Ç yest, j'ai enfin pu peaufiner la partie 3/4:
Alchimie a écrit : ↑12 juin 2020, 22:45
Je connais que trop bien ces situations, et suis tellement conscients des risques nombreux encouru, surtout face à une milice policière meurtrière, en roue libre, bénéficiant d'une impunité judiciaire pratiquement total.
CHAPITRE 3
LE PROCÈS
LE JUGE — Accusé, levez-vous. Je suis le juge Ment et voici Maître Profont.
LE MAÎTRE — Avec un
t comme Dupont, évidemment.
LE JUGE — Évidemment.
LE MAÎTRE — Monsieur le juge, j’observe que votre perruque vous sied à merveille aujourd’hui.
LE JUGE — Merci Maître. Quant à vous, votre élégance dans cette robe n’a de pair qu’avec votre aisance à servir la justice.
LE MAÎTRE — Merci, monsieur le Juge.
LE JUGE — Monsieur Nyme, avez-vous quelque chose à ajouter?
ALCHIMIE — Euh, non.
LE MAÎTRE
(railleur) — Évidemment.
LE JUGE — Évidemment.
ALCHIMIE — Je ne comprends pas. Où est mon avocat ?
LE JUGE
(sèchement interrogateur)— Vous ne comprenez pas ?
(il marque une pause) C’est pourtant vous qui avez souhaité que justice soit faite en toute transparence, qu’elle révèle un visage vrai ?
ALCHIMIE
(perplexe) — Oui ?
LE JUGE
(cassant) — Oui, votre honneur !
ALCHIMIE — Oui, votre honneur.
LE JUGE — La Justice ... Soyez rassuré, la voici, sans son bandeau mais toujours armée de sa balance et de son glaive.
(pause) Évidemment.
LE MAÎTRE — Évidemment.
LE JUGE
(complice) — D’ailleurs, Monsieur Nyme, saviez-vous que le mot justice vient de la déesse Justitia, épouse et conseillère de ... Jupiter ?
ALCHIMIE — Non, je ne le savais pas.
LE MAÎTRE
(railleur) — Évidemment.
LE JUGE — Évidemment.
-_-
LE JUGE – Commençons. Vous êtes monsieur Nyme Arnaud, né le 3 août 1976 à Sartrouville dans les Yvelines, fils de madame Nyme Dominique et de monsieur Pivot Bernard, lequel vous a renié quand vous étiez alors âgé de 9 ans. Ces informations sont-elles exactes ?
ALCHIMIE — Oui.
LE JUGE — Oui, Votre Honneur !
ALCHIMIE — Oui, votre honneur.
LE JUGE — Vous avez grandi sans difficulté particulière, suivi une scolarité normale. Vous étiez, ces derniers temps, chauffeur routier pour l’industrie nucléaire. Vous transportiez des caissons en plomb pour gagner de l’argent. Est-ce exact ?
ALCHIMIE — Oui, votre honneur.
LE JUGE — Bien. Maître, vous pouvez commencer.
_-_
LE MAÎTRE — Vous êtes accusé de violences aggravées sur un représentant des forces de l’ordre. Qu’avez-vous à répondre à cela ?
ALCHIMIE — C’était de la légitime défense.
LE MAÎTRE — NON ! Monsieur Nyme. Seul l’État est détenteur de la violence légitime. La brutalité dont vous avez témoignée ce jour-là est indiscutable et inexcusable. Vous n’aviez aucun droit de perpétrer de tels actes, qui plus est sur un gardien de la paix, Homme qui a dévoué sa vie à protéger la société de toute barbarie humaine. La question aujourd’hui, Votre Honneur, n’est pas tant de savoir si oui ou non, son acte est compréhensible, mais de savoir si cet
(il réfléchit puis lâche dédaigneux) « énergumène » est apte à vivre dans une société civilisée et à se conformer à ses normes.
LE JUGE
(intéressé) — Poursuivez.
LE MAÎTRE — Pour étayer mes propos, il nous faut d’abord comprendre qui se cache réellement derrière cet individu. Voyez-vous, j’ai de solides raisons de croire que les agissements inqualifiables de cet homme ne sont que l’aboutissement d’un long processus de radicalisation et qu’ils témoignent, tels la partie émergée d’un iceberg, d’une violence bien plus profonde à l’égard même des fondements de nos institutions et des valeurs de notre chère république. Je pense que la déchéance de cet enragé commence dès son adolescence.
Un professeur de littérature vous a-t-il fait découvrir «
Mort d’un clone » de Pierre Bordage, livre pour lequel vous avez avoué à de multiples témoins qu’il vous avait fait un électrochoc ?
ALCHIMIE — Oui, mais je ne vois pas bien le rapport ni le bien-fondé de votre démarche.
LE MAÎTRE
(irrité) — Vous ne voyez pas le rapport parce que vous êtes incapable d’appréhender les choses au-delà de votre propre réalité et sachez que ma démarche n’a pour bien-fondé que la recherche de la vérité par les faits. Et les faits vous concernant sont accablants ! Entendez plutôt:
Vous continuez votre décadence morale en écoutant des chanteurs dissidents et dépravés tel que Keny Arkana ou Damien Saez. Avouez-vous écouter de tels chanteurs ?
ALCHIMIE — Oui.
LE MAÎTRE
(très irrité) — Oui, Maître !
ALCHIMIE — Oui, Maître.
LE MAÎTRE — Vous continuez à déshonorer nos institutions en vous engageant dans un mouvement de personnes réfractaires appelé les gilets jaunes. Vous proclamez demander et vouloir construire un meilleur avenir alors que votre mouvance, porte-parole de ceux qui ne sont rien et porte ouverte à l’anarchie monstrueuse des misérables qui voudraient s’élever à un rang qu’ils ne méritent pas et qui seraient bien incapables d’en porter les responsabilités ! Avouez-vous être membre actif des gilets jaunes?
ALCHIMIE — Oui.
LE MAÎTRE
(au juge) — Il me semble que ces éléments sont suffisants pour comprendre qui est réellement ce misérable. Il serait trop facile pour lui de se cacher derrière une prétendue légitime défense ou une quelconque perte de contrôle, quand, depuis des années, il s’échine à remettre en question les fondements de notre société républicaine. En vérité, je vous le dis Monsieur le Juge, cet individu est un danger pour nos institutions, un ennemi de la démocratie qui ne peut pas, en l’état, retrouver sa place parmi nous.
LE JUGE
(satisfait) — Merci, Maître, pour ce réquisitoire éclairant. Peut-être monsieur Nyme souhaite-t-il apporter des informations supplémentaires sur ces faits troublants ?
ALCHIMIE — Je suis … las.
CHŒUR DE GILETS JAUNES — ON EST LÀ ! ON EST LÀ ! MÊME SI LE JUGE NE VEUT PAS, NOUS ON EST LÀ !
LE JUGE — SILENCE DANS LA SALLE !
CHŒUR DE GILETS JAUNES — On est là.
--/
ALCHIMIE
(désabusé) — Je suis lassé de tout ça. Toute cette comédie politique, cette société de spectacle, où de l’homme politique en passant par le simple policier jusqu’aux idéalistes, trop oublient les valeurs simples d’humanisme, d’écoute, de respect et de tolérance pour se cacher derrière un masque emprunté, teinté d’égo, de vanité et d’indifférence.
Je suis fatigué de cette hypocrisie d’état, de ses violences langagière et institutionnelle qui se drapent de belles robes et belles perruques quand elle n’est que pourriture intérieure.
J’accuse l’État, prétendu garant de l’État de droit, de faillir à ses devoirs et les plus fondamentaux, même quand ce ne serait que ceux instruits par la Déclaration des Droits de l’Homme, stipulant que nous sommes tous égaux devant la loi. J’accuse la politique étatique de n’être que ce qu’elle est, une oligarchie politicarde à des années-lumière du sens
politis du terme grec et dont la pratique serait au service de la cité. J’accuse cette même oligarchie ploutocrate de nous contraindre à la pensée unique par induction de planification culturelle, sociale, économique, historique.
●
J’accuse les parlementaires de n’être que des marionnettes de figuration aux mains de l’Élysée. Je vous accuse, vous, la justice, de complicité dans votre complaisance à laisser vos enfants se faire manipuler, mutiler et tuer. J’accuse les institutions de pervertir les valeurs même de notre démocratie, de confisquer le sens des mots pour tuer la pensée, de violenter les citoyens impliqués au lieu d’écouter leurs doléances.
Vous êtes la honte de mon pays. La honte à la solde des plus puissants, à la solde de nos réels dirigeants, les maîtres des actions et du pognon. Vous avez laissé pour compte tous vos enfants, de nos quartiers populaires ou de nos classes moyennes. Vous nous avez roulés dans la suie. Vous avez piétiné votre propre drapeau comme on marche sur des fleurs.
●
Vous voulez savoir qui je suis ? Je suis Arnaud Nyme, enfant de France, fils libertaire, frère égalitaire, ami fraternel. Nous sommes légion, nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas, nous
-'-
LE JUGE
(criant) — ASSEZ ! Assez de ce gloubi-boulga verbeux.
(calmé) Vous êtes un enfant de France, soit. La vérité est que vous êtes un enfant ingrat et capricieux, incapable d’être reconnaissant de l’État français qui a offert une éducation, des soins, une place confortable dans son giron. Vous crachez sur la main qui vous nourrit et vous souhaiteriez qu’on vous en donne plus ! Ne vous méprenez pas, pauvre sot, si vous avez su transformer tout ce plomb que vous transportez en argent et ainsi devenir un petit bourgeois envieux, vous ne le transformerez jamais en or. La noblesse n’est pas pour vous, on ne change pas qui on naît ! Incapable de vous satisfaire de tout ce qui vous est proposé, vous agissez comme un cancer, semant la discorde et salissant notre beau pays. Vous êtes malade monsieur Nyme, un malade dangereux qu’il convient de soigner ou d’abattre pour le bien de tous !
(Le juge s’arrête, le silence se fait, libérateur, pesant)
LE JUGE
(parlant lentement) — Mais, voyez-vous, dans ma grande mansuétude, je vais vous aider à vous conformer à cette société dans laquelle vous n’arrivez pas à vous complaire. Je vous condamne donc, immédiatement, À RENTRER DANS LE MOULE ! QU’ON APPORTE LE MOULE !
LE MAÎTRE — QU’ON APPORTE LE MOULE !
-&-
● Charlie Bauer
● Damien Saez avec l'aimable et tacite autorisation de son avocat