Alors la Poésie est venue

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Nobody
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Toujours là

J'ai besoin de ne plus me voir et d'oublier
De parler à des gens que je ne connais pas
De crier sans être entendu
Pour rien tout seul
Je connais tout le monde et chacun de vos pas
Je voudrais raconter et personne n'écoute
Les têtes et les yeux se détournent de moi
Vers la nuit
Ma tête est une boule pleine et lourde
Qui roule sur la terre avec un peu de bruit

Loin
Rien derrière moi et rien devant
Dans le vide où je descends
Quelques vifs courants d'air
Vont autour de moi
Cruels et froids
Ce sont des portes mal fermées
Sur des souvenirs encore inoubliés
Le monde comme une pendule s'est arrêté
Les gens sont suspendus pour l'éternité
Un aviateur descend par un fil comme une araignée

Tout le monde danse allégé
Entre ciel et terre
Mais un rayon de lumière est venu
De la lampe que tu as oublié d'éteindre
Sur le palier
Ah ce n'est pas fini
L'oubli n'est pas complet
Et j'ai encore besoin d'apprendre à me connaître

Pierre Reverdy
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CellarDoor
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Si tu me olvidas
quiero que sepas
una cosa.

Tú sabes cómo es esto:
si miro
la luna de cristal,la rama roja
del lento otoño en mi ventana,
si toco
junto al fuego
la impalpable ceniza
o el arrugado cuerpo de la leña,
todo me lleva a ti,
como si todo lo que existe,
aromas, luz, metales,
fueran pequeños barcos que navegan
hacia las islas tuyas que me aguardan.

Ahora bien,
si poco a poco dejas de quererme
dejaré de quererte poco a poco.

Si de pronto
me olvidas
no me busques,
que ya te habré olvidado.

Si consideras largo y loco
el viento de banderas
que pasa por mi vida
y te decides
a dejarme a la orilla
del corazón en que tengo raíces,
piensa
que en ese día,
a esa hora
levantaré los brazos
y saldrán mis raíces
a buscar otra tierra.

Pero
si cada día,
cada hora
sientes que a mí estás destinada
con dulzura implacable.
Si cada día sube
una flor a tus labios a buscarme,
ay amor mío, ay mía,
en mí todo ese fuego se repite,
en mí nada se apaga ni se olvida,
mi amor se nutre de tu amor, amada,
y mientras vivas estará en tus brazos
sin salir de los míos.

Neruda

Et sa traduction :

Si tu m'oublies
je veux que tu saches
une chose.

Tu sais ce qu’il en est :
si je regarde
la lune de cristal, la branche rouge
du lent automne de ma fenêtre,
si je touche
près du feu
la cendre impalpable
ou le corps ridé du bois,
tout me mène à toi,
comme si tout ce qui existe,
les arômes, la lumière, les métaux,
étaient de petits bateaux qui naviguent
vers ces îles à toi qui m’attendent.

Cependant,
si peu à peu tu cesses de m’aimer
je cesserai de t’aimer peu à peu.

Si soudain
tu m’oublies
ne me cherche pas,
puisque je t’aurai aussitôt oubliée.

Si tu crois long et fou
le vent de drapeaux
qui traversent ma vie
et tu décides
de me laisser au bord
du cœur où j’ai mes racines,
pense
que ce jour-là,
à cette même heure,
je lèverai les bras
et mes racines sortiront
chercher une autre terre.

Mais
si tous les jours
à chaque heure
tu sens que tu m’es destinée
avec une implacable douceur.
Si tous les jours monte
une fleur à tes lèvres me chercher,
ô mon amour, ô mienne,
en moi tout ce feu se répète,
en moi rien ne s’éteint ni s’oublie,
mon amour se nourrit de ton amour, ma belle,
et durant ta vie il sera entre tes bras
sans s’échapper des miens.
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Meduse
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C'est ici que je m'assieds entre mon frère le mont et ma soeur la mer.

Nous trois, nous sommes un dans notre solitude, et l'amour qui nous attache ensemble est profond, puissant et étrange. Bien plus, il est plus profond que la profondeur de ma soeur, plus puissant que la puissance de mon frère et plus étrange que l'étrangeté de ma folie.

Eons après éons se sont écoulés depuis que la première aube grise nous rendit visibles l'un à l'autre; et bien que nous ayons vu la naissance, la plénitude et la mort de nombreux mondes, nous sommes toujours ardents et jeunes.

Nous sommes jeunes et ardents et pourtant nous n'avons ni compagnon ni visiteurs ; et bien
que nous soyons allongés dans une semi-étreinte ininterrompue, nous sommes mal à l'aise.

Quel confort y a t il dans un désir contrôlé et une passion retenue ? D'où viendra le dieu enflammé pour réchauffer la couche de ma soeur ? Quelle déesse torrentielle éteindra les volcans de mon frère ? Et quelle sera cette femme qui dirigera mon coeur ?

Dans la quiétude de la nuit, ma soeur murmure dans son sommeil le nom inconnu du dieu-feu, et mon frère appelle au loin le nom de la déesse froide et distante. Mais qui appellerai-je dans mon sommeil ? Je ne le sais.

C'est ici que je m'assieds entre mon frère le mont et ma soeur la mer. Nous trois, nous sommes un dans notre solitude, et l'amour qui nous attache ensemble est profond, puissant et étrange.

Khalil Gibran - Le grand désir
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Et j'ai appris comment s'effondrent les visages,
Sous les paupières, comment émerge l'angoisse,
Et la douleur se grave sur les tablettes des joues,
Semblables aux pages rugueuses des signes cunéiformes ;
Comment les boucles noires ou les boucles cendrées
Deviennent, en un clin d'œil, argentées,
Comment le rire se fane sur les lèvres sombres,
Et, dans un petit rire sec, comment tremble la frayeur.
Et je prie Dieu, mais ce n'est pas pour moi seulement,
Mais pour tous ceux qui partagent mon sort,
Dans le froid féroce, dans le juillet torride,
Devant le mur rouge devenu aveugle.

Anna Akhmatova - Requiem, Épilogue
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Meduse
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Le réveil
Recueil : Les solitudes (1869).

Si tu m'appartenais (faisons ce rêve étrange !), 
Je voudrais avant toi m'éveiller le matin 
Pour m'accouder longtemps près de ton sommeil d'ange, 
Egal et murmurant comme un ruisseau lointain.

J'irais à pas discrets cueillir de l'églantine, 
Et, patient, rempli d'un silence joyeux, 
J'entr'ouvrirais tes mains, qui gardent ta poitrine, 
Pour y glisser mes fleurs en te baisant les yeux.

Et tes yeux étonnés reconnaîtraient la terre 
Dans les choses où Dieu mit le plus de douceur, 
Puis tourneraient vers moi leur naissante lumière, 
Tout pleins de mon offrande et tout pleins de ton cœur.

Oh ! Comprends ce qu'il souffre et sens bien comme il aime, 
Celui qui poserait, au lever du soleil, 
Un bouquet, invisible encor, sur ton sein même, 
Pour placer ton bonheur plus près de ton réveil.

Rene-francois-sully-prudhomme
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Première Élégie de Duino de Rainer Maria RILKE

Qui donc, si je criais, parmi les cohortes des anges
m'entendrait? Et l'un d'eux quand même dût-il
me prendre soudain sur son cœur, ne m'évanouirais-je pas
sous son existence trop forte? Car le beau
n'est que ce degré du terrible qu'encore nous supportons
et nous ne l'admirons tant que parce que, impassible, il dédaigne
de nous détruire. Tout ange est terrible.
Et je me contiens donc et refoule l'appeau
de mon sanglot obscur. Hélas! qui
pourrait nous aider? Ni anges ni hommes,
et le flair des bêtes les avertit bientôt
que nous ne sommes pas très assurés
en ce monde défini. Il nous reste peut-être
un arbre, quelque part sur la pente,
que tous les jours nous puissions revoir; il nous reste
la rue d'hier et l'attachement douillet à quelque habitude du monde
qui se plaisait chez nous et qui demeura.
Oh! et la nuit, la nuit, quand le vent plein des espaces
Nous ronge la face, à qui ne resterait-elle,
tant désirée, tendrement décevante, épreuve
pour le cœur solitaire? Aux amants serait-elle
plus légère? Hélas! ils ne se cachent
que l'un à l'autre leur sort.
Ne le savais-tu pas? Hors de tes bras
lance le vide vers les espaces que nous respirons peut-être;
les oiseaux sentiront-ils l'air élargi d'un vol plus ému.

Oui, les printemps avaient besoin de toi. Maintes étoiles
voulaient être perçues. Vers toi se levait
une vague du fond du passé, ou encore,
lorsque tu passais près d'une fenêtre ouverte,
un violon s'abandonnait. Tout cela était mission.
Mais l'accomplis-tu? N'étais-tu pas toujours
distrait par l'attente, comme si tout cela t'annonçait
la venue d'une amante? (Où donc voudrais-tu l'abriter,
alors que les grandes pensées étrangères
vont et viennent chez toi, et souvent s'attardent la nuit?)
Mais si la nostalgie te gagne, chante les amantes; il est loin
d'être assez immortel, leur sentiment fameux.
Chante-les (tu les envies presque!) ces délaissées qui te parurent
tellement plus aimantes que les apaisées.
Reprends infiniment l'inaccessible hommage.
Souviens-toi que le héros reste; sa chute même n'était
pour lui qu'un prétexte pour être : suprême naissance.
Mais les amantes, la nature épuisée les reprend
en elle, comme si les forces lui manquaient
pour accomplir deux fois le même ouvrage.
T'es-tu assez souvenu de Gaspara Stampa
pour qu'une jeune fille quelconque,
délaissée par son amant, songe devant l'exemple
sublime de cette aimante : « Que ne suis-je comme elle? »
Ces souffrances lointaines, enfin, vont-elles
devenir plus fécondes? N'est-il pas temps
que ceux qui aiment se libèrent de l'objet aimé,
et le surmontent, frémissants? Ainsi le trait
vainc la corde pour être, rassemblé dans le bond,
plus que lui-même, car nulle part il n'est d'arrêt.

Des voix, des voix. Écoute, mon cœur, comme jadis
seuls les saints écoutaient, au point que l'immense appel
les soulevait du sol, mais eux restaient à genoux,
et, incroyables, n'y prenaient même pas garde,
tant ils étaient concentrés dans l'écoute.
Non que tu puisses supporter la voix de Dieu,
il s'en faut. Mais entends ce souffle :
le message incessant que forme le silence.
Une rumeur de ces morts jeunes monte vers toi.
Partout, dans les églises de Rome, de Naples, où tu entras,
ne rencontras-tu pas leur destin apaisé?
Ou bien une inscription t'apparaissait, sublime :
l'autre jour, cette stèle à Santa-Maria-Formosa…
Ce qu'ils veulent de moi? Avec douceur, je dois détacher d'eux
le semblant d'injustice qui gêne un peu,
parfois, le pur élan de leurs esprits.

Sans doute est-il étrange de n'habiter plus la terre,
de n'exercer plus des usages à peine appris,
aux roses et à tant d'autres choses, précisément prometteuses,
de n'accorder plus le sens de l'humain avenir;
ce que l'on était, entre des mains infiniment peureuses,
de ne l'être plus, et même de lâcher
notre propre nom, ainsi qu'un jouet brisé.
Étrange de ne pas désirer plus avant nos désirs,
étrange que dans l'espace tout ce qui correspondit
voltige, délié. La mort est dure, oui,
et que n'y faut-il rattraper avant
que l'on y sente un peu d'éternité! Mais les vivants
font tous l'erreur de distinguer trop bien.
Les anges (dit-on), eux, ne savent souvent point
s'ils vont parmi des vivants ou des morts. Le courant éternel
entraîne tous les âges par les deux empires.
Ici et là, sa rumeur les domine.
À tout prendre, ils n'ont plus besoin de nous, les élus de la mort précoce;
on se sèvre des choses terrestres, doucement, comme du sein
maternel on se détache en grandissant. Mais nous
qui avons besoin de mystères si grands,
pour qui l'heureux progrès si souvent naît du deuil,
sans eux pourrions-nous être?
Est-ce en vain que jadis la première musique
pour pleurer Linos osa forcer la dureté de la matière inerte?
Si bien qu'alors, dans l'espace effrayé,
que, jeune et presque dieu, il quittait pour toujours,
le vide, ébranlé, connut soudain la vibration
qui nous devint extase, réconfort, secours.
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Souvenir d'Alphonse de Lamartine

En vain le jour succède au jour,
Ils glissent sans laisser de trace ;
Dans mon âme rien ne t’efface,
Ô dernier songe de l’amour !

Je vois mes rapides années
S’accumuler derrière moi,
Comme le chêne autour de soi
Voit tomber ses feuilles fanées.

Mon front est blanchi par le temps ;
Mon sang refroidi coule à peine,
Semblable à cette onde qu’enchaîne
Le souffle glacé des autans.

Mais ta jeune et brillante image,
Que le regret vient embellir,
Dans mon sein ne saurait vieillir
Comme l’âme, elle n’a point d’âge.

Non, tu n’as pas quitté mes yeux ;
Et quand mon regard solitaire
Cessa de te voir sur la terre,
Soudain je te vis dans les cieux.

Là, tu m’apparais telle encore
Que tu fus à ce dernier jour,
Quand vers ton céleste séjour
Tu t’envolas avec l’aurore.

Ta pure et touchante beauté
Dans les cieux même t’a suivie ;
Tes yeux, où s’éteignait la vie,
Rayonnent d’immortalité !

Du zéphyr l’amoureuse haleine
Soulève encor tes longs cheveux ;
Sur ton sein leurs flots onduleux
Retombent en tresses d’ébène,

L’ombre de ce voile incertain
Adoucit encor ton image,
Comme l’aube qui se dégage
Des derniers voiles du matin.

Du soleil la céleste flamme
Avec les jours revient et fuit ;
Mais mon amour n’a pas de nuit,
Et tu luis toujours sur mon âme.

C’est toi que j’entends, que je vois,
Dans le désert, dans le nuage ;
L’onde réfléchit ton image ;
Le zéphyr m’apporte ta voix.

Tandis que la terre sommeille,
Si j’entends le vent soupirer,
Je crois t’entendre murmurer
Des mots sacrés à mon oreille.

Si j’admire ces feux épars
Qui des nuits parsèment le voile,
Je crois te voir dans chaque étoile
Qui plaît le plus à mes regards.

Et si le souffle du zéphyr
M’enivre du parfum des fleurs.
Dans ses plus suaves odeurs
C’est ton souffle que je respire.

C’est ta main qui sèche mes pleurs,
Quand je vais, triste et solitaire,
Répandre en secret ma prière
Près des autels consolateurs.

Quand je dors, tu veilles dans l’ombre ;
Tes ailes reposent sur moi ;
Tous mes songes viennent de toi,
Doux comme le regard d’une ombre.

Pendant mon sommeil, si ta main
De mes jours déliait la trame,
Céleste moitié de mon âme,
J’irais m’éveiller dans ton sein !

Comme deux rayons de l’aurore,
Comme deux soupirs confondus,
Nos deux âmes ne forment plus
Qu’une âme, et je soupire encore !
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PLEIN POUVOIR
ou possible


J’ai pris les pleins pouvoirs à la carte blanche
Où j’écris mon destin
Celui du poème de la vie du hasard
C’est écrit fatalement cela advient
Soyons raisonnable c’est arrivé
Comme j’ai raison d’être au pouvoir
Peut-être au pouvoir des cartes possibles
Plutôt qu’à la carte forcée
Tout un poème que les cartes du tendre
Les cartes du ciel les cartes marines
Avec ma ligne de vie et d’horizon
Elles se rencontrent à l’infini
Et c’est moi qui suis au bout.

Longtemps encore je dois crier dans les mondes intermédiaires
Fantastique dans le brouillard
Avec un violon
Ou bien, comme un seigneur de haut lieu
Régnant sur les prairies givrées du crépuscule
Je protégerai les champs de pureté de ces yeux
Son règne arrive
Place pour la venue de l’inconnu
Du Prince du sillage des vaisseaux perdus
Place dans tous les cœurs pour la montée du présage
Chant des morts chant des mers
Sourde rumeur au sein des ombres.

Rodanski - Des proies aux chimères
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O vénéneuse nuit

O vénéneuse nuit, reflet faussé par l'ombre !
Que reste-t-il de toi, dans nos lits séparés ?
Solitude, ô ma nuit ! par quels feux égaré
J'aborde le récif, je me souviens, je sombre...

O vénéneuse nuit, miroir menteur ! Tu dors
Avec quelle innocence, à d'autres mains offerte...
Tu laisses à l'oubli le soin des découvertes
Mon reproche est fidèle et plus long qu'un remords...

O vénéneuse nuit ! _ nuit sans poisons et pure !
Pourquoi ai-je voulu être un sombre miroir ?
L'aube, ton âme est l'aube et moi, saurai-je voir ?
Le matin fuit, j'attends, tu passes et je dure...

Arnold de Kerchove - Recueil : Le sang du silence
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Meduse
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Meduse a écrit : 30 déc. 2019, 20:09
L'intonation, le rythme, l'accent, me font terriblement penser à Jane Birkin récitant le poème de son neveu Anno :


The Tower walls at midnight burn,
With fraught desire - the rocks beneath,
Are sharp, and wet with fictions blood.
Someone leaps, the other turns ... but who is who.
Forget what you want, but
Don't forget the link that grew me.
That travels deeply,
Through me in the form of every
Thought that I think.
The Loathing and the Love,
Bubbling together at the
Brink of my emotion.
This commotion started
Long before my face was ever
Etched into the Wall of time.
I have both your madnesses inside.
I am in constant disagreement with myself.
But I cannot leave me.
You both cannot leave me,
Nor one-another, believe me!
I am the ring that won't slip off with soap.
You've broken the armies inside me,
And now they stand poised and opposed ...
Now there is blood.
Now there is love standing, covered in glory,
And honour lies covered in mud.
You and I, Ma, we built too close to the river.
Look at us washing our minds free of fever.
Brushing off bird shit and bad dreams forever.
And never once turning the tide.
Thank you for pains and concerns
That have made me, In turn more
Unhappy and kind.
I am proud to remind them of you.
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Tête de faune

Dans la feuillée, écrin vert taché d’or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l’exquise broderie,

Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.
Brunie et sanglante ainsi qu’un vin vieux,
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.

Et quand il a fui – tel qu’un écureuil –
Son rire tremble encore à chaque feuille,
Et l’on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d’or du Bois, qui se recueille.

Arthur Rimbaud
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Do not go gentle into that good night (1951), Dylan Thomas

Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day ;
Rage, rage against the dying of the light.

Though wise men at their end know dark is right,
Because their words had forked no lightning they
Do not go gentle into that good night.

Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay,
Rage, rage against the dying of the light.

Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieve it on its way,
Do not go gentle into that good night.

Grave men, near death, who see with blinding sight
Blind eyes could blaze like meteors and be gay
Rage, rage against the dying of the light.

And you, my father, there on the sad height,
Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage, rage against the dying of the light.
Traduction par Line Audin
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit,
La vieillesse devrait s’embraser, se déchaîner face au jour qui s’achève ;
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

Même si sur sa fin l’homme sage sait que l’obscurité est méritée,
Parce que ses mots n’ont fendu nul éclair il
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.

L’homme bon, près de la vague ultime, pleurant
Sur ses frêles exploits dont l’éclat aurait dansé sur une verte baie,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

L’homme insoumis qui s’empare du soleil en plein vol et le chante,
Apprenant, trop tard, qu’il l’a peiné dans sa course,
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.

L’homme grave, qui, agonisant, voit, vision aveuglante
Que l’œil aveugle pourrait flamboyer tel un météore et se réjouir,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

Et toi, mon père, là-bas sur ce triste promontoire,
Maudis-moi, bénis-moi maintenant de tes larmes de colère, je t’en supplie.
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
La lutte elle-même suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.
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LySioS a écrit : 07 janv. 2020, 20:23
Do not go gentle into that good night (1951), Dylan Thomas

Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day ;
Rage, rage against the dying of the light.

Though wise men at their end know dark is right,
Because their words had forked no lightning they
Do not go gentle into that good night.

Good men, the last wave by, crying how bright
Their frail deeds might have danced in a green bay,
Rage, rage against the dying of the light.

Wild men who caught and sang the sun in flight,
And learn, too late, they grieve it on its way,
Do not go gentle into that good night.

Grave men, near death, who see with blinding sight
Blind eyes could blaze like meteors and be gay
Rage, rage against the dying of the light.

And you, my father, there on the sad height,
Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray.
Do not go gentle into that good night.
Rage, rage against the dying of the light.
Traduction par Line Audin
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit,
La vieillesse devrait s’embraser, se déchaîner face au jour qui s’achève ;
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

Même si sur sa fin l’homme sage sait que l’obscurité est méritée,
Parce que ses mots n’ont fendu nul éclair il
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.

L’homme bon, près de la vague ultime, pleurant
Sur ses frêles exploits dont l’éclat aurait dansé sur une verte baie,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

L’homme insoumis qui s’empare du soleil en plein vol et le chante,
Apprenant, trop tard, qu’il l’a peiné dans sa course,
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.

L’homme grave, qui, agonisant, voit, vision aveuglante
Que l’œil aveugle pourrait flamboyer tel un météore et se réjouir,
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

Et toi, mon père, là-bas sur ce triste promontoire,
Maudis-moi, bénis-moi maintenant de tes larmes de colère, je t’en supplie.
N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
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Où sont maintenant le cheval et le cavalier ? Où est le cor qui sonnait ? Où sont le heaume et le haubert, et les brillants cheveux flottants ? Où sont la main sur la corde de la harpe, et le grand feu rougeoyant ? Où sont le printemps et la moisson et le blé haut croissant ? Ils ont passé comme la pluie sur la montagne, comme un vent dans les prairies, Les jours sont descendus à l'ouest dans l'ombre derrière les collines. Qui recueillera la fumée du bois mort brûlant, Ou verra les années fugitives de la Mer revenant ?

J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux (Les Deux Tours)
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Je t'aime

Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

Paul Eluard, recueil Le Phénix (1951)
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