Légendes et mythes

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Charlotte a écrit : 05 févr. 2020, 20:07
--- a écrit : 05 févr. 2020, 20:02 Me comparerais-tu à Dieu?
Je sais pas, t'as vu la Vierge ?
J'etais venu pour voir Marie mais Marie n'était pas venu
Et puis j'étais là comme un con à parler à des statues auxquelles je n'ai jamais cru
La lutte elle-même suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
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--- a écrit : 06 févr. 2020, 12:30
Charlotte a écrit : 05 févr. 2020, 20:07
--- a écrit : 05 févr. 2020, 20:02 Me comparerais-tu à Dieu?
Je sais pas, t'as vu la Vierge ?
J'etais venu pour voir Marie mais Marie n'était pas venu
Et puis j'étais là comme un con à parler à des statues auxquelles je n'ai jamais cru
Faut peut-être changer de lunettes :muted3:
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E.L
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Charlotte a écrit : 06 févr. 2020, 13:57
--- a écrit : 06 févr. 2020, 12:30
Charlotte a écrit : 05 févr. 2020, 20:07

Je sais pas, t'as vu la Vierge ?
J'etais venu pour voir Marie mais Marie n'était pas venu
Et puis j'étais là comme un con à parler à des statues auxquelles je n'ai jamais cru
Faut peut-être changer de lunettes :muted3:
Par contre fait gaffe en visant, si Marie s'assoit dessus après elle aura le cul trempé... 😂
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CellarDoor
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Le chat noir et la superstition

La relation du chat avec l’homme remonte à la préhistoire bien qu’on ignore la date de sa domestication.

Pourquoi, de tous temps, le chat noir a-t-il fasciné et inquiété les hommes ?

Le chat a été divinisé par les Egyptiens ; notamment leurs yeux réfléchissant la lumière la nuit symbolisait le pouvoir de Râ, le dieu Soleil.
Déjà, chez les Egyptiens, pourtant idolâtres du chat, le chat noir était assimilé à un Ethiopien noir représentant le Diable.

Lorsque le Christianisme s’est imposé comme religion d’état dans l’empire romain, le chat n’a plus eu de caractère divin mais les fantasmes sont restés dans l’esprit populaire et il est devenu une créature satanique surtout s’il est noir.

Au cours des XII ° et XIII ° siècles, le chat noir subit les attaques d’une phobie contre les démons et les sorcières. Le seul fait de posséder un chat noir pouvait vous faire accuser de sorcellerie.
Les croyances maléfiques se sont focalisées sur les chats noirs.

Le chat noir, suppôt ou incarnation du Diable

Au Moyen Age une légende rapportée par Césaire de Heisterbach relate la mort d’un homme riche dans son palais ; dans l’assistance se trouvait un mauvais prêtre assisté d’un diacre qui, à la différence du prêtre, était un homme bon ; du fait qu’il n’était pas aveuglé par ses mauvais penchants, le diacre put voir une scène invisible aux autres. En effet, il vit que des chats noirs entouraient le lit du moribond qui se mit à crier « Ayez pitié d’un pauvre homme ; enlevez ces chats ! » Soudain un éthiopien noir enfonça un crochet dans la gorge du moribond et lui arracha l’âme. Ici, le Diable est incarné par l’Ethiopien, ancienne croyance égyptienne et les chats noirs sont ses suppôts.

C’est ainsi qu’est représentée la mort d’un homme voué à l’enfer.

Saint Louis d’Anjou, lors de sa captivité à Barcelone, a été attaqué par un grand chat noir, représentant le Diable.

Dans des cérémonies noires au Moyen âge, le Diable s’incarne en chat noir qui est adoré par une assemblée de disciples qui l’entourent et embrassent ses parties génitales.

Le Diable qui accompagne la mort

Laurence Bobis, dans son livre « Une histoire de chats» rapporte de nombreuses légendes sur les chats noirs qui prédisent la mort. Elle relate notamment, selon une légende cathare que Gaufrid, l’Inquisiteur de Carcassonne a été trouvé mort sur son lit entouré de deux chats noirs.

Gautier de Coincy parle de « chats plus noirs qu’un sac de charbonnier » qui entourent l’usurier qui va mourir.

Ou encore selon Césaire de Heisterbach, dans un couvent, une colombe perchée au-dessus de la cellule d’un moine agonisant, est attaquée par un chat noir. Le chat noir est ici assimilé au Diable qui guette l’âme du mourant. C’est l’opposition du malin et de la colombe innocente.

Le chat noir qui cause la mort

Une autre légende belge du XII ° siècle, toujours rapportée par L. Bobis, fait allusion à la coquetterie d’une jeune fille qui accepta une parure offerte par le Diable qui avait l’apparence d’un chat noir, pour se rendre à une noce. Le Diable en lui passant autour du cou la parure, l’étrangla.
Lors de l’enterrement de la jeune fille, le cercueil était si lourd que même six personnes ne pouvaient le soulever. Alors, on ouvrit le cercueil qui ne contenait plus qu’un chat noir qui s’enfuit.

Un pêcheur qui avait fait le vœu d’offrir un poisson à Dieu et ne l’avait pas réalisé, pêcha dans ses filets un chaton noir qu’il introduisit dans sa maison pour chasser les souris. Le chat a étranglé toute sa famille.

Le chat noir sacrifié

Le chat noir était aussi une victime offerte en sacrifice à Satan.

En Écosse, le rituel du « taghairm » consistait à offrir au Diable, des chats noirs exclusivement, qu’on faisait rôtir vivants, embrochés. Attiré par les hurlements des malheureux, Satan apparaissait sous la forme d’un chat et exauçait les vœux des participants, notamment il leur donnait le pouvoir de se rendre invisible…

Au XII° jusqu’au XVII° siècle, des fêtes traditionnelles furent organisées à Metz, Melun ou Paris ; les chats noirs y étaient brûlés vifs dans des paniers jetés dans des feux. Le Diable doit souffrir !

Le chat noir et les sorcières

Si le Diable prend souvent l’apparence du chat noir, les sorciers sont associés aussi au chat noir. Les sorcières s’en entouraient. Une légende prétendait qu’elles avaient une troisième mamelle pour allaiter leur chat familier. Elles partageaient avec leurs chats les pouvoirs que leur accordait le Diable. Certaines laissaient leur chat sucer leur sang.

Les sorcières se réunissaient à certaines dates correspondant à des phases précises de la lune.
Ces cérémonies étaient présidées par le Démon incarné en grand chat noir.

Au XII° siècle, certaines croyances affirmaient que les sorcières se transformaient en chats, la nuit, et qu’elles rentraient par les fenêtres ou les cheminées des maisons en poussant des hurlements effrayants et assaillaient les enfants.

D’après un écrit de 1584 « Gardez-vous du chat » une sorcière ne pourrait se transformer en chat que neuf fois. Le chat a, dit-on, neuf vies mais il hanterait celui qui lui en a volé une afin de se venger.

Angela Sayer rapporte plusieurs légendes, dans « Le Monde Fascinant des Chats », chez Grûnd, notamment, à Vernon, des sorcières transformées en chats noirs, se réunissaient dans un vieux château. Une nuit, quatre jeunes hommes entrèrent dans le château et, à minuit, comme ils furent attaqués par une dizaine des chats, ils luttèrent et il y eut des blessés de part et d’autre. Le lendemain, dans le voisinage, plusieurs femmes portaient sur leur corps les traces des blessures infligées aux chats.

Pourtant, l'image du chat noir n’a pas toujours été négative.

Le char noir réhabilité

Même s’il était craint, durant tout le moyen âge, le chat était aussi considéré comme un animal utile. Non seulement il attrape les souris mais on lui reconnaît d’autres vertus parfois surnaturelles :

Le pouvoir du chat noir sur les éléments

Au moyen âge, le chat noir, s’il est craint, n’est pas toujours obligatoirement néfaste. Par exemple,
les marins qui avaient l’habitude d’embarquer des chats sur leurs bateaux, pour lutter contre les rats et les souris, en avaient un grand respect. Si, un homme en colère se permettait de jeter un chat noir pardessus bord, ils pensaient avec beaucoup d’angoisse que cela allait déclencher la colère des éléments.
Ils étaient aussi persuadés que, placé sur le pont, en cas de calme plat, il pouvait aider à lever les vents.

Les vertus exorcistes et thérapeutiques du chat noir

Bien que dans l’esprit populaire du Moyen-âge, le chat avait une image plutôt nocive : porter la fourrure d’un chat faisait maigrir, manger de la cervelle d’un chat intoxiquait et faisait perdre la raison, au contraire, le chat noir était souvent utilisé en pharmacopée : selon le manuscrit des Kiramides, au XII° siècle, les testicules du chat noir avec du sel font fuir les démons et un cœur de chat noir attaché au bras gauche anesthésierait de toute douleur.

Le chat noir comme animal de compagnie

Si des pratiques cruelles envers les chats se sont perpétuées jusqu’au milieu du XVIII° siècle, on a perçu bien avant une évolution des esprits montrant plus de sensibilité envers ces petits compagnons et même envers les chats noirs. L. Bobis cite l’exemple de « Mme de La Sablière, amie de La Fontaine, qui résolut de se défaire de sa passion des chiens en les remplaçant par des chats noirs et fut définitivement séduite par ces animaux ».

D’ailleurs, si l’Occident pensait que le Diable était incarné en chat noir, ce n’a pas été le cas chez les musulmans pour qui le chat était un animal respectable qui gardait la maison, qu’il soit noir ou d’autres couleurs ; le prophète Mahomet était ami des chats et on rapporte qu’un chat s’étant endormi sur son manteau, il a préféré le couper plutôt que de déranger le chat. Au Maghreb c’est le chien noir qui porte malheur ; d’ailleurs, le chien reste à l’extérieur des maisons alors que le chat même noir y est un hôte privilégié.

Le chat noir porte-bonheur

Même dans nos contrées, le chat peut être considéré comme un porte-bonheur : c’est le cas d’une légende en Basse-Bretagne selon laquelle tout chat noir possède toujours un poil blanc qui sert de talisman à celui qui parvient à l’arracher.

Pour les anti-chasses, sachez que dans les Vosges, on pensait que la patte gauche d’un chat noir, enfouie dans la gibecière d’un chasseur, l’empêche de bien viser !.

Pensez-vous vraiment que nos chatons Bombay si craquants pourraient nous porter malheur ?
Impossible, car même pour les plus superstitieux, seul le chat noir inconnu qui croise notre chemin, pourrait porter malheur mais jamais le chat de la maison !
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Les amants papillons :

Zhu Yingtai était le neuvième enfant, mais la seule fille, d’une riche famille de Shangyu. Les traditions interdisaient aux filles d’aller à l’école, mais la jeune fille réussit à convaincre son père de la laisser se déguiser en garçon pour aller suivre des cours à Hangzhou, afin de préparer les examens impériaux.

Pendant le voyage qui la conduit là, elle rencontre le jeune Liang Shanbo, qui vient d’un autre district de Shaoxing, Kuaiji. Dès leur première rencontre, ils ressentent une grande affinité, et deviennent "frères jurés" dans la grande tradition chinoise.

Ils étudient pendant trois ans ensemble dans la même école, et Yingtai tombe peu à peu in love de ce bellâtre qui, tout à ses études (et vraiment couillon à défaut d'être couillu), ne s’aperçoit de rien.
Un jour, la jouvencelle reçoit une épistole qui lui annonce que son père est malade, et lui demande de rentrer immédiatement. La mort dans l’âme, elle doit quitter Shanbo, mais, avant de partir, va voir la femme du maître d’école, lui avoue sa véritable identité et, lui remettant un pendant de jade comme cadeau de fiançailles, lui demande de lui servir d’intermédiaire auprès de Shanbo.

Celui-ci l’accompagne sur une partie du chemin du retour, et, pendant le trajet, Yingtai tente désespérément de lui faire comprendre, par des allusions, qu’elle est une femme ; mais, patate qu'il est, il ne comprend pas. Finalement, avant qu’il parte, dans le même pavillon où ils s’étaient rencontrés la première fois, elle lui déclare qu’elle a une petite sœur qui lui ressemble comme une goutte d’eau ressemble à une autre goutte d’eau, et qu’elle se fera son intermédiaire pour demander sa main.

Shanbo, qui n'était pas pressé de forniquer la jumelle de son pote, ne vient lui rendre visite qu’au bout de plusieurs mois et découvre, oh miracle, alors sa véritable identité. Passionnément épris l’un de l’autre, ils se jurent un amour éternel. Mais leur joie est de courte durée car Yingtai a été promise au fils d’une riche famille, Ma Wencai. Shanbo est désespéré ; il accède au poste de magistrat provincial, mais tombe gravement malade et meurt quelque temps plus tard.

Le jour du mariage arrangé de Yingtai, alors que la procession approche de la tombe de Liang Shanbo, un vent violent se lève, et de mystérieux tourbillons empêchent le palanquin de poursuivre son chemin. En proie au plus profond désespoir, Yingtai en descend pour aller se prosterner sur la tombe, et déclare qu’elle n’épousera pas Ma Wencai. La tombe s’ouvre alors dans un grondement de tonnerre, elle s’y précipite et disparaît.

C’est alors que les porteurs du palanquin et les participants à la procession nuptiale voient surgir de la sépulture deux papillons qui s’envolent ensemble dans l'infini des cieux, pour ne plus jamais être séparés.
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Pyrame et Thisbe

Pyrame et Thisbe, à la fois belle et triste, cette histoire d’Amour n’est pas sans en rappeler d’autres, plus contemporaines. Pour être clair et éviter toute confusion, Thisbé c’est la nana et Pyrame le mec. C’est pas forcément évident!

Ces deux amants en devenir vivent à Babylone, dans une cité où les maisons sont tellement serrées qu’elles partagent toutes au moins un mur. Un grosse ville, plus prosaïquement. Dans deux maisons mitoyennes, vivent Pyrame et Thisbe, chacun dans leur famille respectives, chacun dans leur foyer. Ils sont tous deux amoureux mais ne peuvent rien partager, pas un moment d’intimité, des amoureux empêchés par leurs familles respectives… Et comme d’habitude, tien de tel pour donner une énergie démentielle aux amants privés.

Grâce à cette puissance décuplée par cet Amour impossible, les Amoureux, en quête de partage et d’échange, pour rester correct, découvrent dans le mur mitoyen une fissure, infime mais suffisante pour leur laisser la liberté de se murmurer des mots doux. Genre ” t’es vraiment super bonne, t’as super beau petit cul” ou encore “J’ai trop envie de sentir ton gros …” Etc. Dialogues d’amoureux en sommes, mais toujours au travers de ce mur infranchissable autrement que par les chuchotements. Plus le temps et les discussions passent, plus l’envie de se voir prend le dessus, histoire d’aller un peu plus loin que les chuchoti-chuchota, parce que c’est sympa cinq minutes, mais un peu plus de concret s’impose!

C’est alors qu’ils décident de braver l’interdit familiale en se fixant un rendez-vous, certainement dans la ville, sous un murier blanc… Le jour venu, alors que les murmures au travers de la fente murale montent en pression et en température, l’excitation à son comble, Thisbe se rend au lieu du rendez vous, arrive en avance, la nuit est tombé, et l’angoisse prend le pas sur l’excitation… Elle entend alors des bruits menaçants, venant d’assez près, comme un fauve qui dévore une proie. Assez moyennement rassurant.

Un lion qui s’est goinfré un mouton se rapproche alors de Thisbe. Elle prend peur, s’enfuie en laissant tomber son châle blanc. Le lion se jette alors sur cette proie factice, la macule de sang et l’abandonne pour aller vaquer à ses occupations de lion… C’est alors que Pyrame, à la bourre, comme tout les mecs finalement, arrive au fameux lieu de rendez vous. Il cherche sa nana du regard, aperçoit une forme blanchâtre posée sur le sol. Il s’en approche et reconnait dans les lambeaux de tissus sanguinolents le châle de son amoureuse. Il ne conclue rien d’autre que la mort de son aimée, dévorée par quelque connard de prédateur.

Dévasté par la tristesse et par cet enculé de lion qui aurait bouffé son aimée alors qu’il s’attendait à se la bouffer lui, mais dans un autre sens, il dégaine alors son épée et de tristesse se l’enfonce dans le flanc, désespéré,pensant qu’il ne lui reste plus qu’à appeler la mort pour rejoindre Thisbe…

C’est alors que sur le chemin du retour Thisbe se ravise et revient sur ses pas en se disant qu’elle a été conne et qu’elle aurait du attendre encore un peu, se cacher, prévenir Pyrame à son arrivée, peut être qu’elle est partie un peu vite se dit-elle, qu’elle aurait du attendre, … et si le lion était revenu sur ses pas… L’inquiétude grandit, le pas s’accélère. Elle se rapproche, arrive près du murier, voit son Amoureux gisant au sol dans une flaque sombre, le prend dans ses bras pour assister à son dernier souffle. Dévastée à son tour par le chagrin, elle retourne l’épée contre elle.

Les mures, baie que l’on connait tous auraient pris leur couleur du fait de l’histoire tragique de Pyrame et Thisbe.
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L'histoire du pont construit par des pies sur la Voie lactée et permettant au bouvier et à la tisserande de se rencontrer le septième jour de la septième lune est un conte populaire qui est souvent raconté aux enfants par leurs grands-mères.

Le bouvier était orphelin, et depuis son enfance, il menait une vie pénible avec son frère et sa méchante belle-sœur. Après avoir épuisé les biens familiaux, le jeune bouvier vivait de son travail en s'appuyant sur son précieux bœuf. On disait que ce bœuf était un Immortel venu du Ciel. Ayant commis un crime, cet Immortel aurait été condamné à s'incarner dans le corps d'un bœuf et à travailler péniblement avec un paysan. En remerciement pour ses actions, le bouvier lui témoignait beaucoup de sympathie. Le bœuf-divinité aurait donc décidé d'aider son maître à créer une famille heureuse.

Une nuit, le bœuf apparut en rêve au bouvier, et il lui demanda d'aller, le lendemain, rencontrer la tisserande qui serait en train de se laver dans la Voie lactée. Le lendemain, les belles fées se baignaient en effet dans la Voie lactée. Le bouvier, caché dans les roseaux, s'empara des vêtements que la tisserande avait laissés sur la rive. Prises de panique, les autres fées se rhabillèrent et s'envolèrent, laissant toute seule la tisserande qui finit par accepter la demande du bouvier. Dès lors, la tisserande mena une vie heureuse avec le bouvier ; l'homme labourait la terre et la femme tissait. Ils eurent deux enfants, un garçon et une fille, un an plus tard.

Avant de mourir, le vieux bœuf demanda au bouvier de garder sa peau qui pourrait lui être utile. Le couple enleva donc à contre-cœur la peau de l'animal mort et enterra sa carcasse sur un versant de la montagne. En apprenant le mariage de la tisserande avec le bouvier, l'empereur de Jade et la déesse furent tellement fâchés qu'ils ordonnèrent aux gardiens célestes de reprendre la tisserande. Profitant de l'absence du bouvier, les gardiens célestes emportèrent la tisserande. Ne voyant plus sa femme, le bouvier mit la peau du bœuf sur ses épaules, porta à la palanche ses deux enfants et se mit à la poursuite des gardiens. Au moment où le bouvier risquait de les rattraper, la déesse tira de sa chevelure une épingle d'or et fit un geste vers la Voie lactée qui, de peu profonde et limpide, devint immédiatement houleuse. Dès lors, le bouvier et la tisserande ne purent que se regarder de part et d'autre du cours d'eau, les larmes aux yeux. Émus par leur amour sincère, l'empereur de Jade et la déesse leur permirent de se rencontrer chaque année le septième jour du septième mois lunaire. Ce jour-là, les pies s'envolèrent vers le ciel et formèrent un pont enjambant la Voie lactée pour que le bouvier et la tisserande se rencontrent. La nuit, on peut entendre les murmures de ces deux amoureux sous une treille.
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Tsingory le danseur

Au temps du Roi Andriampandramanenitra, dont le nom est si long à prononcer, vivait Tsingory, un jeune garçon qui, plus que tout au monde, aimait la musique et surtout la danse.

Au rythme des moindres sons harmonieux entendus au hasard de ses promenades, à tout moment du jour et de la nuit, il exécutait les pas les plus variés et les plus gracieux.
Ses longues jambes fines et ses pieds agiles ne semblaient plus alors toucher terre. Il dansait, il dansait… et ne ressentait aucune fatigue.

Un jour, Tsingory apprit que le Roi possédait un oiseau extraordinaire qui, disait-on, pouvait sans arrêt égrener les trilles et les roulades les plus difficile. Ils sortaient des notes cristallines et plongeaient le Roi et son entourage dans un enchantement total.

Aussi, Andriampandramanenitra adorait-il cet oiseau, que ses courtisans gardaient et surveillaient jalousement.
Tsingory n'eut plus qu'un rêve : s'emparer de l'oiseau. Il se disait :
- Que de jolis pas de danse ne vais-je pas inventer, inspiré par ses chants mélodieux… à nous deux nous allons créer des merveilles et je deviendrai le danseur le plus célèbre du pays.

Tsingory habitait avec sa mère une petite maison abritée par les grands bananiers, à l'écart du village.
Une nuit, alors que tout dormait, Tsingory, bien enveloppé dans son lamba (écharpe traditionnelle malgache), sortit et se glissa dans l'ombre, guidé par le chant de l'oiseau que le Roi laissait en liberté, le soir.
Perché sur le toit pointu de la case royale, l'oiseau chantait éperdument.
Ce soir là, il faisait un clair de lune splendide. Les gardiens, bercés par le chant délicieux, dormaient profondément et n'entendirent pas l'agile garçon qui eut vite fait d'escalader le toit et de s'emparer de l'oiseau, qui continuait à chanter.
Mais en se glissant à terre, Tsingory serra involontairement l'oiseau un peu trop fort, sous les plis de son lamba.
L'oiseau tomba à terre, étouffé. Le chant magique se tut brusquement et cela eut pour effet de réveiller les gardiens.
La lune, qui s'était cachée un moment derrière les nuages, reparut et ils aperçurent une ombre qui fuyait. A terre gisait le pauvre petit corps de l'oiseau que Tsingory avait abandonné.

Les gardiens bondirent à sa poursuite et le virent rentrer chez lui.
Tsingory mit sa mère au courant de ce qui était arrivé. Effrayée, la pauvre femme n'eut plus qu'une pensée : cacher son fils, car elle savait que les colères du Roi étaient terribles.
Elle dit à Tsingory de se coucher sur un tsihy (natte de jonc). Elle l'enroula et le posa debout contre le mur. De cette façon, personne n'airait l'idée de le chercher là.
Bientôt, les courtisans alertés par les gardiens arrivèrent et, sachant l'amour de Tsingory pour la musique, ils se mirent à chanter en s'accompagnant de tambours et de valihas.

" O Tsingory es-tu là ?
" Toi qui as l'oiseau du roi ?
" O Tsingory …."

Tsingory aimait beaucoup cet air là, mais il ne bougea pas.
Les courtisans répétèrent le chant en y ajoutant des variantes encore plus mélodieuses :

" O Tsingory où te caches-tu?…"


Tsingory ne bougeait toujours pas, mais son cœur battait à la cadence de la musique.
Les courtisans appelèrent encore d'autres musiciens réputés. Cela formait un chœur immense et magnifique qui entonna sur l'air d'une chanson célèbre :

" O Tsingory es-tu là ? …"
Une chanteuse de grand talent redit les phrases et sa voix suave montait, accompagnée en sourdine par le battement des mains des choristes, le bourdonnement des tambours et le murmure des vahilas.
Alors, Tsingory n'y résista plus et bougea tant que le tsihy roula à terre.
- Tais-toi, tais-toi suppliait la mère. Ils te tueront.
Mais la voix de la chanteuse se fit encore plus captivante :

" O Tsingory es-tu là ? … "
Tsingory se démena tellement dans son tsihy qu'elle s'ouvrit et il bondit hors de la maison.
Il se mit à exécuter une danse incomparable. Ses pas et ses mouvements étaient d'une grâce si parfaite que les musiciens ne s'arrêtèrent pas de jouer et de chanter pour qu'il continue.

Le Roi, averti, accourut et se montra émerveillé :
- Je ne veux pas qu'un si grand artiste soit mis à mort, dit-il. Je veux qu’il soit premier danseur du royaume, car, s'il a voulu prendre mon oiseau, ce ne fut pas dans une mauvaise intention, mais pour perfectionner son art.

A cet instant, on entendit une cascade de trilles, de roulades et de notes perlées, qui étaient comme une approbation aux paroles du Roi. Tous se taisaient et regardaient l'oiseau qui arrivait à tire d'ailes, plus vif que jamais, car Tsingory ne l'avait pas tué mais seulement étourdi pendant quelques heures.
L'oiseau se posa sur l'épaule du Roi et, au son de la plus belle musique, le cortège, précédé du Roi, de l'oiseau et de Tsingoy, retourna vers l'habitation royale.

Cependant, seule dans sa petite case abritée par de grands bananiers, la mère de Tsingory, fière du succès de son fils, tranquillement se mit à rouler la natte désormais inutile. Que lui importait d'être oubliée puisque son fils était heureux !

Conte, conte, ce n'est pas moi qui suis le Menteur...Ce sont les ancêtres.


Angano, angano, arira, arira, izaho mitantara ianareo mihaino…(conte, conte, légende, légende, je raconte, vous écoutez)
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Extrait de Esprits et créatures du Japon
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