Dans les servitudes de nos solitudes
Nous avançons en cohorte.
Les chemins de goudrons blancs,
Sous nos pas, se dérobent.
Et dans le brouillard de nos habitudes
Nous repeignons la porte
D’une bile rouge sang.

Tes yeux tristesses comme des couteaux
Transpercent les souvenirs de nos sourires
Sous les toits de chaumes des forêts d’or.
Les étoiles sous les lunes perdues
Sèment leurs poussières, comme ce corbeau
Aux pieds des brasiers de nos ires,
Aux pieds des déceptions de nos torts.

Et pourtant la lumière brille encore
Dans ce phare oublié par le temps.
Une flamme bleue murmure dans les pierres
Écoute son chant d’amour et d’espoir :
C’est la voile d’un bateau dans un port
Vacillante sous le souffle du vent,
Aux confins du mystère des mères.

Être des mélancolies et des peurs,
Fée sauvage des forêts d’opale,
Protégeant de ses ailes cassées
Le fruit tombé d’Yggdrasil
Dans le nid de nos cœurs.
Et si la tempête libère son râle
Alors allons ensemble la dompter.

Au cavalier de mes routes,
A l’ange de mes nuits,
Au matelot de notre radeau,
Au prince des fortunes,
A l’escorte de mes doutes,
Au compagnon des insomnies,
Au père de mon joyau.

Je t’aime.