@CellarDoor
La notion de passager clandestin est intéressante et le terme est plus joli que parasite.
Cela dit, plusieurs points sont à nuancer sans parler de la conclusion qui n'en est pas une tant elle est malhonnête au vu du développement de la réflexion juste avant.
Première chose. Présenter le vacciné comme souhaitant profiter du système au détriment des autres est exagéré. Rappelons que si ce vaccin est encore sous une AMM conditionelle, c est n'est pas pour rien. C'est pour un principe de précaution élémentaire. Tu vas me rétorquer qu'avec le nombre de personnes vaccinées, on a une bonne idée de l'innocuité du vaccin (pourcentage négligeable d'effets secondaires). Je suis d'accord avec toi mais on a un recul temporel quasi nul. 1 an voire 1 an et demi ne constitue pas une durée suffisamment longue pour une pharmacovigilance de qualité, d'autant plus que ce vaccin est en train de devenir un traitement régulier, soit un impact physiologique different de seulement 2 doses.
Il faudrait être bien omniscient pour déclarer que les non vaccinés refusent le vaccin mais se réjouissent que d'autres le fassent à leur place. Personnellement, je ne suis pas pour la vaccination pour tous et j'espère que ça ne va pas se retourner contre les vaccinés (médicalement parlant j'entends).
La tentation n'est pas de rentrer dans le jeu plus tard que les autres mais de ne pas rentrer dans ce jeu là justement.
"Le problème est ailleurs. C’est la capacité d’un système hospitalier à bout qui inquiète."
C'est là un problème bien plus important que les non vaccinés restant.
"la question centrale est donc de savoir si nous avons encore les moyens d’affronter une vague épidémique avec moins de 12% de non-vaccinés."
Cette phrase résume tout et c'est à partir de là que la conclusion part en couillle.
On a donc à partir de là plusieurs visions: celle d'inciter fortement voire d'obliger la vaccination pour soulager un hôpital exsangue ou une autre qui ne date pas d'hier et demande de réhabiliter l'hôpital public dans capacité à apporter les soins nécessaires à tous.
Il est intéressant de noter qu'à partir de là, ton raisonnement embraye sur la culpabilisation des non vaccinés.
Les non vaccinés ont une part de responsabilité dans le sens où ils occupent la moitié des lits covid. D'accord. Sont-ils coupables ? J'en doute. Il est curieux que personne ne se demande pourquoi nous en sommes arrivés là ? Pourquoi, la viabilité de notre système de soin repose sur une faible portion d'individus ?
Tout simplement parce que la crise covid a révélé que l'état ne joue plus que son rôle d'état gendarme et a oublié celui d'état providence.
Qui est responsable d'avoir affaibli notre système hospitalier à ce point là ?
Qui n'a pas répondu à leurs attentes depuis des années, encore moins fin 2019 ni même avec un Segur de la santé décevant ? Qui a supprimé des lits en pleine pandémie? Qui a viré des soignants il y a quelques mois ? Qui les pousse en arrêts maladie ? Qui les dégoûte du système ?
L'état faillit à son devoir de gestion collective et préfère reporter sa responsabilité et sa culpabilité sur les individus.
On aurait aimé des protocoles d'aération, des recycleurs d'airs, l'incitation à effectuer certains rassemblements en extérieur, l'obligation de télétravail, le renforcement des gestes barrières, la possibilité d'envisager d'autres traitements ( l'ivermectine par exemple, la molécule est connue est documentée mais on n'est pas certains encore de son efficacité réelle, pourquoi ne bénéficie-t-elle pas du même traitement de faveur que le vaccin ? afin qu'on puisse l'utiliser ou l'écarter définitivement ? ). On aurait aimé un vrai soutien structurel, financier et humain de l'hôpital. Quand on veut, on peut.
L'état a choisi la culpabilisation et le chantage comme moyen d'action. Ca a eu son effet sur le pic de vaccination cet été mais c'est une politique risquée et moralement discutable.
De plus, ta définition du passager est volontairement réductrice et donc orientée. Ici, le passager clandestin l'est par pur égoïsme, par simple but de profiter des autres. On ne mentionne pas ses doutes légitimes sur le bénéfice risque du vaccin et sa méfiance envers les dealers de piquouse. Toi qui aimes bien renifler le Pedigree des gens, pourquoi ne nous fais-tu pas une synthèse de tous les mensonges de nos politiques actuels et de tous les dossiers crasseux des big pharma en question ? Ca permettrait de nuancer fortement le bénéfice autoproclamé transposé ici.
Face aux mensonges et conflits d'intérêts de toutes parts, il ne peut y avoir de confiance aveugle. Seules restent les analyses personnelles, toutes différentes les unes des autres. Au-delà des divergences sur les solutions envisagées pour limiter la pandémie, il convient de respecter les opinions de tout un chacun et de considérer avec humilité ses connaissances. C'est la base du respect de l'autre et le fondement de la démocratie. Dans le cas ici présent, on demande juste le droit de disposer de son corps comme on l'entend parce qu'on est suffisamment éclairé pour le faire. C'est un principe affirmé dans le code de Nuremberg, le genre de texte écrit en réaction à toutes les atrocités que peuvent faire les hommes en temps de crise... Le genre de principe sur lequel on s'assoit justement parce qu'on s'est décrété en "état d'urgence".
Ignorer les doutes des citoyens, les mepriser et les condamner n'est pas digne d'une société démocratique mais s'apparente plus à la dictature d'une pensée condescendante.
Au-delà de la simple question sanitaire, c'est aussi poser les enjeux de savoir comment traverser une crise en appliquant nos principes de démocratie républicaine.
Et au fait, qu'estce qu'on fait des fumeurs, on les soigne ou pas ? Ce sont quand même des gros profiteurs de notre système de soin. Et les gros, ils en ont des maladies. Et on en parle des alcooliques ? Tous ces gens qui sont pas foutus d'avoir une hygiène de vie correcte ou préfèrent se régaler au détriment de leur santé, méritent-ils qu'on les soigne ?
Et si on poursuivait la logique de rationalisation des soins ?
Je te propose un score santé qui définisse ton pourcentage de prise en charge par la sécu.
Ca tombe bien, on a tout ce qu'il faut à notre portée. Ta façon de te nourrir sera surveillée par tes facebook glass, tes menus au restaurant seront analysés via apple pay, le contenu de ton caddie scruté par ta carte de fidélité, ton activité physique et ton rythme biologique monitorés grâce à ta montre connectée et à tes métadonnées. Tous les indicateurs seront récupérés comme le Fisc a commencé avec sa veille des réseaux sociaux. Ce sera à l'individu placé de facto en position de coupable de justifier qu'il mérite qu'on le prenne en charge et non à la société de veiller au bien de ses citoyens.
Allez je te laisse à tes passagers clandestins ; le transperceneige, je ne veux pas y monter.