Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l’armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l’étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace
Comme font les fruits d’or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L’amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie
— Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur —
Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
30 janvier 1915, Nîmes.
L a nuit descend
O n y pressent
U n long destin de sang
Apollinaire
Alors la Poésie est venue
- UnPetitBoutDeNous
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- Inscription : 25 juil. 2020, 23:26
It was many and many a year ago
In a kingdom by the sea
That a maiden there lived, whom you may know
By the name of Annabel Lee
And this maiden she lived with no other thought
Than to love and be loved by me.
I was a child and she was a child
In this kingdom by the sea
But we loved with a love that was more than love
I and my Annabel Lee
With a love that winged seraphs in Heaven
Coveted her and me
This was the reason that, long ago
In this kingdom by the sea
The winds blew out of a cloud, chilling
My beautiful Annabel Lee
So that her highborn kinsmen came
And bore her away from me,
To shut her up in a sepulchre
In this kingdom by the sea
The Angels, not half so happy in Heaven,
Went envying her and me
Yes! That was the reason (as all men know
In this kingdom by the sea)
That the wind came out of a cloud by night
Chilling and killing my Annabel Lee.
But our love, it was stronger by far than the love
Of those who were older than we,
Of many far wiser than we
And neither the Angels in Heaven above
Nor the demons down under the sea
Can ever dissever my soul from the soul
Of the beautiful Annabel Lee.
For the moon never beams without bringing me dreams
Of the beautiful Annabel Lee
And the stars never rise, but I feel the bright eyes
Of my beautiful Annabel Lee.
And so, all the nighttide, I lie down by the side
Of my darling! My darling, my life and my bride.
In her sepulchre, there by the sea,
In her tomb, by the side of the sea.
ANNABEL LEE
Edgar Allan Poe
In a kingdom by the sea
That a maiden there lived, whom you may know
By the name of Annabel Lee
And this maiden she lived with no other thought
Than to love and be loved by me.
I was a child and she was a child
In this kingdom by the sea
But we loved with a love that was more than love
I and my Annabel Lee
With a love that winged seraphs in Heaven
Coveted her and me
This was the reason that, long ago
In this kingdom by the sea
The winds blew out of a cloud, chilling
My beautiful Annabel Lee
So that her highborn kinsmen came
And bore her away from me,
To shut her up in a sepulchre
In this kingdom by the sea
The Angels, not half so happy in Heaven,
Went envying her and me
Yes! That was the reason (as all men know
In this kingdom by the sea)
That the wind came out of a cloud by night
Chilling and killing my Annabel Lee.
But our love, it was stronger by far than the love
Of those who were older than we,
Of many far wiser than we
And neither the Angels in Heaven above
Nor the demons down under the sea
Can ever dissever my soul from the soul
Of the beautiful Annabel Lee.
For the moon never beams without bringing me dreams
Of the beautiful Annabel Lee
And the stars never rise, but I feel the bright eyes
Of my beautiful Annabel Lee.
And so, all the nighttide, I lie down by the side
Of my darling! My darling, my life and my bride.
In her sepulchre, there by the sea,
In her tomb, by the side of the sea.
ANNABEL LEE
Edgar Allan Poe

Congé au Vent
À flancs de coteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. À l'époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement
odorante d'une fille dont les bras se sont occupés durant la journée aux fragiles branches.
Pareille à une lampe dont l'auréole de clarté serait de parfum, elle s'en va, le dos tourné au soleil couchant.
II serait sacrilège de lui adresser la parole.
L'espadrille foulant l'herbe, cédez-lui le pas du chemin.
Peut-être aurez-vous la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l'humidité de la
Nuit ?
René Char
À flancs de coteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. À l'époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement
odorante d'une fille dont les bras se sont occupés durant la journée aux fragiles branches.
Pareille à une lampe dont l'auréole de clarté serait de parfum, elle s'en va, le dos tourné au soleil couchant.
II serait sacrilège de lui adresser la parole.
L'espadrille foulant l'herbe, cédez-lui le pas du chemin.
Peut-être aurez-vous la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l'humidité de la
Nuit ?
René Char
Percy Bysshe Shelley - 1792-1822 a écrit :
On the Medusa of Leonardo Da Vinci in the Florentine Gallery
It lieth, gazing on the midnight sky, Upon the cloudy mountain peak supine; Below, far lands are seen tremblingly; Its horror and its beauty are divine. Upon its lips and eyelids seems to lie Loveliness like a shadow, from which shrine, Fiery and lurid, struggling underneath, The agonies of anguish and of death.
Yet it is less the horror than the grace Which turns the gazer's spirit into stone; Whereon the lineaments of that dead face Are graven, till the characters be grown Into itself, and thought no more can trace; 'Tis the melodious hue of beauty thrown Athwart the darkness and the glare of pain, Which humanize and harmonize the strain.
And from its head as from one body grow, As [ ] grass out of a watery rock, Hairs which are vipers, and they curl and flow And their long tangles in each other lock, And with unending involutions shew Their mailed radiance, as it were to mock The torture and the death within, and saw The solid air with many a ragged jaw.
And from a stone beside, a poisonous eft Peeps idly into those Gorgonian eyes; Whilst in the air a ghastly bat, bereft Of sense, has flitted with a mad surprise Out of the cave this hideous light had cleft, And he comes hastening like a moth that hies After a taper; and the midnight sky Flares, a light more dread than obscurity.
'Tis the tempestuous loveliness of terror; For from the serpents gleams a brazen glare Kindled by that inextricable error, Which makes a thrilling vapour of the air Become a [ ] and ever-shifting mirror Of all the beauty and the terror there— A woman's countenance, with serpent locks, Gazing in death on heaven from those wet rocks.
Ô mon très cher amour, toi mon oeuvre et que j'aime,
A jamais j'allumai le feu de ton regard,
Je t'aime comme j'aime une belle oeuvre d'art,
Une noble statue, un magique poème.
Tu seras, mon aimée, un témoin de moi-même.
Je te crée à jamais pour qu'après mon départ,
Tu transmettes mon nom aux hommes en retard
Toi, la vie et l'amour, ma gloire et mon emblème;
Et je suis soucieux de ta grande beauté
Bien plus que tu ne peux toi-même en être fière:
C'est moi qui l'ai conçue et faite tout entière.
Ainsi, belle oeuvre d'art, nos amours ont été
Et seront l'ornement du ciel et de la terre,
Ô toi, ma créature et ma divinité !
Guillaume Apollinaire
A jamais j'allumai le feu de ton regard,
Je t'aime comme j'aime une belle oeuvre d'art,
Une noble statue, un magique poème.
Tu seras, mon aimée, un témoin de moi-même.
Je te crée à jamais pour qu'après mon départ,
Tu transmettes mon nom aux hommes en retard
Toi, la vie et l'amour, ma gloire et mon emblème;
Et je suis soucieux de ta grande beauté
Bien plus que tu ne peux toi-même en être fière:
C'est moi qui l'ai conçue et faite tout entière.
Ainsi, belle oeuvre d'art, nos amours ont été
Et seront l'ornement du ciel et de la terre,
Ô toi, ma créature et ma divinité !
Guillaume Apollinaire
René-François Sully Prudhomme a écrit :
Ce qui dure
Le présent se fait vide et triste,
Ô mon amie, autour de nous ;
Combien peu de passé subsiste !
Et ceux qui restent changent tous.
Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir,
Et combien sont déjà sans vie
Des yeux qui nous ont vus grandir !
Que de jeunesse emporte l'heure,
Qui n'en rapporte jamais rien !
Pourtant quelque chose demeure :
Je t'aime avec mon cœur ancien,
Mon vrai cœur, celui qui s'attache
Et souffre depuis qu'il est né,
Mon cœur d'enfant, le cœur sans tache
Que ma mère m'avait donné ;
Ce cœur où plus rien ne pénètre,
D'où plus rien désormais ne sort ;
Je t'aime avec ce que mon être
A de plus fort contre la mort ;
Et, s'il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l'homme est tel
Que rien n'en périsse, je t'aime
Avec ce que j'ai d'immortel.
Paul Verlaine a écrit : Compagne savoureuse et bonne
À qui j'ai confié le soin
Définitif de ma personne,
Toi mon dernier, mon seul témoin,
Viens çà, chère, que je te baise,
Que je t'embrasse long et fort,
Mon coeur près de ton coeur bat d'aise
Et d'amour pour jusqu'à la mort :
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Je vais gueux comme un rat d'église
Et toi tu n'as que tes dix doigts ;
La table n'est pas souvent mise
Dans nos sous-sols et sous nos toits ;
Mais jamais notre lit ne chôme,
Toujours joyeux, toujours fêté
Et j'y suis le roi du royaume
De ta gaîté, de ta santé !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Après nos nuits d'amour robuste
Je sors de tes bras mieux trempé,
Ta riche caresse est la juste,
Sans rien de ma chair de trompé,
Ton amour répand la vaillance
Dans tout mon être, comme un vin,
Et, seule, tu sais la science
De me gonfler un coeur divin.
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Qu'importe ton passé, ma belle,
Et qu'importe, parbleu ! le mien :
Je t'aime d'un amour fidèle
Et tu ne m'as fait que du bien.
Unissons dans nos deux misères
Le pardon qu'on nous refusait
Et je t'étreins et tu me serres
Et zut au monde qui jasait !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
- suffragettes AB
- Messages : 735
- Inscription : 08 déc. 2019, 08:27
"Agir, je viens"
Poussant la porte en toi, je suis entré
Agir, je viens
Je suis là
Je te soutiens
Tu n'es plus à l'abandon
Tu n'es plus en difficulté
Ficelles déliées, tes difficultés tombent
Le cauchemar d'où tu revins hagarde n'est plus
Je t'épaule
Tu poses avec moi
Le pied sur le premier degré de l'escalier sans fin
Qui te porte
Qui te monte
Qui t'accomplit
Je t'apaise
Je fais des nappes de paix en toi
Je fais du bien à l'enfant de ton rêve
Afflux
Afflux en palmes sur le cercle des images de
l'apeurée
Afflux sur les neiges de sa pâleur
Afflux sur son âtre... et le feu s'y ranime
AGIR,
JE
VIENS
Tes pensées d'élan sont soutenues
Tes pensées d'échec sont affaiblies
J'ai ma force dans ton corps, insinuée ... et ton visage, perdant ses rides, est rafraîchi
La maladie ne trouve plus son trajet en toi
La fièvre t'abandonne
La paix des voûtes
La paix des prairies refleurissantes
La paix rentre en toi
Au nom du nombre le plus élevé, je t'aide
Comme une fumerolle
S'envole tout le pesant de dessus tes épaules
accablées
Les tètes méchantes d'autour de toi
Observatrices vipérines des misères des faibles
Ne te voient plus
Ne sont plus
Équipage de renfort
En mystère et en ligne profonde
Comme un sillage sous-marin
Comme un chant grave
Je viens
Ce chant te prend
Ce chant te soulève
Ce chant est animé de beaucoup de ruisseaux
Ce chant est nourri par un
Niagara calmé
Ce chant est tout entier pour toi
Plus de tenailles
Plus d'ombres noires
Plus de craintes
Il n'y en a plus trace
Il n'y a plus à en avoir
Où était peine, est ouate
Où était éparpillement, est soudure
Où était infection, est sang nouveau
Où étaient les verrous est l'océan ouvert
L'océan porteur et la plénitude de toi
Intacte, comme un œuf d'ivoire.
J'ai lavé le visage de ton avenir.
Henri Michaux
Poussant la porte en toi, je suis entré
Agir, je viens
Je suis là
Je te soutiens
Tu n'es plus à l'abandon
Tu n'es plus en difficulté
Ficelles déliées, tes difficultés tombent
Le cauchemar d'où tu revins hagarde n'est plus
Je t'épaule
Tu poses avec moi
Le pied sur le premier degré de l'escalier sans fin
Qui te porte
Qui te monte
Qui t'accomplit
Je t'apaise
Je fais des nappes de paix en toi
Je fais du bien à l'enfant de ton rêve
Afflux
Afflux en palmes sur le cercle des images de
l'apeurée
Afflux sur les neiges de sa pâleur
Afflux sur son âtre... et le feu s'y ranime
AGIR,
JE
VIENS
Tes pensées d'élan sont soutenues
Tes pensées d'échec sont affaiblies
J'ai ma force dans ton corps, insinuée ... et ton visage, perdant ses rides, est rafraîchi
La maladie ne trouve plus son trajet en toi
La fièvre t'abandonne
La paix des voûtes
La paix des prairies refleurissantes
La paix rentre en toi
Au nom du nombre le plus élevé, je t'aide
Comme une fumerolle
S'envole tout le pesant de dessus tes épaules
accablées
Les tètes méchantes d'autour de toi
Observatrices vipérines des misères des faibles
Ne te voient plus
Ne sont plus
Équipage de renfort
En mystère et en ligne profonde
Comme un sillage sous-marin
Comme un chant grave
Je viens
Ce chant te prend
Ce chant te soulève
Ce chant est animé de beaucoup de ruisseaux
Ce chant est nourri par un
Niagara calmé
Ce chant est tout entier pour toi
Plus de tenailles
Plus d'ombres noires
Plus de craintes
Il n'y en a plus trace
Il n'y a plus à en avoir
Où était peine, est ouate
Où était éparpillement, est soudure
Où était infection, est sang nouveau
Où étaient les verrous est l'océan ouvert
L'océan porteur et la plénitude de toi
Intacte, comme un œuf d'ivoire.
J'ai lavé le visage de ton avenir.
Henri Michaux
suffragettes AB a écrit : ↑16 janv. 2021, 00:39 "Agir, je viens"
Poussant la porte en toi, je suis entré
Agir, je viens
Je suis là
Je te soutiens
Tu n'es plus à l'abandon
Tu n'es plus en difficulté
Ficelles déliées, tes difficultés tombent
Le cauchemar d'où tu revins hagarde n'est plus
Je t'épaule
Tu poses avec moi
Le pied sur le premier degré de l'escalier sans fin
Qui te porte
Qui te monte
Qui t'accomplit
Je t'apaise
Je fais des nappes de paix en toi
Je fais du bien à l'enfant de ton rêve
Afflux
Afflux en palmes sur le cercle des images de
l'apeurée
Afflux sur les neiges de sa pâleur
Afflux sur son âtre... et le feu s'y ranime
AGIR,
JE
VIENS
Tes pensées d'élan sont soutenues
Tes pensées d'échec sont affaiblies
J'ai ma force dans ton corps, insinuée ... et ton visage, perdant ses rides, est rafraîchi
La maladie ne trouve plus son trajet en toi
La fièvre t'abandonne
La paix des voûtes
La paix des prairies refleurissantes
La paix rentre en toi
Au nom du nombre le plus élevé, je t'aide
Comme une fumerolle
S'envole tout le pesant de dessus tes épaules
accablées
Les tètes méchantes d'autour de toi
Observatrices vipérines des misères des faibles
Ne te voient plus
Ne sont plus
Équipage de renfort
En mystère et en ligne profonde
Comme un sillage sous-marin
Comme un chant grave
Je viens
Ce chant te prend
Ce chant te soulève
Ce chant est animé de beaucoup de ruisseaux
Ce chant est nourri par un
Niagara calmé
Ce chant est tout entier pour toi
Plus de tenailles
Plus d'ombres noires
Plus de craintes
Il n'y en a plus trace
Il n'y a plus à en avoir
Où était peine, est ouate
Où était éparpillement, est soudure
Où était infection, est sang nouveau
Où étaient les verrous est l'océan ouvert
L'océan porteur et la plénitude de toi
Intacte, comme un œuf d'ivoire.
J'ai lavé le visage de ton avenir.
Henri Michaux
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