Pour moi les deux plus beaux moments de l'album sont ceux où elle ne chante pas vraiment mais où elle fait les choeurs : la fin de la version longue de "j'ai rêvé hier soir" (ça fait plaisir de retrouver damien jouer avec les rythmes un peu electro perchés trip hop façon jours étrangers), et le plus classique thème de la fin de "tous les jeunes de mon âges", où les choeurs d'ana habillent vraiment bien les thèmes saeziens habituels. Les arrangements au piano et au violon sont usuels mais vraiment efficaces.

Pour ce qui est des textes, c'est du Saez tout craché, mais trop de reverb sur la voix, mixage très en avant un peu flouté qui dilue le sens je trouve.

Je crois bien que son jeu sur le doublage de voix à la fin de Saint martin n'est pas à l'octave mais en accord (tierce ? Quinte ? Je ne sais pas), je trouve ça dommage, on la sent pas à l'aise, alors que la chanson aurait pu être magnifique sans. Elle est tout juste trop haute pour sa tessiture, c'est pas faux mais c'est pas maitrisé. J'étais à fond dans la chanson et cet écart vocal m'en éloigne un peu.

Enfin c'est de plutôt bonne facture.

Tout est assez noir, mais assez enveloppant, y'a une direction intéressante, mais trop collé à Damien je trouve, elle ne se détache pas.

Le thème de l'orage, un délire entre new-wave, batterie straight et synthé chaud, on dirait un délire façon Odezenne, mais ça ne prend pas, pas d'envol à la fin, pas de grosse apothéose, ça laisse sur sa faim. On devine que ce morceau avoisine les swimming pool et enlève ton masque dans le délire, je suis surpris qu'ils l'aient gardé.

Bon, quoiqu'il en soit : c'est pas dégueulasse, les thèmes sont magnifiques, mais y'a rien qui m'y laissera coller. J'y rejeterai une oreille de temps en temps. Par contre je garde vraiment la seconde partie de "j'ai rêvé hier soir" : les drums, l'arrangement, la montée, les hululements d'ana entre complainte et sauvagerie, le côté progressif, c'est vraiment, vraiment bon ! Genre à 6:45, à fond sur les enceintes, ça me fout les poils et j'espère à mes voisins aussi.
A partir de ce moment là, je crois bien que c'est Damien qui fait les choeurs, ça sonne pas féminin, c'est vraiment sa patte, et ça m'étonnerait pas qu'elle l'ait voulu en clin d'oeil présent en empreinte vocal discrète quelque part sur l'album.
Où alors ce sont les mêmes réglages reverb/mixage qui donnnent cette impression, mais je ne pense pas

Assez surpris, je m'attendais au pire.

Faut dire que je l'ai trouvé beau
Ca m'arrive pas souvent
Mais faut le dire, quoi
Il était beau
Vraiment

Ce qui m'a frappé
C'était pas sa gueule
Bouffée par la boisson
C’était pas sa voix
Butée par la clope
Quand il a dit "un camel 100’s"
Qu'il a payé avec trop de pièces
Sa voix a noirci l'air autour
Comme un épais brouillard
Dont on ne revient pas

Ce qui m'a frappé
Ce n'était pas non plus
Ses fringues rapiécées
Ou ses chaussures trouées
Encore moins les huit-six
Achetées avec les clopes
Au nombre de cinq

Non
Si je l'ai trouvé beau
C'est parce que
Dans sa main
Impériale
Trônait une fleur
Une seule
Unique
Et superbe rose
Qui en valait trois mille
Et qui à elle seule
Inondait
De couleur sa misère

Pour qui ?
Pourquoi ?

Alors
Je l'ai suivi
Même quand il a ouvert sa bière
A peine sorti du commerce
Et qu'il l'a vidé
D'un coup
En rotant
Dans la rue froide

Et même cet autobus
Criant de mépris
Ne m'a pas empêché
De le suivre
Toujours
Tant il était beau

Après avoir ouvert une bière
D'un geste brutal
Tout à fait soigneusement
Il a posé la rose
Sa seule rose
Bien en équilibre
Précautionneusement
Sur le siège voisin
Comme s'il posait
Un oiseau
Un enfant
Un trésor
Et surtout pas
Comme il a posé sa bière
Bringuebalante
Et mal-en-place
Comme lui

Ses mains cherchaient ses poches
Ses poches son téléphone
Trouvèrent un vieux machin
Pas loin d'avoir son âge
A l'écran brisé
Aux touches effacées
Par sa voix trop grasse

Il l'avait sorti
Pour rien
Comme ça
Pour attendre
Il le fixait avidement
Levant juste la tête
Pour regarder par la fenêtre
S'il fallait descendre
S’il pouvait enfin descendre
Comme si le temps pressait
Puis il regardait la rose
Comme si elle allait
Disparaître
S'envoler
Flétrir
Subitement
Comme ça
"Pouf"

Après un temps
Ou deux
Ou trois ou cent
La seule chose subite
Fut son téléphone
S'éclairant tout à coup
Et j’ai vu ses yeux
Lire
Relire
Et relire
Encore
Puis j’ai cru les voir s’embrumer
Mais rapidement
La bière est venue les cacher
Pour se vider cul-sec
D’un coup
Comme ça
“Pouf”

C'est vrai qu'il était beau
C'est pour ça que j'ai eu mal
Quand il s'est levé d'un coup
Et qu'il a jeté la fleur
En même temps que son âme
Ou le peu qu’il en restait
Sur le sol mort du bus
En grommelant
Sur un autre cul-sec
"Putains..."

Sans la rose
Avec la grossièreté
La bière et tout le reste
Il était laid
Comme un arbre sans soleil

Et quand il est descendu
Il prêtait à gerber
Pourtant
Un temps avant
Il était beau
Vraiment
C'est juste le monde
Qui est dégueulasse

Les oiseaux de passage relèvent de ta citation la plus riche - Richepin plutôt que Brassens ; en tout cas c'est mon texte préféré de tous ceux que tu as cité. Quoiqu'il en soit je n'ai pas négligé les clins d'oeil, - je ne les avais pas tous, évidemment (Joe Dassin, srsly ?), mais j'en ai saisi la majorité. Toujours est-il, tant d'énergie pour attaquer un confrère, aussi perdu soit-il, et non pas pour construire.. elle mériterait d'être canalisée sur autre chose, à mon sens.

Tu as pris une béquille et l'appui de beaucoup de Grands pour attaquer un bon poète. Je serais bien curieux de voir ce que les intéressés auraient dit d'une telle cavalcade. Restent quelques questions :

A t-on vu ferré dans les manifs de l'époque ? Les critiques rapport à sa Cadillac, ses restos, on en parle ?
Que disait Gainsbourg sur les commentaratureurs ? (et je tiens à mon néologisme !)
Que dire de ce devient Renaud ? Quoi lui dire ? Est-ce qu'il faut tirer dessus à boulet rouge sous prétexte d'épuisement ?
Et j'en passe et des meilleures...

Si nous avions une table, quelques verres, j'aurais bien à t"entendre et bien à te dire, mais à l'instant de ces pauvres réseaux internautiques,

Tu n'as pas répondu à la seule question importante de notre échange.

En vrai, déjà tu commences par du Brel. Forcément derrière, faut être au niveau.

De toute façon tu sais très bien que t'as un sens rythmique, verbal. Mais y'a des passages qui déteignent clairement.

Regarde un peu c’que tu m’fais faire
Avec mon flow de macroniste.
J’suis obligé de faire du slam
Comme si le monde n’était pas assez triste.

ou encore :

"Tu sais ce qu'il faut de regret pour payer un frisson,
Ce qu'il faut de sanglot pour un air de guitare
Et surtout, ce qu'il faut en euros
Pour cet air de guitare".

bref, je vais pas faire comme sur les forums littéraires que je squatte, mais enfin ; c'est peut-être un joli clin d'oeil d'avoir repris un maximum de Brel pour te donner un cachet, pour chercher la connivence entre celui que tu secoues et ta prose, mais pour moi c'est contreproductif, on sent que tu t'appuies dessus au point d'en croire que tu es bancal, sans.

Pareil pour ta maladie - la rimenéite - t'as pris l'appui sur brel et ses orages au début, ça amène une rythmique, puis tout à coup :

je me souviens de l'ami qui t'a demandé
Mais quand ce Chef-d'oeuvre sortirait ?
Quel importun ! ça t'a vexé !
Mais mon monsieur, pour l'amour, faut payer !

Si tu prends ces trois quatrains à part de l'appui que t'as emprunté aux grands auparavant, soyons honnête toi et moi : ça dégage.

D'ailleurs directement après, puisque tu sens que tu deviens bancal avec tes rimes en é, tu reprends encore appui sur Brel, et son vieux sans être adulte, et ça remarche doucement jusqu'à ce que tu ne doives reprendre appui, etc...

D'ailleurs tu ne t'y es pas trompé : tu ne présentes pas tes lettres en quatrains, mais phrases par phrases ; c'est le flow et les appuis qui amènent cette impression de rythmique, en réalité, si on couche le texte sur le papier, qu'on cherche à le structurer comme de la poésie ou de la littérature, il ne tient pas debout.

Ou du moins il ne casse pas trois pattes à un canard. D'ailleurs, les rimes en é par la suite seront à nouveau un gage de preuve de facilité. Attends je la refais.

D'ailleurs, les rimes en é
Seront bien ta facilité !

Et puis surtout, c'est la fin, le fond, cet amalgame, tant de l'époque :
"chef de meute, petit gourou,
Dieudonné de la chanson"

Tu tires sur l'ambulance, toi même je suis sûr que tu trouves ça démesuré. Damien a ses travers, ses égos, ses torts, et moi aussi il m'énerve parfois, mais on n'est ni dans sa tête, ni dans son portefeuille, ni dans ses valeurs : si t'écoutes ses musiciens, ils sont extrêmement admiratifs (et tous !). Le vitriol, je veux bien, mais là, presque, tu te revendiquerais du formol.

Après, et j'arrête sur ça, tu sais que tu as un début de sens poétique, une capacité rythmique, un besoin de travailler ces rimes en é, cette métrique tantôt bonne tantôt hasardeuse, et je m'amène à te poser cette question : tu fais autre chose que de vandaliser la vie, les erreurs et les frasques d'autres artistes ? Tu as d'autres textes qui parlent d'autre chose que de cracher sur ceux qui t'ont surement amené ce sens de l'écriture ?

Je veux dire, plutôt que d'attaquer de pauvres bougres, est-ce que tu construis ?

T'as clairement raison, d'ailleurs je participe plus trop à ces passes d'armes, je sais pas ce qui m'a pris, j'me tire, j'ai mieux à faire, merci pour le rappel

Elie a écrit : ↑06 déc. 2023, 20:33 Vous êtes les premiers à trouver des profondeurs cachées dans ses textes, accordez moi 10% de son talent, et vous pourrez peut-être être surpris en relisant ma lettre...

Je comprendrais aisément que vous ayez autre chose à faire.

En fait, si on sort des rimes un peu pompeuses, si on oublie le fait que tu tires sur l'ambulance, ce qui ressort surtout, c'est le Dieudonné, c'est le Francis Lalanne, bref, c'est le manque de mesure. Sorti de ce que tu voudrais être du talent, en réalité, ce qui sort en fait, c'est du fiel, une bile verdâtre qui se voudrait blanche, que tu craches quoiqu'il en soit.

Y'a un jour un grand homme, avec une casquette à l'envers et un style un peu street, qu'a dit cette grande phrase : "si t'aimes pas, t'écoutes pas et puis c'est tout."

Après on peut tous aller au Louvre et écrire sous les tableaux qu'un tel aurait du boire moins, que l'autre aurait du baiser plus, que celui-ci a trop fait payer, que d'ailleurs, un banski à des millions d'euros... mais on ne le fait pas.

Ici, faudrait faire pareil. Fermer sa gueule, se tirer pour faire nos monuments et pas aller gueuler sous les églises des autres qu'on aurait voulu cathédrales comme un vieil adepte frustré .

D'ailleurs, faudrait même pas d'ici.

Hier soir
Ou était-ce le matin
Je ne sais plus
Vraiment
Quand je me suis levé
Difficilement
Comme d'habitude
Que je me suis traîné
Lourdement
Vers mon bureau
Comme d'habitude

Il y avait
Une idée noire
Sur le plafond
Au dessus
De mon bureau
Avec sa peau
Velue
Et sa forme
Globuleuse
Accrochée
Dans un coin
De mon salon

Je me suis levé
Ce matin-là
Ou était-ce un soir
Je ne sais plus
Grand chose
Sinon qu’il y avait
Une petite boule
Difforme
Avachie
Sur le blanc jauni
Du plafond
De mon salon

J'ai eu très peur
De l'idée noire
Car il se dit
Chez les bonnes gens
Qu'il faut les chasser
Les combattre
Les éradiquer
Pour le bien de tous
Et pour l'idée noire
Car
Parait-il
Les idées noires
Souffrent
Surtout
D'elles-même

Je l’ai contemplée
Ne rien faire
Au plafond
J’ai du m’empêcher
De plonger
Un peu plus profond
Dans le fond
De mon idée noire
Parce que
Parait-il
Ces idées-là
On n'en revient
Jamais vraiment

Du moins
C’est ce qu’ils disent
Chez les bonnes gens

Alors j’ai demandé
A mon idée noire
Ce qu'elle faisait là
Pourquoi elle était là
Si elle comptait
M’aider pour le loyer
Vu que moi
Je la nourrissais
Jour après jour
Je lui ai demandé
De quel droit
Elle venait
Sous mon toit
Tout faire craquer
Alors que tout
Craque déjà
Partout

En réponse
Rien
L'idée restait là
Noire
À me regarder
Droit dans les yeux

Je me suis avancé
Je l'ai prise
Entre mes mains
Bouffies
Et à ma grande surprise
Elle s'est laissé attraper
Sans rien faire d’autre
Que de peser
Encore
Un petit peu plus

J'ai voulu la sortir
Lui montrer
Qu'il reste
Des choses
Des couleurs
Des gens qui rient
Des filles qui dansent
Et des soleils
Tout comme il faut

Mais
A peine
La porte passée
Avec mon idée noire
Bien au creux de mes mains
J’ai dû la cacher
Au reste du monde
Par peur
Que les bonnes gens
Ne hurlent
Ne partent
Ou ne chassent
Mon idée noire
Au vol

Parce que
Paradoxalement
On s’y attache
A ces bêtes-là

Les idées noires
Pèsent si lourd
Qu'on n'en voit rien
Mais qu'on les sent
Tout alourdir
Partout
Et les bonnes gens
Voient bien
Que tout s’affaisse
À votre passage

Une idée noire
Ne se promène pas
C'est elle
Qui vous promène
Loin des autres

Je l'ai amenée
Sous les arbres
Voir les oiseaux
A l’océan
Je l'ai faite
Danser
Chanter
Je l'ai droguée
Battue
Embrassée
Insultée
Maudite
Condamnée
Présentée
À des amis
À des amantes
À des docteurs
A des dealers
C'est un peu la même chose
Et jamais
Jamais
Même en ouvrant
Grand mes mains
Bouffies
Jamais personne
Ne voyait
Mon idée noire
Mais bien des bonnes gens
En me regardant
M’en voulaient
Silencieusement
D’avoir rendu le monde
Tout noir
A mon tour

Vaincus
Moi et mon idée noire
On est rentrés
On a mis des siècles
A cause de mes mains
Si pleines
Si lourdes
Si noires

Alors, résigné
J'ai décidé
De la chérir
Je l'ai écoutée
Cajolée
J'ai ouvert mes mains
Bouffies
Pour la libérer
Et j'ai dis :
« Viens. Je ne te chasserai plus.
Nous sommes liés.
J'ai compris, Idée.
Puis-je t'appeler Idée ? »

Pour toute réponse
Elle a pesée
Un tout petit peu moins

Ainsi
Je l'ai posée
Doucement
Sur mon bureau
Pour lui parler
De temps en temps
Et lentement
Très lentement
Peut-être
Lui fallut-il
Un jour
Ou deux
Ou trois-cent-soixante cinq
Je ne sais plus
Vraiment
Mais
Au bout
D'un instant
D'un siècle
D'un matin
Ou d'un soir
Je ne sais plus
Elle s'est glissée
Difficilement
Sur le clavier
De mon bureau
Et elle m'a montré
Des touches

Alors
Sans réfléchir
J'ai tapé
Tapé
Tapé
Sans jamais voir
Ni relire
Ce qu'elle me faisait
Taper
Taper
Taper
Et le bruit du clavier
Faisait comme une boxe folle
Comme une guerre
Entre moi
Et d’autres choses
Tant d'autres choses
Que je ne comprenais pas
Mais qui rendaient noire
Mon amie Idée

J'ai tapé
Encore
Pendant
Un moment
Puis tout à coup
Un matin
Ou un soir
Je ne sais plus
Vraiment
Mais quand
Sans m’en apercevoir
Je me suis arrêté
Et que j'ai levé la tête
Là
Sur le bureau
Il n'y avait plus
D'idée noire

On m'avait rendu "Le Songe D'un Homme Ridicule" et il avait rejoint " Les Possédés" dans la poche intérieure de mon manteau. Ça m'a fait rire, parce que le tout faisait bien mille huit cent pages, et quand je suis rentré dans le tramway, ça faisait une bosse toute ronde au travers de ma poche, comme si je bandais du coeur. Tout le monde a levé la tête de son smartphone et m'a regardé, avec ma poitrine asymétrique de vieille amazone de la littérature. Y'a eu un moment de flottement. Comme si je portais une arme.

J'ai failli hurler "Que personne ne bouge ! J'ai du Dosto, et ça va péter ! Tout le monde à terre : c'est une criée !". Alors l'assemblée terrifiée se serait jetée au sol, puis j'aurais commencé par déclamer une longue tirade, de celles de Varvara Pétrovna par exemple, avec ses envolées toutes soviétiques, et ça aurait volé quelques instants aux gens, ça aurait tué quelques story à la con, ça aurait dégoupillé quelques valves poétiques jusque sur les murs, ça aurait amené du théâtre dans tout ce cinéma, dégueulé des gerbes de noir et de blanc au milieu de ces écrans haute-définition qui ne disent plus rien.

Mais j'ai sorti mon livre et je n'ai pas osé crier. La vieille du milieu s'est étonné que je sorte un bouquin à la place d'une bière, et au fond, elle n'avait pas tort. J'avais soif d'improvisation, j'avais soif de fête, j'avais soif de conversations enflammées et j'avais soif de rire. Ne trouvant ça que rarement, je buvais du Dosto.

Goutte à goutte.

J'ai posé mon cul sur le siège du fond et j'ai amorcé mon bouquin, seul. En quelques instants le tramway volait en éclats, le réel s'atomisait et la Russie absurde et cynique de mon vieil ami me tendait ses bras givrés. Malgré ce que nous nous dîmes (à voix basse, il est vrai), personne ne se jeta à terre. Il y avait pourtant de quoi. Tant pis ! Certains livres sont plus vivants que cent mille âmes dans les tramway.

Moi j'aime bien ce que je lis sur les rares trucs que les réseaux me laissent voir sans être inscrit. La plupart des gens sont contents. Quelques uns gueulent pour diverses raisons. Ouais parait qu'il reprend encore les 30 mêmes chansons de son répertoire.

C'est déjà un putain de miracle d'avoir trente chansons dans son répertoire. Vous en avez combien, vous ?

Cette vidéo de "à ton nom", juste au dessus, elle me parle. Le pire c'est que j'aime pas la chanson. Je l'écoute jamais. En version studio, elle me gave.

Mais savoir qu'il y a un type qu'est là, avec un public qui attend plein de choses, à la limite du clientélisme, et lui qui arrive, et qui dit presque pas un mot, et qui fait ce pour quoi il est là ; chanter ce qu'il veut, ce qui lui reste, ça ça me parle.

Et surtout, à 4:05, quand il se plante, que son corps, avec son t shirt qui dégueule, parle plus que lui même, qu'on voit qu'il vacille, qu'il se reprend, comment il rattrape le truc, et la façon dont il ponctue à la fin sans même savoir où il va, à taper des vocalises hasardeuses comme ça vient et comme ça lui sort des tripes sur l'instant, moi ça me fait du bien.

Alors évidemment contrairement à ce que j'ai lu ici, je suis sûr que le bonhomme a de nouvelles chansons, de nouvelles tueries, que l'apocalypse qu'il ne va surement jamais aboutir est pleine de nouvelles chansons qu'il aurait pu présenter ici, mais voilà : c'est peut-être du travail, c'est peut-être des frais, des trucs dont on n'a même pas idée, et même si d'un côté je suis blasé de savoir qu'un jour je n'aurais jamais accès à cette dernière composition, et bien le voir faire son métier sur scène comme lui le veut et comme lui le sent, ça me rassure.

Y'a beaucoup d'artistes qui vous parleront de l'aliénation de toujours présenter du "nouveau", de l'impeccable, du sur-mesure, à quel point tout ceci devient plus un métier de paraître plutôt que d'être, et je crois que Damien, il ne peut plus trop paraitre. Entier, le bonhomme, et basta ! comme dirait l'autre, qui ne doit pas être peu fier.

Enfin bref, j'attendais autre chose, en vrai, parce que je suis un avide ; mais voilà : un concert de trois heures, un canapé sur scène, un grand silence, des erreurs qui montrent à quel point tout ceci est bancal, dans notre époque si exigeante, si fallacieuse et si hypocrite, ça me fait du bien.

Qu'il rejoue les mêmes trucs, que ce soit moins rock que ce qu'on attendait - et on est qui pour attendre quoi que ce soit ? -, qu'il y ait un canapé et un chien au dessus de son public, qu'il picole, qu'il boite, je pensais m'en taper, et en fait aujourd'hui je me rends compte qu'il en a fait une force, une philosophie, et en vrai plus ça va et plus je trouve ça légitime.

Et bien sûr que j'ai noté et que je le crois quand il dit "parce qu'écriture chaque jour de ma vie", ça en fait des textes, ça en fait des mélodies, des bonnes et des moins bonnes, et bien que je comprenne qu'il ne veuille pas les présenter en live actuellement suite à son appel à financement, ça me ferait royalement chier de ne pas connaitre les derniers trucs qu'il a pondu et qu'il garde sous le coude pour "apocalypse", parce que bien sur que le type en a encore sous le manteau...

Toute une vie à pondre tout ce qu'on connait, et d'un coup, plus rien ? Arrête ton char...

M'enfin, je serai là le 30. Pour voir un pote jouer avec sa gratte sur un vieux canapé pourri dans une salle digne d'un zenith, devant un public habitué aux spectacles millimétrés, aux fioritures et aux artifices.

Rien que ça, je trouve que ça a de la gueule.

C'est punk, à défaut d'être rock : ça fait ce que ça veut et ça emmerde le reste.

Luame a écrit : ↑10 nov. 2023, 17:36 Quel périple !

Un truc de dingue. Dire qu'il y a des gens qui s'ennuient !

J'ai fait une légère crise de manque hier, un peu picolé un peu fatigué.

Je rentre au teum-teum, je me dis "ptin c'est ce soir, ils vont forcément donner des news", alors je regarde ici et y'a R, alors je regarde Facebook mais je suis pas inscrit alors je trouve pas de live, alors je regarde tiktok (j'ai découvert récemment qu'on pouvait chercher des trucs sans être inscrit) mais je trouve pas de live, alors je regarde Instagram mais on peut rien voir sans être inscrit, alors je reregarde ici et je me dis "ils ont du trouver un antre où ils partagent des trucs sans risquer des machins d'avocats", alors je comprends qu'il y a une partie cachée sur le forum, alors je cherche parce qu'apparemment cest dans la section profil qu'on s'inscrit, mais je comprends rien. Pendant ce temps j'actualise trois cent soixante fois le topic de la tournée, je me retrouve sur des tiktok de gamines qui chantent saez en faisant briller leur gloss, ça me déprime, alors je picole encore et au bout d'un moment je m'endors en me disant que les fans de saez ont bien changé vu qu'y'en a même pas un qui râle comme quoi il a grossi.

Ce matin au café je me dis "enfin yaura au moins une setlist ou un truc", et je me connecte, et RIEN, puis tout à coup au taff je fais les plannings pour l'équipe de lundi et la BAM : on est le 10, le concert c'est ce soir, jsuis vraiment trop con.

PS : yaura une vidéo live 8K 376 FPS dolby surround WAV 3D quelque part ? De préférence où on s'inscrit pas ?

On est sur le forum de l'ours ça fait chier de foutre du mp3 ;p

Mince je voulais vous piquer à tou.tes les trois euros que vous avez sur vos comptes, caramba ! c'est raté !

Je vais guetter comment uploader le bigniou sur le machin, histoire que vous gardiez vos deniers.

Edit : ça aime pas trop le wav, apparemment, ou alors je m'y prends mal. "Attacher une pièce jointe" depuis mon premier message ?

Edit2 : je l'ai converti et upload en mp4, mais ça me coupe une burne, le wav c'est la base, tout le reste ça fume la dynamique, déjà qu'elle n'y est pas...

Bonjour.

C'est mal joué, c'est mal "chanté", c'est mal mixé, c'est mal tout, mais c'est comme ça.

https://we.tl/t-ik66ftfkdQ

Quand vous aurez le monde, l'argent et tout le reste
Quand vous jouirez sans gloire en retournant vos vestes
Quand vous serez voûtés sur vos bureaux funestes
Quand la terre tremblera au moindre de vos gestes

Quand vous aurez l'école, la bourse et la mitraille
Quand de la République vous ferez la ripaille
Quand vous aurez tué jusqu'à la moindre bête
Quand vous serez les rois des foules d'analphabètes

Quand la veuve aura froid, quand le gosse aura faim
Quand le malade sans sous devra payer son pain
Quand il n'y aura de loi que celle des dominants
Quand mensonge et cynisme seront proéminents

Quand le sang gorgera les débris des vitrines
Quand vous étoufferez les cris dans leurs poitrines
Quand vous ferez victimes comme vous ferez coupables
Quand vos bourreaux frapperont d'un bras impitoyable

Quand vos palais affreux seront des forteresses
Quand vous écraserez les foules vengeresses
Quand vous paierez les juges, les flics et les journaux
Quand vos publicitaires iront jusqu'au porno

Quand robots et machines feront à votre gré
Quand ils seront profit, au lieu d'être progrès
Quand l'abeille et la fleur seront artificielles
Quand l'odeur de l'argent sera pestilentielle

Alors un soir d'orage, quand viendra la tempête
A vos lèvres suintera le gout de la défaite
Les mers se déchaineront, les rues seront fournaises
Un soleil de raison ravivera les braises

Et la lune et la flamme, les eaux et les étoiles
Briseront vos empires comme s'embrase une voile
Et quand la mort elle-même frappera à nos portes
Je me gausserai de vous, misérables cloportes !

Kapteyn a écrit : ↑16 juil. 2023, 15:42
C'est pour cela que j'ai employé des verbes subjectifs et qu'à la fin j'ai même précisé que ce ne sont que mes gouts.
Certaines chansons d'artistes inconnus me touchent énormément alors que je n'ai aucune idée du pourquoi du comment. Je pense qu'elles viennent au bon moment, et traversent mon histoire, ma culture etc... ou juste j'y trouve une originalité que je n'ai pas entendu ailleurs. Ou alors c'est la magie de la musique.
Par exemple j'aime beaucoup les chansons de Marie Cherrier, alors que bon, je dois bien être le seul et que je n'ai aucune idée pourquoi j'aime.


Je pense quand même que si Saez réussi à garder autant ses fans alors qu'il a un coté insupportable, qu'il ne fait aucune promo ( à part au tout début, et des broutilles après), et qu'il ne fait rien de rien, voir le contraire de ce qu'il faudrait pour séduire de nouveaux arrivant, et cela depuis plus de 23 ans, c'est que ses chansons peuvent toucher beaucoup, beaucoup de monde, et qu'il a quelque chose de spécial.

Je comprends. N'oublions pas aussi que l'époque avance et que l'accordéon qui plaisait tant hier devient une gratte avec disto. C'est ça que je voulais dire par "nous devenons de vieux cons". Prends n'importe quel jeune et demande lui ce qu'il écoute et ce qui le fait vibrer (pour peu qu'il est un potentiel émotionnel similaire au tien et que tu ne prennes pas un jeune qui a envie d'énergie, d'insouciance et de danser), tu verras qu'il trouvera dans ce tu ignores ce que tu trouves chez Saez. Y'a des gamines qui vibrent d'émotions devant l'oeuvre de Pomme comme on vibrait à l'époque sur Jours Etranges.

Et encore une fois, je tempère. Je suis désolé mais j'ai connu Saez via Mtv. Vous vous souvenez, l'époque jeune et con où il était matraqué trente fois par jour avec son bonnet à la con façon Jamiroquai ? Si Saez n'avait pas eu cette phase-là, via Universal et tout ce qu'il abhorre aujourd'hui, il n'aurait pas construit la base fidèle qu'il a eu toute sa carrière.

Il a été matraqué comme l'est Jul et compagnie aujourd'hui.

FredS a écrit : ↑15 juil. 2023, 19:19

Kwak a écrit : ↑15 juil. 2023, 18:08 Mais non, c'est juste qu'on est tous devenus de vieux cons, rien d'autre.

Non , c'est juste que la notion de respect envers les autres n'est plus la même.
Entre la génération dont les grands-parents ont connu la guerre et ont écoutés les récits terribles .. La mienne...
Et la suivante dont les grands-parents ont connus les fêtes , les drogues , mai 68 , dont les parents n'ont rien changés au système...
Puis les jeunes d'aujourd'hui qui ne savent plus rien , même pas compter jusque la fin du mois , dont le seule révolte est celle de ce mettre à poil sur internet et faire des vidéos tik&tak....
Tant de changements sur 3 générations , l'éducation , le respect des autres , la patrie , l'honneur du drapeau et de sa terre, le combat pour une société qui évolue que tout le monde dénonce mais ou si peu bouge leur fion , ou il est devenu si facile de donné un avis sur internet mais si difficile de descendre dans la rue pour donné le siens ....
Cette génération ou le groupe fait la force , l'ignorance , la fausseté , l'image de soi donnée aux autres si importante , et tant de choses futiles , ou l'on aborde une " tchic " sans respect de celui qui l'accompagne , et tant d'autres choses qui partent en cacahouetes ...

Je m'égard , et je vais me faire un paquet d'ennemi sur ce post , mais vous savez quoi , je m'en fou , derrière son écran , c'est tellement facile.
Le respect est mort. Tout comme l'éducation. Tout comme cette société qui veut le changement à tout prix, mais qui ne sait pas elle-même ce qu'elle veut.
Celle ou l'on filme plutôt que de porter secours. Celle ou un pouce bleu est important , plutot qu'un ami.

J'ai un collègue de travail qui viens de passé trois mois en prison parce qu'il à mis une branlée à sa fille de 14 ans qui à posé des photos d'elle à poil sur internet pour son petit copain , qui à partagé les photos. Il est tombé dessus et est devenus fou. La faute à qui ?
Les parents ? Les réseaux sociaux ? La société ? internet ? L'éducation ou le phénomène de société ? L'image de soi ? Faire comme les autres ?

Alors , franchement , jeune et con , vieux et fou.
Non !

Vous pensez que je suis fou , mais il y a 15 ans , je portais pantalon classique , chaussures et chemise pour aller chez mes grands -parents .
Pourquoi ?
Parce que " Mohamed " , " Ma Vieille " , aujourd'hui , 2023 , parce que " Liberté " perdue , parce que Bataclan filmé plutot que défendu , parce que "La Dame en feu" construite par nos ancêtres puis contreversée , ignorée , pour être publiée.
Parce que le respect en 2005 n'est plus le même depuis.
Parce que chaque religion prône le respect des autres , tant oublié.

Mais encore , je m'égard. Avec mes fautes d'orthographe .

Je le dit souvent, mais le respect des autres est la première règle à appliquer , et si cette règle serait appliquée , aussi bien en religion , aussi bien en concert, que dans la vie commune , il y aurait beaucoup de choses qui changent..

Alors faire son petit bordel en concert , pour soi , pour qui , face aux autres , n'as rien à voir, peut-être , ou pas.
Effet de groupe , éducation , respect des autres , alcool , seul ou tout ensemble. Vieux ou pas , qu'est-ce qui fait la différence ?
Et je le dit et le répete , la première règle d'une société organisée , c'est le respect. De soi et des autres .

Je vais me faire un paquet d'ennemi sur ce post.

Tu idéalises le passé d'une drôle de façon, à mon avis.

l'honneur du drapeau et de sa terre

Ah, l'honneur du drapeau : des passions si grandes, si nobles, qu'elles ont menées aux plus grandes époques de notre histoire. Et la patrie, allez, la patrie, et puis allez, quoi, le travail, après ?..
J'suis de brassens et de Ferré : le drapeau, je conchie, sauf peut-être s'il est rouge et noir, et encore, rouge et noir, ça reste un drapeau !
Et puis la terre, parlons-en : la propriété, bien sûr. C'est ma terre, c'était celle de mon père, et de son père avant lui ! Chez moi ! Propriété. Que se passe t-il lorsqu'il n'y a plus de terre pour tout le monde et trop d'honneur à les défendre ?...

ou il est devenu si facile de donné un avis sur internet mais si difficile de descendre dans la rue pour donné le siens ....

Oui, en effet, les gilets jaunes, les millions de manifestants contre la réforme des retraites - comme il n'y en a rarement eu depuis des lustres-, beaucoup de gens descendent encore dans les rues mais les méthodes de répression sont nouvelles. Mai 68, toutes les voitures de Paris sont retournées. Mars 2023, une vitrine s'effondre, et la propagande devenue aiguisée fait des merveilles.
Je sais pas ce que tu fais de ta vie, mais j'ai de nombreux potes, qui n'ont pas de pouces bleus, qui se battent pour la fête libre, qui risquent leurs vies en allant à Sainte-Soline, qui font des Zads, je connais nombre de retraités qui manifestent alors qu'ils ne sont pas concernés, et tu ignores sciemment toute cette masse silencieuse assez abondante pour servir un discours passéiste manichéen ma foi fort dans l'air du temps.

Ce qui ressort de ton discours semble surtout un abus de réseaux sociaux et de médias internautiques : va dans les assos, va dans les bars, sors de chez toi, tu verras qu'il y a plein de gens qui veulent que les choses bougent mais qui se heurtent à un système répressif qui n'a jamais été aussi efficace.
Et il ne tient qu'à toi de les rejoindre.

J'ai un collègue de travail qui viens de passé trois mois en prison parce qu'il à mis une branlée à sa fille de 14 ans qui à posé des photos d'elle à poil sur internet pour son petit copain , qui à partagé les photos. Il est tombé dessus et est devenus fou. La faute à qui ?
Les parents ? Les réseaux sociaux ? La société ? internet ? L'éducation ou le phénomène de société ? L'image de soi ? Faire comme les autres ?

Quel est le sens de l'exemple ? N'y a t-il pas eu par le passé des pères enfermés cause des pétages de plombs suite aux problèmes de moeurs de leurs jeunes filles en fleur ? Tout ceci ne tient qu'à de l'affect et pas à de la logique. Quelle différence entre la fille posant en maillot de bains quasi seins-nus sur une revue de 1960 et la gamine dont tu parles sur les réseaux ?

Vous pensez que je suis fou , mais il y a 15 ans , je portais pantalon classique , chaussures et chemise pour aller chez mes grands -parents .
Pourquoi ?
Parce que " Mohamed " , " Ma Vieille " , aujourd'hui , 2023 , parce que " Liberté " perdue , parce que Bataclan filmé plutot que défendu , parce que "La Dame en feu" construite par nos ancêtres puis contreversée , ignorée , pour être publiée.
Parce que le respect en 2005 n'est plus le même depuis.
Parce que chaque religion prône le respect des autres , tant oublié.

Je ne te suis plus. Quel est le rapport entre le fait que tu ailles chez tes aïeux endimanché et le fait que de pauvres citoyens à leurs fenêtre ont filmé, stupéfaits, plutôt que de sortir avec des balais pour se battre contre des kalachnikovs ?

Je le dit souvent, mais le respect des autres est la première règle à appliquer , et si cette règle serait appliquée , aussi bien en religion , aussi bien en concert, que dans la vie commune , il y aurait beaucoup de choses qui changent..

Mais en quoi la société des années 1920 était plus respectueuse qu'aujourd'hui ? Je ne sais pas de quoi tu parles : de la guerre des tranchées, de la france de vichy, des années folles avec Fréhel qui chante la drogue, la zone et l'intolérance ?
Les années 1930 enclines à l'homophobie, au racisme, celle avec les parcs touristiques à Paris et les tribus qu'on y exposait pleine place pour que le quidam sache comment les sauvages vivent ?
Les années Germinal avec le travail des enfants et le respect formidable qui va avec ?

Tu fantasmes le passé : il y a toujours eu du manque de respect, toujours eu des horreurs, il y a toujours eu des enjeux, il y a toujours eu des jeunesses décadentes, et des jeunesses constructives silencieuses ; il y a toujours eu chez les vieux cons des impressions d'apocalypse, puis des cataclysmes qui remettent les choses en phase. Relis Hugo, relis Steibeck, relis Camus.

Les enjeux d'aujourd'hui sont nos cerveaux bouffés par la propagande internautique, à l'époque, c'était de croire trop en un drapeau qui a fini ensanglanté, c'était de croire que le fait d'aller chez papi bien habillé masquait son racisme arriéré et son homophobie affichée, c'est l'oubli des ratonnades et l'omission d'à quel point les journaux distribués en pleine ville remplaçait les smartphones : pourtant les deux font baisser la tête.

M'enfin, c'est certainement rassurant, de penser comme cela. En réalité, je crois que ça permet surtout de s'isoler de l'équation. Car bien sûr, tu n'es pas un de ceux-là : toi tu as le sens du drapeau, celui du respect, toi tu décries les jeunes incapables de compter jusqu'à la fin du mois mais tu fais une faute tous les trois mots, bref, toi, tu n'es pas du monde décadent : tu es de celui avant. Comme Alice au pays des merveilles.