais quand sa fragilité fut de moins en moins prononcée, il s’aperçut qu’elle lui avait piqué tous ses billets, en vérité c’était juste une prostituée. Sempiternel recommencement, encore séduit par une jolie frimousse, une fois de plus ! C’en était trop ! Les cicatrices de son cœur docile ne se refermeraient plus, les femmes n’étaient en vrai qu’une pâle polycopie du bonheur qu’il poursuivait. Il ne fallait plus compter sur elles pour abonnir sa vie. Après la désillusion de cet enfumage passée, il décida de ne plus compter que sur la solidarité de ses frères mercenaires, son armée, sa fratrie ! Au diable le charnel qui fait de lui un pantin ! Il ne ferait plus la sottise de retomber dans l’antre des hirondelles qui ne sont qu’une chimère. Il dit donc à la catin de se casser en lui balançant son string au visage, but une infusion de tilleul pour se calmer et resta égocentré. Il comprit mieux pourquoi il n’était jamais ponctuel : à chaque fois tout foire.
Avec le soutien de son armée, il reprit le chemin de sa quête. Arrivé devant la baraque à frites d’Annick, il sut que rien n’était perdu puisque la horde s’était déjà entretuée. L’euphorie le saisit, cette mascarade était terminée, la normalité de sa vie allait pouvoir reprendre. C’était sans connaitre l’audace de son fils, Bruno, qui, désinhibé, avait profité que son père soit absent pour se déclarer seul candidat au poste vacant de roi. Il faut dire que l’épectase de son frère Llyod lui avait aussi enlevé le seul concurrent présent potentiel. Comment son propre fils avait pu le trahir ainsi ? La nostalgie l’envahit, mais l’époque où il lui préparait son biberon de vodka était loin ! Oh désespoir ! Était-il donc le seul à être doté de vertu dans ce royaume ? Il acheta un ordinateur et tenta de prendre contact avec son garçon en envoyant une flopée de mails, mais ils restèrent sans réponse. Bruno n’avait aucune empathie pour son père, il gardait même contre lui une certaine amertume depuis qu’il l’avait forcé à faire des études en psychiatrie, lui qui voulait devenir producteur de films X.
Pendant, ses études il avait dû vivre dans un minuscule studio éclairé à la bougie en face d’une mosquée et d’une boutique de xylophone où il rencontra par hasard Christiane Mano, une ancienne bergère de Chimay, dont tous les ancêtres étaient bayles. Elle avait décidé d’arrêter la fabrication de fromage pour se consacrer à l’étude de la poterie gauloise et de sa répartition en Europe. Ce couple pas banal s’était marié sous un réverbère au Brésil et y resta le temps de la grossesse de Christiane parce qu’elle avait soif de métissage multiculturel. Le Brésil vit donc naître Hélène, sous la canopée où sa mère était en train de flâner.
Quand ils revinrent au palais, ils furent priés d’aller habiter dans les écuries, car la petite faisait des gribouillages sur les tapisseries, ce qui vexa encore un peu plus Bruno. C’est pourquoi le roi avait du mouron à se faire lol, c’était bien illusoire de croire que son fils allait lui rendre le pouvoir. Il tenta quand même de mandater le facteur en messager, mais ce dernier se trompa et livra sa lettre à un artisan de Cernay. Le roi attendit en vain un signe et se résigna à aller cultiver du blé à Lille.
C’est là qu’il se passionna pour l’art de l’enluminure et la culture du Lys. Un jour qu’il se promenait dans les champs pendant que les oiseaux étaient en train de zinzinuler au couchant, il trouva sur le sol entre une renoncule et un chrysanthème une améthyste. Circonspect, il se pencha doucement pour la relever. Sous la pierre s’échappèrent des dizaines de lucioles qui créèrent de petits tourbillons et une fée apparue. « Je suis Marguerite, la fée pâquerette, quel est ton vœu ? » Le roi qui pensait encore avoir trop bu dit avec humour « je veux devenir Pinocchio ». Manque de pot, ce n’était pas un délire de pochtron, il tomba raide et sa résurrection en marionnette le rendit vert. Quand il se regarda dans un miroir quelle tragédie ! Un roi de bois, sans royaume, qui boit. Enfin il pouvait plus. En récupérant les liens de cuir de sa bourse, il tenta de faire une garcette pour se pendre, mais il échoua.
De là, il décida de partir faire une expédition dans le cercle polaire. Ceci devint sa catharsis. Jamais il n’avait autant senti la liberté planer sur lui. Un jour, il tomba sur un Eskimo qui ne faisait que lui dire obrigado parce qu’il pensait qu’il était portugais et que c’était le seul mot qu’il connaissait. Il devint alors pêcheur à ses côtés, en étant menteur son nez devenait un harpon, c’était plus rapide que la pêche à la ligne. Ils se mirent alors à vivre en codépendance. L’un avait besoin de partage et d’humanité, l’autre de manger. Un matin qu’ils étaient en train de regarder le live d’un spécialiste du calembour et de la litote, un éclectique philosophe qui ne parlait qu’en octosyllabe leur demanda son chemin. Il avait rendez-vous à la fête du Yin-Yang. Mais eux n’en avaient jamais entendu parler. La transmission des lives étant de plus en plus mauvaise, ils décidèrent d’aider ce type. Ce penseur les accusa d’ultracrepidarianisme quand ils donnèrent leur avis sur un pamphlet dont il était la plume. Ils en avaient marre de lui, alors quand une brèche divisa le sol en deux et qu’ils le perdirent dans l’infini pur et blanc du paysage, ce fut grandiose.
Ce destin ponctué d’aventures plaisait au roi, mais la rentabilité de leur entreprise finit par le lasser, il n’avait jamais voulu devenir poissonnier. Il empocha alors son salaire et revendit ses dividendes puis retourna dans son royaume. Il fit d’ailleurs bien, car la décroissance qui arriva juste après lui aurait fait faire faillite. Il se rendit dans le champ en friche et appela Marguerite, la fée apparue. Il lui demanda la réinitialisation de son souhait, elle l’autorisait, mais qu’en échange d’un gant apotropaïque qu’il lui fallait récupérer sous une éolienne un soir de pleine lune. C’était son unique cartouche alors il accepta.
Mais il allait encore devoir surmonter de moult périphéries. D’abord, il fut renversé par un éléphant, et fut frappé d’amnésie. Ce qui le laissa dans l’ignorance de sa croix plusieurs jours jusqu’à ce qu’un message subliminal l’éveille et qu’il recouvre la mémoire. Il se souvint qu’il voulait revivre en tant qu’humain. Ensuite, il tomba sur une SPA où il décida d’adopter une hyène dont les rires d’une certaine singularité effrayaient les passants, en plus elle ne faisait que lui désobéir. Quand il n’eut plus de pouture pour la nourrir, il passa au bouillon, quand il n’eut plus de bouillon, il l’attacha devant le centre interculturel Phoenicia en oubliant toutes ses valeurs morales. Puis, il s’enrôla sur un navire où le nocher peu prolixe le missionna de remplir des tableurs sept jours sur sept. Comme son contrat était à temps partiel, il trouva ça abusé. Et quand il en eut vraiment marre de la promiscuité avec les autres matelots, il se barra à la nage le jour d’un ancrage dans une baie des Caraïbes.
Et dans la polarité incongrue des destinées, voilà qu’en s’échouant il tombe sur son pote Jack le pirate et sa reine. Il se dit qu’il avait dû inspirer trop d’eau, et qu’ils n’étaient qu’une entité apparaissant comme l’exutoire de son passé, mais non le bruit des frottements de la jambe de bois de son rival sur le sable était bien réel. Il ne leur dévoila pas qu’il était le roi, mais leur demanda s’il n’y avait pas un gant conjureur de mauvais sorts dans le coin. Ce à quoi ils répondirent que oui, qu’il lui fallait progresser jusqu’à une maison avec un seul contrevent orange, et que derrière il verrait une éolienne sous laquelle était enterré le gant qu’il cherchait. Il courut alors vers son but, s’envolant presque, il se sentait fil arachnéen dans le vent, puis se prit les pieds dans des algues et resta coincé à jamais. Bout de bois flottant au gré des marées.
FIN