Bienvenue dans ce coin perdu, loin de toutes pollutions urbaines et spirituelles. Nous essayerons d'y allumer quelques nouvelles étoiles dans la voûte céleste. Lieu de partage de connaissance parfois, lieu de réflexion toujours. Les poncifs y seront etranglés sans vergogne et sur leurs dépouilles putrides s'épanouirons les fleurs de la raison.
● La bêtise déteste l'intelligence ●
○ L'intelligence ignore la bêtise ○
Avant l'hirondelle et la jonquille, et peu après le perce-neige, le crapaud salue la venue du printemps à sa manière, qui consiste à émerger d'un trou dans le sol, et à se traîner le plus rapidement possible vers la flaque d'eau la plus proche.
Quelque chose - une sorte de frémissement de la terre, où peut-être simplement une élévation de quelques degrés de la température - lui a indiqué qu'il était temps de se réveiller.
Le crapaud se consacre alors à reconstituer ses forces en mangeant de petits insectes, puis il passe par une phase intense de reproduction.
Le frai est déposé en de longs filaments qui serpentent entre les roseaux.
Quelques semaines plus tard, l'eau grouille de minuscules têtards.
Je mentionne le frai du crapaud parce que, à la différence de l'alouette et de la primevère, il n'a guère été célébré par les poètes.
L'important est que les plaisirs du printemps sont à la portée de tous et ne coûtent rien.
Au demeurant, il est agréable de penser que parmi les millions d'oiseaux, de rongeurs et d'insectes, aucun ne paie un centime de loyer.
Dans notre système capitaliste, il est subversif de soutenir que la vie vaut davantage la peine d'être vécue grâce au chant d'un merle, au jaune d'un orme en octobre ou à quelque autre phénomène naturel qui ne coûte rien.
Selon la conception capitaliste, notre rôle consiste à réclamer ce que nous n'avons pas plutôt qu'à prendre du plaisir à ce que nous avons déjà.
Dans cette ère des machines, souhaiter seulement en limiter la domination apparaît une attitude passéiste, réactionnaire et vaguement ridicule.
Si nous refusons tout le plaisir simple que peut nous apporter la vie, quel genre d'avenir préparons-nous ?
Si un homme est incapable de jouir du retour du printemps, pourquoi devrait-il être heureux dans une utopie qui allégera le travail humain ?
Que fera-t-il des loisirs que lui laisseront les machines ?
Je pense qu'en conservant l'attachement de son enfance à des réalités telles que les arbres, les poissons, les papillons ou les crapauds, on rend un peu plus probable la venue d'un avenir pacifique et honnête.
Tandis qu'en prêchant la doctrine selon laquelle il n'est rien d'admirable hormis l'acier et le béton, on contribue à l'avènement d'un monde où les êtres humains ne trouveront d'exutoire à leur excédent d'énergie que dans la haine et le culte du chef.
Quoi qu'il en soit, le printemps est arrivé et personne ne peut vous empêcher d'y prendre du plaisir.
Tant que l'on n'est pas malade, affamé, terrorisé ou enfermé dans une prison, le printemps demeure le printemps.
Les bombes s'accumulent dans les usines, les milices rôdent dans les villes, les mensonges sont déversés par les haut-parleurs, mais la Terre continue de tourner autour du Soleil.
Ni les dictateurs ni les bureaucrates, quelle que soit leur désapprobation, ne peuvent rien contre cela.
D'après "Quelques réflexions sur le crapaud vulgaire" de George Orwell (1946)
● La bêtise déteste l'intelligence ●
○ L'intelligence ignore la bêtise ○
et deux poèmes quantiques tirés de l'anthologie de Jean-Pierre Luminet: les poètes et l'univers Spoiler
Supernova de Charles Dobzynski
Un tremblement d'éther. Une fissure
d'où gicle un faisceau d'ions et de flammes
noués par la racine et la rosace.
Salves _ scories de bruits et d couleurs
énuclées_collisions d'aurores. Grappe de foudre. Et l'onde concentrique
des vibrations sur la vitre d'un rêve.
Caillot d'échos coagulant un quartz,
et la nuit fond d'un bloc. Et sa banquise
forme un bourbier d'étoiles sous la pluie
chaude-chantante: une pluie-en-la-chair,
un suintement sans fin de soleil de mort,
une agonie de bouche où l'or bouillonne.
L'explosion d'un grisou dans l'aorte
de la matière en son amas natal.
Sang trop compact, tumeur de l'énergie
qui fait fumer une fièvre d'atomes.
Est-ce la pluie qui tombe ou le grésil
de la lumière aride? Est-ce la pluie
ou bien les stries de la mort dans le spectre?
Est-ce une pluie de pierre pyrogènes,
ou bien le bris d'une étoile en éclats
comme un miroir de mille et mille vies
où notre image ancienne se détruit
puis nous revient, par les années lumières,
neiger en nous pour une autre naissance?
Complainte du temps et de sa commère l'espace de Jules Laforgue
Je tends mes poignets universels dont aucun
n'est le droit ou le gauche, et l'Espace dans un
va-et-vient giratoire, y détrame les toiles
d'azur pleines de cocons à foetus d'Etoiles.
Et nous nous blasons tant, je ne sais où, les deux
indissolubles nuits aux orgues vaniteux
de nos pores à Soleils, où toute cellule
chante: Moi, Moi! puis s'éparpille, ridicule!
Elle est l'infini sans fin, je devines le temps
infaillible. C'est pourquoi nous nous perdons tant.
Où sommes-nous? Pourquoi? Pour que Dieu s'accomplisse?
Mais l'Eternité n'y a pas suffi! Calice
inconscient, où tout coeur crevé se résout,
Extrais-nous donc alors de ce néant trop tout!
Que tu fisses de nous seulement une flamme,
un vrai sanglot mortel, la moindre goutte d'âme!
Mais nous baillons de toute la force de nos
touts, sûr de la surdité des humains échos.
Que ne suis-je indivisible! Et toi, douce Espace,
Où sont les steppes de tes seins, que j'y revasse?
Quand t'ai-je fécondé à jamais? Oh! ce dut
être un spasmes intéressant! Mais quel fut mon but?
Je t'ai, tu m'as. Mais où? Partout, toujours. Extase
sur laquelle, quand on est le Temps, on se blase.
Or, voilà des spleens infinis que je suis en
voyage vers ta bouche, et pas plus à présent
que toujours, je ne sens la fleur triomphatrice
qui flotte, m'as-tu dit, au seuil de ta matrice.
Abstraites amours! quel infini mitoyen
tourne entre nos deux Touts? Sommes-nous deux? ou bien,
(tais-toi si tu ne peux me prouver à outrance,
illico, le fondement de la connaissance,
Et, par ce chant: Pensée, Objet, Identité!
Souffler le Doute, songe d'un siècle d'été)
Suis-je à jamais un solitaire hermaphrodite,
comme le Ver solitaire, ô ma sulamite?
Ma complainte n'a pas eu de commencement
que je sache, etn 'aura nulle fin; autrement,
je serai l'anachronisme absolu. Pullule
donc, azur possédé du mètre et du pendule!
O source du Possible, alimente à jamais
des pollens des soleils d'exil, et d e l'engrais
des chaotiques hécatombes, l'automate
universel où pas une loi ne se hâte.
Nuls à tout, sauf aux rares mystiques éclairs
des Elus, nous restons les deux miroirs d'éther
réfléchissant, jusqu'à la mort de ces Mystères,
leurs nuits que l'amour distrait de fleurs éphémères.
Koolseb a écrit : ↑27 mars 2025, 07:05Dédicace à la brochette des hypnotisés par la propagande d'état à la sauce Emmanuel Macron ou Yann Barthez qui viennent déverser leur bien-pensance sur ce forum de Damien Saez, un artiste qui cultive une chose devenue rare: son authenticité et sa liberté de penser. Quand on a vu la lumière, on ne rampe plus jamais.
Personne n'a mieux décrit que lui les rouages de la propagande.
"Les personnes éduquées, convaincues de leur supériorité intellectuelle et de leur immunité contre les manipulations y sont en réalité très vulnérables."
Koolseb a écrit : ↑27 mars 2025, 13:40
Les deux se complètent.
Bernays à œuvré dans la propagande.
Ellul l'a analysé d'un point de vue extérieur et sociologique.
Tout le monde connaît Bernays et ses méthodes, l'intérêt ici est d'apprendre de nouvelles choses, de faire des découvertes, pas de rabâcher les vieux poncifs éculés.
moi j'ai le bleu, pas encore lu, en le feuilletant j'ai pas trop envie de m'y plonger tout de suite , c'est du langage de dénotation on dirait, y a rien qui connote, ça enfonce des portes ouvertes, ça relève plutôt de l'énumération que de la réflexion, ce me semble mais bon ce sont des impressions en le feuilletant à la va vite, mais au final Edward a oeuvré dans la propagande comme tu le précise de manière pertinente et en effet son style linguistique en atteste fortement. Pour l'anecdote, Edward Bernays, c'est le neveu de Freud, Spoiler
m'est avis que je vais tomber sur un "phallocrate" ou "' un phallus" dans le bouquin lol quand je le lirais
Sinon pour en revenir aux étoiles, il y a aussi ce petit livre
, je vais le terminer cet aprèm tiens, j'en étais à la page 105 en quelle année :
"il avait rencontré Yseult, mais lui n'avait pas su rester Tristan jusqu'à la fin. Peut-être seul en mer, pour la fin, trouverait-il l'univers et son amour? Cela ne pouvait faire qu'un. Alors que tout cet espace découpé, ces murs derrière lesquels se cachent les hommes, honeteux de leur vie sans amour et de leurs amours sans vie, la grisaille et la pluie des choses qui découpent hors les murs le temps des saisons, tout ce fractionnement sans fin du temps et de l'espace lui cachaient son amour et l'unité. Il devait exister des vies d'une (p 106) seule TRAJECTOIRE montante. Mais alors il eut l'impression qu'elles devaient s'écouler au soleil et abandonner les notions de temps et d'espace, être sans mémoire, dans un perpétuel présent. Mais ce présent ne serait-il pas lui-même, découpé par les nuits et les jours, le sommeil et l'éveil, le travail et le repos, les repas, le pain et le vin, le concret et l'abstrait, l'objectif et le subjectif? (...) p 107 Nous avons perdu, au fil des millènaires, le lien direct qui nous unissait au monde. (...) p 108 Il savait bien que ce monde n'existait pas sans lui pour le voir, le sentir, mais que lui n'était rien, qu'une parcelle de temps et d'espace dans le monde.
et là encore Freud
(...) Peut-être , en fin de compte, cet instinct de mort dont avait parlé Freud et auquel il n'avait jamais cru était ce besoin de parler propre à l'homme. Ce besoin d'abstraire, de symboliser, de s'éloigner de la vie, des choses, de les réduire à des signes mathématiques, de découvrir des structures froides en oubliant qu'elle mettent en relation des choses matérielles, des choses que l'on sent, que l'on vit. C'était peut-être ce besoin qui pousse l'homme vers le désincarné, qui en principe ne devrait pas mourir, alors que la vie est chair car le Verbe lui-même s'est fait chair. (...)
p 109 Et pourtant que peut laisser un homme après lui, quelle trace, si ce n'est lorsque sa chair est dissoute à jamais dans l'univers, cette abstraction qu'il est capable de créer, la poésie, la musique, l'art et la science? L'instinct de mort était là: ne croire qu'à la forme et non à la matière.
p111 Quelle était la trajectoire à suivre pour aller de l'hypophyse, des surrénales, ou des testicules (ceux là surtout) aux nébuleuses spirales, aux pulsars, aux clusters de galaxies? Elles n'étaient tout de même pas isolées comme ça, sur cette planète, sans se rejoindre d'une manière ou d'une autre au cosmos? (...)
p112
Ainsi, pulsions, mémoire, automatismes, affectivité, imaginaire, désirs, tout cela n'existait que du fait de l'organisation de la matière, d'une certaine façon, dans l'homme.
p114 mais pourquoi dans son engagement sur la route de la complexité la matière galactique, partout la même, avait-elle eu la malchance de passer par l'homme?
p115
Il nous sert plus, ce langage, qu'à communiquer le sentiment que les faits et les choses suscitent en nous, et comme chacun de nous a forcément une expérience du monde différente de celle du voisin, puisqu'il n'est pas situé au même point que lui dans l'espace temps, il devient difficile de se comprendre. Il lui vient à l'idée que c'était en cela que résidait la force de la poésie. En effet, ce langage ne se contentait pas de de nous servir à communiquer, à "mettre en commun" avec l'autre notre connaissance du monde, mais il construisait ce monde en nous. Ce qu'on ne nomme n'existe pas, avait dit quelqu'un. Dans ce cas, un bon dictionnaire constituait un résumé des connaissances humaines. Or justement pas, car avec chaque mot, intimement tissé dans sa substance, se trouve le cadre affectif qui accompagne l'expérience que nous en avons.
p116
La poésie c'était ça! Susciter chez le lecteur ou l'auditeur des sentiments, faire remonter dans son système nerveux une expérience antérieure, lui faire découvrir des relations entre les choses qu'il n'avait pas découvertes même si ces relations ne sont absolument pas celles que vous voulez communiquer, vous, poète.
p120
En tout cas, il parvenait à cette conclusion que les vrais poètes étaient ceux qui ne se laissaient pas exterminer par l'instinct de mort, qui se raccrochaient désespérément à la chair.
Merci pour ce partage Audrey.
C'est très intéressant!
Je n'ai jamais lu Laborit mais j'ai déjà regardé des vidéos d'archive de lui. Il est un peu perché par moment mais son approche de la science et de la poésie sont intéressantes, et son phrasé délicieux.
Je vois que je ne suis pas le seul à noter des choses pendant mes lectures! ^^
● La bêtise déteste l'intelligence ●
○ L'intelligence ignore la bêtise ○
Koolseb a écrit : ↑27 mars 2025, 13:40
Tout le monde connaît Bernays et ses méthodes, l'intérêt ici est d'apprendre de nouvelles choses, de faire des découvertes, pas de rabâcher les vieilles références éculées.
Moi je vois qu'un blaireau arrogant qui se masturbe devant un miroir. Donc à part apprendre sur la taille de ta bite, c'est mal parti.
Spoiler
et c'est pas un miroir grossissant
L'ours en cage ne peut que satisfaire l'ambition aventureuse des faibles, tandis que le cerf sauvage évoque une liberté et une vigueur pénétrantes
Le sans cervelle qui a foncé comme un mouton pendant le covid aurait il commencé à prendre conscience de quelque chose?
Relis bien le texte que j'ai rédigé sur le livre de Jacques Ellul. Plusieurs fois si nécessaire puisqu'il y a des mots de plus de 2 syllabes.
Mais ce texte t'es destiné! C'est ton portrait craché! Sauf pour la partie concernant les gens instruits, les crétins splendides de ton rang sont eux aussi facilement manipulables!
P.S.: Petit tuyau, regarde bien le reportage sur l'origine du covid sur France 5 dimanche soir. Toi qui a cru au pangolin comme un gamin de 3 ans crois au père Noël, tu vas te prendre une belle giffle!!! C'est si beau la naïveté enfantine! Je te dédicace aussi mon texte sur la guerre de demain matin!
● La bêtise déteste l'intelligence ●
○ L'intelligence ignore la bêtise ○
Koolseb a écrit : ↑27 mars 2025, 17:07
Merci pour ce partage Audrey.
C'est très intéressant!
Je n'ai jamais lu Laborit mais j'ai déjà regardé des vidéos d'archive de lui. Il est un peu perché par moment mais son approche de la science et de la poésie sont intéressantes, et son phrasé délicieux.
Je vois que je ne suis pas le seul à noter des choses pendant mes lectures! ^^
Donc si tu a envie de le lire, son livre le plus emblématique est: l'éloge de la fuite et c'est à point nommé car un goéland complètement fou te poursuit .
goéland qu'on avait pas vu depuis un moment , tel le phoenix, ou tel un phallus volant, il surgit du ciel pour troller mais jamais il n'a donné son avis sur l'oeuvre saezienne.
Lire et relire Jacques Ellul, puis se libérer de l'endoctrinement.
Très facile de reconnaître la propagande, il suffit de surveiller ces 3 caractéristiques :
"Le message n'est pas brut.
Les faits sont sélectionnés et présentés de sorte à soutenir un récit et un point de vue spécifique.
La nuance est proscrite.
Les discours neutres et équilibrés sont rejetés au profit d'un parti pris sans réserve.
Un arsenal de tactiques psychologiques est employé.
Le but est d'exploiter les préjugés et de manipuler les émotions en faisant appel aux instincts, aux peurs ou aux désirs profondément ancrés."
J'en vois beaucoup ici, une très grande majorité, qui ne sont plus capable d'aucune nuance, il ne raisonne que par le bien et le mal, même quand il s'agit de juger une chanson. C'est effrayant ce manichéisme. Et c'est le signe du profond endoctrinement et dogmatisme dans lequel vous êtes plongés.
Orwell avait raison avec l'inversion sémantique. Ceux qui se prétendent "woke" semble au contraire faire partie des moins éveillés...
● La bêtise déteste l'intelligence ●
○ L'intelligence ignore la bêtise ○
Encore mieux que l'inversion sémantique réussi par l'extrême droite ces 10 dernières années, on a l'inversion sémantique DE l'inversion sémantique Koolseb
Le rouge c'est le vert, le vert c'est le bleu. C'est bien avec cette vision confusionniste, il n'y a plus aucune vérité. Seulement des opinions.
Plus de bien ni de mal.
Pratique pour faire ou raconter de la merde sans culpabiliser.
Dernière modification par Chachalot le 28 mars 2025, 10:24, modifié 1 fois.