Luame a écrit : ↑12 oct. 2023, 09:18
J'ai tellement peu de clés pour comprendre ce que veut dire avoir 17 ans en 2023
Je présume un peu en pensant qu'on est de la même génération et même si les parcours de vie sont forts différents, on s'est plus ou moins construits dans un même monde.
Actuellement, ca me paraît fort compliqué. Innocence et insouciance de l'enfance sont bafouées, amour et liberté semblent être devenus des termes éculés et les relations entre individus se sont tendues. Le tout baignant dans un climat apocalypto-numérique.
2023 aurait sûrement fait un bon livre de S-F, si elle n'était pas tristement réelle.
Comment on se construit là-dedans ? J'imagine effectivement qu'on est réaliste bien plus tôt et qu'on a tendance à se protéger.
Bon ça date un peu mais pour avoir dix-sept ans en 2025, voilà ma vision des choses.
Le matin tu te réveilles, certain·es ont l'angoisse d'aller en cours, d'autre juste pas la motivation, d'autres sont heureux·ses car tu vas enfin revoir tes potes fréquemment après les vacances.
Arrivé·e là-bas tu vas rejoindre les potes en question. Tu leur as un peu parler pendant les vacances entre deux séries de vidéos TikTok un peu marrantes que vous vous êtes envoyés, ya pas vraiment quelque chose de nouveau.
Durant les cours, soit t'aimes bien et ça passe, soit tu subis le temps du coup t'écris un peu dans la marge du cahier, ça peut être des chansons que t'aime bien, des pensées persos. Si tu t'ennuies et que t'as la chance d'être dans un cours où l'ordinateur est autorisé, bah tu vas passer ton heure sur insta, si t'es un peu motivé·e tu peux aussi la passer à finir tes lettres de motivations Parcoursup ou écrire un peu, au choix.
Mais globalement durant les cours, les musiques que t'écoute le plus, c'est "Jveux m'en aller", "Les cours du lycée" voire "Pillule".
Après entre deux cours, tu
la·e voies. Ça fait quelques jours que tu tapes des insomnies car vous vous parlez tout les deux jusqu'à pas d'heure. Tu sais pas si ce sera la bonne. On verra plus tard. En attendant tu lui écris des poèmes, et même si elle est pas dans un pays en guerre, t'écoutes "Telegram" en la comparant à ta Nathalia.
Puis si t'es gay, lesbiennes ou bi, t'as de la chance d'avoir des parents plus compréhensif qu'à l'époque. Et même si tu peux encore être emmerdé au lycée, tu vas plus souvent être accepté qu'à l'époque.
Le plus compliqué c'est pour les trans, globalement t'es plus compris·e qu'avant, et les gens s'en foutent, mais tu restes un peu écarté. Mais c'est pas grave, car tu as des ami·es qui sont comme toi et qui t'acceptent.
Puis si ça va pas, tu trouves des gens qui te ressemblent via les réseaux.
Une fois la journée finies, tu rentres chez toi. Tu rentres en bus, dans le train ou a pieds. Dans les deux premiers cas tu vas souvent à la gare avec tes potes, vous continuez de parler jusqu'à ce que chacun preniez votre bus/train. Durant le trajet, quand t'es solo, soit t'écoutes ta musique, soit tu vas scroller.
Ce qui est bien avec internet, c'est l'infinité de connaissances que ça t'apporte. Du coup entre deux vidéos divertissantes, tu vas tomber sur quelques choses d'intéressant, qui t'apporte un peu de culture. Ça dure que vingt minutes, mais quand t'auras regardé la vidéo tu sauras en gros la philosophie de Camus, Nietzsche, Platon. Quand t'as envie de te renseigner un minimum sur quelques chose, tu trouveras ton bonheur sur youtube.
Quand tu vas te politiser, soit tu vas chercher un peu la vérité à coup de vidéos afin d'avoir quelques notions, soit tu vas te laisser prendre par les influenceurs comme Bardella, tout autre politique qui réussi à te parler, ou une "P'tite pute". Des fois t'as des influenceurs qui vont te pousser à te renseigner, des fois c'est même des "P'tite pute".
À côté de ça, t'as une ou plusieurs passions. Moi par exemple c'est la musique, la guitare. Quand tes potes partagent pas tes compétences de musiciens, l'avantage c'est que tu peux retrouver des gens qui l'ont via les réseaux.
Le jour suivant t'es malheureux·se, t'as encore eu une peine de cœur, il ou elle est parti·e. À partir de là la vie perd de son sens. T'attends la notification de son message mais rien ne vient. La seule chose qui avait de l'importance c'était elle/lui. Tu perds ton identité, tu te rends compte que tu ne sais pas ce que tu es. Tu vois la story des autres sur les réseaux, ils/elles ont l'air tellement heureux. Pourquoi ils/elles le sont et pas moi ?
Vu que c'est pas la première fois que tu te fais rejeter tu te demandes si le problème vient pas de toi. Des fois tu te rends compte que oui, du coup tu commences à te détester, tu te rends compte que t'as des défauts, tu ne te supporte plus. Pour certain·es, tu te détestes tant que tu vas te couper les veines, te blesser, parfois même ça finie comme Lindsay.
À partir de là tu vas voir un psy. Une autre chance de notre époque c'est que c'est plus accessible qu'avant. Et que tu peux même y aller sans que tes parents ne soient au courant.
Tu déballes tout, tu commences à raconter tes problèmes. Heureusement et les psys sont là pour t'aider, et généralement ça t'aide. Tu commences à te comprendre, à voir comment tu fonctionnes. Tu commences à te connaître, et à voir qui tu es.
Tu te reprends un peu, tu te recentres sur toi. Tu apprends à être heureux·se seule. Tu t'investis dans ce qui a de l'intérêt pour toi. Pour certain·es c'est la salle de sport, d'autres la musique, d'autre encore la philosophie.
Puis le hasard fait que tu rencontres quelqu'un, et tu te rattaches à l'autre. Mais cette fois tu vas faire attention, tu as appris de tes erreurs, et tu ne blesseras plus l'être que tu aimes.
Dans ce récit il y a du vécu, ou pas. Je me suis (heureusement) jamais coupé les veines en l'occurrence ni tenté d'en finir. J'ai essayé de dresser un portrait global en restant sur ce que je connais le plus.
Après les cas de dépression c'est pas tout le monde, bien que ce soit en hausse ces dernières années. D'expérience, les gens les plus touchées par un mal-être ce sont souvent des personnes transgenres, notamment car c'est la science là-dessus est moins connue donc tu as plus de mal à te faire aider, et pour une bonne partie c'est d'abord car il y a un rejet de la part de la famille.
Voilà, voilà. Je pose ça là. Encore une fois c'est pas nécessairement représentatif de tout le monde.
J'ai aussi pas mal essayé de parler les différences avec avant. Vous avez été adolescent·es, pas la peine de parler de peine de cœur. Surtout vu la chanson à laquelle le forum fait référence.
Après on est en dehors du contexte du confinement.
Puis j'ai pas trop appuyé non plus sur les défauts d'internet mais plutôt sur les avantages. Je pense que les défauts vous les connaissez, addictions, cyber-harcèlement, vision déformée de la réalité avec les influenceurs·euses.
Car internet c'est aussi un outil qui permet de partager sa créativité, et de retrouver des gens qui nous comprennent.
J'ai trouvé quelques groupes de musique peu connu que j'aime beaucoup grâce à internet, et ça m'a beaucoup facilité l'accès à la connaissance. Puis sans internet je connaîtrai pas Damien comme je le connais aujourd'hui.
Et à côté j'ai de très bon·nes ami·es virtuel·les. J'ai rencontré des gens vraiment intéressant grâce aux réseaux.